Le 17 avril 2025, à Washington, le Fonds monétaire international (FMI) a levé le voile sur ses prévisions mondiales dans un contexte assombri par la résurgence des tensions protectionnistes, notamment celles attisées par les droits de douane américains. Alors que le mot « récession » s’invite dans toutes les conversations économiques, l’institution reste droite dans ses bottes : la croissance ralentit, mais le monde ne plonge pas.
Récession mondiale ou pas ? Le FMI tente de rassurer

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, a ouvert les Réunions de printemps du 17 avril 2025 sur une déclaration choc : « Nos nouvelles projections de croissance seront nettement révisées à la baisse, mais nous n’y parlerons pas de récession ».
Une récession mondiale ? Le FMI alerte sans paniquer
Face à un climat mondial saturé d’incertitude et d’escalades douanières, le FMI s’efforce de ne pas agiter de chiffon rouge inutilement. En toile de fond, les décisions commerciales radicales de Donald Trump, revenu à la Maison Blanche, ont ravivé les réflexes protectionnistes. Les États-Unis ont imposé jusqu’à 145 % de droits de douane sur certains produits chinois, battant des records depuis plusieurs générations.
L’économie mondiale encaisse le choc. Les marchés financiers tanguent. Pourtant, le FMI campe sur un diagnostic sans panique : une croissance affaiblie mais pas d’effondrement généralisé. « Il y a eu des changements plutôt significatifs du contexte économique mondial », a reconnu Georgieva dans une interview, « mais ce que j’ai appris durant ma vie, c’est que la résilience finit toujours par s’imposer », relaye TV5Monde.
Récession évitée, mais la croissance mondiale rétrogradée
Le FMI n’est pas dupe. Si le spectre de la récession est repoussé, les perspectives de croissance mondiale sont rabotées de manière significative. La publication anticipée des Perspectives de l’économie mondiale annonce une révision à la baisse de 0,7 point pour 2025, avec des prévisions d’inflation revues à la hausse dans plusieurs grandes économies.
Les experts de l’institution internationale identifient plusieurs risques systémiques : volatilité accrue des marchés obligataires, recul de l’investissement privé, et affaiblissement des flux d’aide internationale. Ces éléments, combinés, accentuent la vulnérabilité des pays émergents et à faible revenu.
À cela s’ajoutent les conséquences immédiates des hausses tarifaires. Les droits de douane, explique le FMI, agissent comme des taxes régressives : ils renchérissent les intrants importés, compriment les marges des entreprises locales, et finissent par frapper les consommateurs par des hausses de prix. « Les droits de douane, comme toutes les taxes, augmentent les recettes au détriment de l’activité, qu’ils réduisent et déplacent ».
Les remèdes préconisés par le FMI pour éviter la récession
Face à ce contexte tendu, l’institution de Bretton Woods ne se contente pas d’observer : elle prescrit une batterie de remèdes. Première urgence, selon Georgieva : « mettre de l’ordre dans les finances publiques et restaurer la crédibilité budgétaire ». Le FMI exhorte les pays à renouer avec la rigueur, surtout les économies avancées lestées par des niveaux d’endettement historiques.
Autre levier fondamental : les réformes structurelles. Le FMI cible particulièrement la baisse de productivité en Europe et dans certains pays émergents. Il plaide pour une relance de la compétitivité par des investissements ciblés, une réforme des marchés du travail, et une meilleure protection des droits de propriété intellectuelle. Le message à l’Union européenne est sans détour : « L’Europe a besoin d’une union bancaire. L’Europe a besoin d’une union des marchés de capitaux. Et l’Europe a besoin de réduire les restrictions au commerce interne des services. »
La Chine est quant à elle appelée à réduire sa dépendance à l’épargne de précaution et à relancer la consommation intérieure. Les États-Unis, eux, doivent s’atteler à un chantier colossal : réduire drastiquement le déficit fédéral pour restaurer leur résilience financière.
Fragmentation mondiale : une menace ou une opportunité ?
Dans une déclaration relayée par Le Figaro, Georgieva nuance encore le regard porté sur la désintégration du système commercial mondial : « Nous ne sommes plus dans un monde où les règles peuvent être collégialement facilement tranchées mais dans un monde multipolaire, avec tout ce que cela implique ».
Ce virage vers une économie régionalisée — avec des circuits courts, une relocalisation partielle de la production, et une montée en puissance des blocs géopolitiques — pourrait selon elle être transformé en levier de résilience. Mais à une condition : qu’il soit coordonné et équitable, pour ne pas engendrer de nouvelles disparités.
Croissance mondiale : pas de récession… pour l’instant
Le FMI ne sonne pas l’alarme de la récession, mais il brandit tous les signaux d’alerte. Derrière la prudence de façade, les messages sont clairs : l’économie mondiale tangue, les politiques protectionnistes déstabilisent les circuits globaux, et les plus fragiles trinquent.
Les États ont encore les moyens de réagir, rappelle Georgieva, mais l’heure n’est plus à l’attentisme. La croissance se défend, certes. Mais dans une économie mondialisée, la récession guette.