Une annonce qui aurait pu rassurer, un chiffre qui aurait pu choquer, et un patron qui persiste malgré tout. Tesla, fleuron électrique devenu machine à controverses, navigue à vue. La lecture des derniers résultats financiers donne un coup de projecteur sans filtre sur les choix d’un dirigeant de plus en plus contesté.
Résultats catastrophiques pour Tesla : le bénéfice s’effondre de 71%

Le 22 avril 2025, Tesla a dévoilé des résultats trimestriels en net recul, confirmant une tendance à la baisse amorcée depuis plusieurs mois. En pleine tourmente industrielle et boursière, le groupe dirigé par Elon Musk tente de reprendre la main… tout en assumant des décisions controversées. Ce premier trimestre 2025 jette une lumière crue sur les défis du constructeur automobile, entre chute des ventes, errances politiques et promesses d’innovation.
Tesla : les chiffres d’un revers brutal
Les résultats financiers publiés le 22 avril ont provoqué une onde de choc : le chiffre d’affaires de Tesla recule de 9 % sur un an, à 19,34 milliards de dollars (soit environ 18,14 milliards d’euros), bien en deçà des 21,43 milliards attendus par Bloomberg. L’entreprise n’avait plus connu de recul de cette ampleur depuis 2020.
Pire encore, le bénéfice net plonge de 71 %, atteignant seulement 409 millions de dollars, contre 1,39 milliard au premier trimestre 2024. Le bénéfice par action ajusté s’effondre à 0,27 dollar, contre une estimation de 0,44 dollar. Les revenus issus de la vente de véhicules sont en chute libre, avec une contraction de 20 %, à 14 milliards de dollars, selon CNBC.
Les livraisons du trimestre — 336 681 véhicules — sont en baisse de 13 % par rapport à l’an passé. À ce rythme, Tesla affiche son pire trimestre depuis 2022. Ces résultats s’expliquent par un enchaînement d’erreurs stratégiques et un contexte de plus en plus hostile.
Elon Musk, entre politique et absence : le dirigeant qui coûte cher
Alors que les chiffres s'effondraient, Elon Musk, lui, s'agitait... ailleurs. Occupé depuis des mois par ses fonctions au sein de la DOGE (Department of Government Efficiency), une commission rattachée à l’administration Trump, le PDG semble avoir délaissé les rênes de son entreprise.
Cette implication politique s’est traduite par un boycott progressif de la marque, des actes de vandalisme contre des concessions en Europe, et une image écornée chez les consommateurs modérés. Selon Le Figaro, Tesla reconnaît que les « sensibilités politiques » peuvent « affecter la demande ». Pas étonnant, après ses prises de position plutôt proches de l'extrême-droite et son désormais célèbre salut Nazi.
Lors de la conférence téléphonique du 22 avril, Musk a tenté de rectifier le tir : « À partir du mois prochain, en mai, mon temps consacré à la DOGE baissera de manière significative. » Trop tard ? L’échec est là. Et c’est Musk lui-même qui a ouvertement assumé ses arbitrages. Il a choisi d’abandonner le projet de véhicule à 25 000 dollars, pourtant jugé vital par ses cadres, pour se concentrer uniquement sur le Robotaxi.
Le fantasme Robotaxi : une obsession coûteuse d’Elon Musk
Au lieu de renouveler une gamme vieillissante, Tesla a misé gros sur une promesse : celle d’un taxi autonome bon marché, le Cybercab. Un pari risqué, voire suicidaire selon une analyse interne révélée par Electrek.
Ce document classé confidentiel, validé par plusieurs cadres (Baglino, Patel, Moravy...), affirmait que le Robotaxi n’était pas rentable à court terme, en raison de barrières réglementaires, d’une demande limitée et de coûts opérationnels élevés. Musk a écarté cette étude sans appel. « Avoir un modèle régulier à 25 000 dollars est inutile. Ce serait stupide. » Déclaration d’Elon Musk, octobre 2024, citée par Electrek.
Résultat : le Model 2, voiture abordable attendue de longue date, est abandonné. À la place, Musk impose une stratégie focalisée sur l’intelligence artificielle et les véhicules sans conducteur, avec une production pilote à Austin prévue dès juin 2025. La promesse ? Des revenus futurs issus du partage de trajets. La réalité ? Des pertes immédiates et un retard stratégique sur des rivaux comme Waymo ou BYD.
Tesla : une entreprise en crise structurelle
Au-delà des chiffres, Tesla est minée par une désorganisation stratégique, une dépendance croissante aux crédits carbone (595 millions de dollars ce trimestre) et une perte de confiance généralisée. Le titre a chuté de 41 % depuis janvier, malgré un rebond de 5 % après l’annonce du retrait partiel de Musk de ses fonctions gouvernementales. À cela s’ajoute une concurrence féroce en Chine, une désaffection en Europe, et une guerre tarifaire relancée par Trump, dont Tesla ne peut que partiellement s'extraire, malgré les propos lénifiants de son dirigeant.
L’histoire récente de Tesla est celle d’un décalage entre promesses visionnaires et réalité économique. En voulant tout miser sur l’autonomie totale et les robots-taxis, Musk a pris le risque de sacrifier le socle historique de la marque : des véhicules innovants, abordables et disponibles.
À court terme, Tesla semble piégée dans une équation intenable : maintenir sa valorisation en Bourse, séduire les investisseurs par des annonces futuristes, tout en perdant du terrain sur les ventes et la rentabilité. Reste à savoir si ce pari technologique extrême finira par payer… ou par achever une entreprise longtemps considérée comme le joyau de l’automobile électrique.