Pourquoi le Bitcoin n’est pas la solution magique des criminels ?

Depuis son lancement en 2009, le Bitcoin a régulièrement été présenté comme l’instrument privilégié des criminels : monnaie des trafiquants sur le dark web, outil de blanchiment d’argent, vecteur de financement du terrorisme. Cette perception, largement relayée dans les médias et par certains responsables politiques, repose pourtant sur une vision partielle, voire biaisée, de la réalité. À l’heure où les cryptoactifs gagnent en légitimité, il est essentiel de démêler le fantasme des faits.

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By Partenaire Last modified on 11 juin 2025 14h00
Le bitcoin a décollé après la tentative d'assassinat de Donald Trump. Unsplash
Le bitcoin a décollé après la tentative d'assassinat de Donald Trump. Unsplash - © Economie Matin
100000 DOLLARSJeudi 8 mai 2025 le Bitcoin a franchi pour la première fois la barre symbolique des 100.000 dollars.

Une traçabilité totale, bien loin de l’anonymat

Contrairement à ce que laisse entendre la rumeur, le Bitcoin n’est pas anonyme. Il repose sur une technologie de registre distribué — la blockchain — dont la principale caractéristique est la transparence. Chaque transaction, passée ou en attente, y est enregistrée de manière immuable et publique. Il est donc possible de remonter avec précision l’historique complet des mouvements de fonds. Cette transparence facilite considérablement le travail des autorités.

Comme l’a rappelé Édouard Klein, enquêteur au sein du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) de la gendarmerie nationale, dans une dépêche de l’AEF Info en date du 25 janvier 2024 : « L’argent liquide est beaucoup plus difficile à tracer que le bitcoin. Toutes les transactions de bitcoins sont publiques et enregistrées. En ce sens, la blockchain nous avantage. »

Une part criminelle extrêmement faible

Selon le rapport 2025 de Chainalysis, les flux financiers liés à des adresses identifiées comme illicites se sont élevés à environ 51 milliards de dollars en 2024. Ce chiffre, bien qu’impressionnant en valeur absolue, ne représente que 0,14 % du volume total des transactions sur les blockchains cette année-là. Une proportion marginale, qui contredit l’idée reçue selon laquelle les cryptoactifs seraient dominés par des usages criminels.

Par ailleurs, ce n’est même plus le Bitcoin qui attire majoritairement ces flux : ce sont les stablecoins, des actifs numériques adossés à des monnaies fiat comme le dollar. Ces jetons, souvent émis par des entités centralisées, sont plus faciles à manipuler hors radar… mais aussi plus faciles à geler en cas d’enquête. Cette centralisation rend leur usage potentiellement plus risqué pour les acteurs malveillants que le Bitcoin lui-même selon le rapport Chainalysis Crypto Crime Report 2025.

Un secteur de plus en plus régulé

L’un des autres arguments forts en faveur d’une réévaluation de la relation entre Bitcoin et criminalité tient à la réglementation. Le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), entré en application dans l’Union européenne, impose désormais aux plateformes d’échange des obligations strictes de vérification de l’identité de leurs clients (KYC, pour Know Your Customer) et de surveillance des flux financiers. Ces exigences rapprochent les standards des plateformes crypto de ceux du secteur bancaire traditionnel.

En parallèle, l’émergence de produits financiers régulés comme les ETP (Exchange Traded Products) participe à l’institutionnalisation du secteur. Ces instruments, qui permettent d’investir en cryptoactifs via des canaux classiques, contribuent à ancrer davantage les cryptomonnaies dans un écosystème légal et encadré. Un bon exemple de cette institutionnalisation est proposé par etc crypto, un émetteur d’ETP qui propose une exposition régulée aux principaux actifs numériques.

Les vrais outils du crime : espèces et opacité bancaire

Il faut aussi souligner un point souvent éludé dans le débat public : les criminels préfèrent encore l’argent liquide. Les billets, une fois sortis du circuit bancaire, ne laissent aucune trace. Ils facilitent les transactions illégales, le financement des réseaux souterrains, ou encore l’évasion fiscale. En comparaison, les transactions en Bitcoin, traçables à l’infini, sont bien moins attractives pour qui veut passer inaperçu.

Dans de nombreux dossiers récents de cybercriminalité, les forces de l’ordre ont ainsi pu remonter les transferts de Bitcoin avec une précision redoutable, identifiant les portefeuilles utilisés et parfois même les personnes derrière.

Vers une reconnaissance définitive ?

Au fil des années, le Bitcoin a su se débarrasser de son image sulfureuse pour s’imposer comme une innovation financière de rupture. S’il est utilisé par certains pour des activités illégales — comme toute technologie monétaire —, son rôle est marginal par rapport à la masse globale de ses usages.

Les États, les institutions et les investisseurs ne s’y trompent pas. À mesure que la régulation progresse et que les outils de surveillance se perfectionnent, le Bitcoin apparaît de plus en plus comme un actif sérieux, sécurisé, et encadré. Il ne s’agit plus d’un objet criminel, mais d’un outil parmi d’autres, à manier avec discernement mais sans paranoïa.

2 comments on «Pourquoi le Bitcoin n’est pas la solution magique des criminels ?»

  • Dumbphone

    Enfin un article qui coupe l’herbe sous le pied à tous ceux qui racontent d’énormes idioties (permi lesquels une certaine Christine L.). Merci à son auteur 😉

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  • Dumbphone

    Enfin un article qui coupe l’herbe sous le pied à tous ceux qui racontent d’énormes idioties (permi lesquels une certaine Christine L.). Merci à son auteur 😉

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