Quartiers prioritaires : ces entrepreneures que l’économie ignore encore

Des réponses concrètes émergent pour accompagner les femmes entrepreneures, là où les dispositifs classiques restent inadaptés à leurs réalités

Photo Hawa (prise De Son Compte Twitter)
By Hawa Dramé Published on 4 juin 2025 5h00
émancipation, femme, société
Quartiers prioritaires : ces entrepreneures que l’économie ignore encore - © Economie Matin
33,1%33,1% des entreprises créées en 2024 l'ont été par des femmes.

Dans les quartiers dits « prioritaires », un phénomène discret mais structurant est à l’œuvre : la montée en puissance de femmes entrepreneures, longtemps sous-estimées par les politiques publiques comme par les acteurs économiques.

Elles représentent aujourd’hui une majorité des projets accompagnés sur le terrain. Non par effet de mode, mais par nécessité. Car ces femmes ont une ambition claire : créer de la valeur, de l’emploi, et de l’impact dans leur environnement direct. Ce sont des entrepreneures par conviction, parfois par obligation, toujours par résilience.

Le problème est structurel : les dispositifs classiques de soutien à l’entrepreneuriat ne leur sont pas adaptés. Manque de flexibilité, financements inaccessibles, réseaux fermés, absence de prise en compte des réalités de terrain – tout concourt à maintenir ces femmes à l’écart de l’écosystème économique traditionnel. L’accès à l’information, à la formation et aux premiers financements reste trop souvent conditionné à des normes et des cadres éloignés de leur quotidien. Résultat : des projets solides ne voient jamais le jour, et une énergie entrepreneuriale considérable reste à l’état latent.

Des solutions locales qui font leurs preuves

Face à cette réalité, des initiatives locales se structurent. Avec un double objectif : un accompagnement individualisé, tenant compte des contraintes spécifiques (charge mentale, temporalités familiales, isolement), et des outils financiers innovants, comme des fonds solidaires sans garantie ni intérêt. Ces solutions à bas seuil d’exigence, souples et réactives, permettent de débloquer des situations figées depuis trop longtemps. Elles lèvent des freins que les banques ou institutions traditionnelles ne savent pas traiter.

Dernièrement, un acteur majeur de l’économie française a choisi de soutenir l’un de ces dispositifs, en finançant un appel à projets dédié aux femmes de ces territoires. L’impact est immédiat : augmentation du nombre de candidatures, élargissement du profil des bénéficiaires, création de dynamiques locales. L’effet d’entraînement est réel. Mais ces avancées restent fragiles. Car sans soutien pérenne, sans reconnaissance officielle, ces actions restent cantonnées à des effets ponctuels, alors qu’il faudrait les inscrire dans une politique économique structurée.

Un vivier économique stratégique pour la France

L’enjeu dépasse la seule inclusion. Il s’agit d’un vivier économique que la France ne peut plus se permettre d’ignorer. Ces femmes ont les compétences, l’agilité et l’ancrage local pour répondre à des défis économiques et sociaux contemporains. Elles inventent déjà, souvent sans bruit, une autre manière d’entreprendre : plus sobre, plus adaptée aux besoins réels, plus utile socialement. Elles créent de la valeur, de la stabilité, de la cohésion. Et pourtant, elles restent encore trop souvent invisibles dans les grandes stratégies économiques.

Le rôle des grandes entreprises, des collectivités et des acteurs de la finance est désormais clair : sortir de la logique du mécénat symbolique et investir sérieusement dans ces parcours. Non comme une obligation morale, mais comme un choix stratégique. Car accompagner ces femmes, c’est investir dans une économie plus résiliente, plus ancrée, et plus équitable.

Photo Hawa (prise De Son Compte Twitter)

Présidente et Fondatrice de Time2Start.

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