Le géant de l’automobile pourrait bientôt diversifier ses chaînes de montage. Mais cette fois, ce ne sont pas des voitures qui sortiront des usines, mais des drones, en plein cœur d’un pays en guerre.
Guerre en Ukraine : des drones « Made in Renault » bientôt assemblés sur place ?

Une annonce discrète : Renault entre en zone de guerre
C’est le 8 juin 2025 que la nouvelle a fuité dans la presse française : Renault, le constructeur automobile emblématique, envisagerait de participer à la production de drones militaires en Ukraine. L’annonce n’a pas été faite en grande pompe. Ni conférence de presse, ni communiqué triomphal. Juste quelques mots lâchés dans plusieurs médias, tous concordants, citant des sources proches des gouvernements français et ukrainien.
« Renault a été contacté par les autorités ukrainiennes pour étudier la faisabilité d’un projet de production locale de drones à usage militaire », rapporte Le Huffington Post. Une information que le constructeur lui-même n’a pas niée, se contentant d’évoquer des « discussions exploratoires en cours » dans The Defense Post, sans fournir de détails sur le type d'appareils envisagés ni sur le calendrier.
Renault et la guerre : un virage industriel à base de drones ?
Le timing n’a rien d’un hasard. Depuis plusieurs mois, le gouvernement ukrainien multiplie les appels à l’aide pour renforcer ses capacités technologiques, notamment dans le domaine des drones. Un terrain sur lequel les États-Unis et la Chine ont depuis longtemps pris une longueur d’avance, tandis que l’Europe peine à suivre. Le nom de Renault surgit comme une surprise.
Pourquoi une entreprise historiquement ancrée dans l’automobile civile serait-elle aujourd’hui pressentie pour assembler des vecteurs militaires télépilotés ? Selon Franceinfo, l’idée serait née d’une initiative conjointe entre le ministère des Armées français et les autorités ukrainiennes, qui cherchent à impliquer des industriels européens dans l’effort de guerre. « L’objectif serait de transférer du savoir-faire et de sécuriser des chaînes logistiques de proximité », précise l’article.
Mais derrière cette façade industrielle se cachent des interrogations géopolitiques majeures. Euractiv parle d’un « projet stratégique soutenu par plusieurs gouvernements européens », sans que le nom de Renault n’ait pour autant été publiquement validé par l’Élysée.
Renault n’est pas un géant de l’armement
Les détails filtrent au compte-gouttes, mais certaines informations convergent. D’après Euromaidan Press, l’implantation se situerait non loin de Lviv, à l’ouest du pays, une région relativement épargnée par les frappes russes. Les drones produits seraient destinés à des missions d’observation, de reconnaissance et de soutien logistique, bien loin des appareils de combat autonomes que fabriquent déjà les États-Unis.
Ce choix s’explique aussi par les limites techniques actuelles du groupe. « Renault n’a ni la structure ni les licences pour produire des systèmes d’armement à proprement parler », explique un analyste cité par The Moscow Times. Mais il dispose de capacités d’assemblage, d’automatisation industrielle et de logistique qui intéressent l’Ukraine. Ainsi, l’usine ne serait pas entièrement une filiale Renault, mais une coentreprise réunissant des sous-traitants locaux, des ingénieurs détachés français, et des financements européens.
Entre patriotisme industriel et course contre la montre
Ce virage soulève une question stratégique que beaucoup n’osent poser à voix haute : Renault est-il en train de devenir un acteur de l’industrie de défense européenne ? Ou s’agit-il d’un coup de communication pour redorer le blason d’un groupe confronté à la saturation du marché automobile ?
Le retard européen est criant. « On a pris du retard quand les États-Unis ou la Chine allaient de l’avant », admet une source gouvernementale dans TF1 Info. Et aujourd’hui, les industriels hexagonaux sont poussés à accélérer, souvent au mépris des traditions sectorielles.
Pour Renault, c’est aussi une manière d’affirmer sa résilience. Depuis sa sortie du marché russe, le groupe cherche de nouveaux relais de croissance. L’Ukraine pourrait représenter un pari risqué mais potentiellement rentable, à condition que les conditions de sécurité soient réunies. Une chose est sûre : le constructeur n’a pas fini de faire parler de lui.
Pour l’instant, aucun contrat n’a été signé, aucune production n’a débuté. Mais l’hypothèse prend corps. Renault, symbole du savoir-faire automobile tricolore, est peut-être en train d’ouvrir une nouvelle ère — celle des constructeurs polyfonctionnels, capables de produire aussi bien des SUV que des drones d’observation.