Train à volonté : le Pass Rail s’arrête après un été en demi-teinte

Le Pass Rail, dispositif emblématique du ministère des Transports lancé pour la première fois en juillet 2024, ne sera pas reconduit en 2025. Malgré un lancement tonitruant et un objectif ambitieux de démocratiser les déplacements estivaux en train, le Pass Rail n’a pas su séduire à la hauteur des espérances.

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 24 avril 2025 8h13
Train à volonté : le Pass Rail s’arrête après un été en demi-teinte
Train à volonté : le Pass Rail s’arrête après un été en demi-teinte - © Economie Matin
235.376Sur les 700.000 Pass Rail mis en vente pour l’été 2024, seuls 235.376 ont trouvé preneur.

Le Pass Rail 2024 : un aller simple vers la déception

L’idée, sur le papier, avait de quoi séduire : un abonnement mensuel à 49 euros permettant aux jeunes de voyager sans limite sur les lignes Intercités et TER. Ni TGV ni trains de nuit n’étaient inclus dans l’offre. Financé à 80% par l’État et à 20% par les Régions, le dispositif se voulait la réponse française au Deutschlandticket allemand. Mais voilà, les prévisions se sont heurtées à un aiguillage de la réalité.

Sur les 700.000 Pass Rail mis en vente pour l’été 2024, seuls 235.376 ont trouvé preneur. Loin du raz-de-marée espéré, l’engin a patiné sur les rails de la popularité. « Le résultat final est mitigé, avec seulement un tiers de billets vendus par rapport aux prévisions », reconnaît, sans détour, le ministère des Transports. Le coût de l’opération ? 15 millions d’euros, dont une large part assumée par l’État. Un investissement jugé démesuré face à la maigre fréquentation. Et dans un contexte budgétaire où les coupes ne sont plus des rumeurs, l’offre a été purement et simplement annulée pour l’été 2025.

Pourquoi le train à volonté a déraillé

Le Pass Rail n’a pas manqué d’ambition, mais sans doute a-t-il manqué de cohérence territoriale. D’abord, l’exclusion de l’Ile-de-France – région la plus densément peuplée du pays – a amputé le projet d’un vivier important d’usagers potentiels. Ensuite, la communication gouvernementale, oscillant entre euphorie estivale et flou logistique, n’a pas aidé à la clarté du dispositif.

Les Régions, elles, n’ont pas toujours joué le jeu de manière homogène. Certaines, comme l’Auvergne-Rhône-Alpes ou l’Occitanie, disposaient déjà de pass jeunes à tarifs réduits, parfois plus compétitifs que le Pass Rail national. Pourquoi payer 49 euros pour un accès national si l’on peut voyager en illimité localement pour 25 euros ? La question mérite d’être posée.

Train à volonté : le Pass Rail s’arrête après un été en demi-teinte

La billettique n’a pas suivi non plus. Incompatibilités techniques, peu de visibilité sur les plateformes de vente et une offre partielle qui n’intégrait ni les TGV ni la plupart des trains nocturnes : la promesse d’un accès illimité ressemblait davantage à une illusion tarifaire.

En outre, la fréquentation TER étant déjà saturée dans certaines zones, l’arrivée massive de jeunes voyageurs n’était ni anticipée ni souhaitée par certains élus locaux. Et lorsque le président de Régions de France fait remarquer, en avril 2024, que le dispositif a été « lancé sans concertation suffisante », le rail des critiques est bien lancé.

Des solutions régionales qui doublent le Pass Rail sur la voie

Si le Pass Rail s’éteint, certaines Régions, elles, poursuivent leur course. L’Occitanie propose son propre Rail Tour avec des formules de deux à six jours à des tarifs avantageux. Les Pays de la Loire misent sur leur Pass Jeune Aléop à 25 euros mensuels. La Normandie, quant à elle, mise sur son Pass Découverte : deux jours d’illimité à 20 euros.

Autrement dit, les Régions n’ont pas attendu l’État pour prendre le contrôle de leur politique de mobilité. Le problème, c’est qu’à trop vouloir harmoniser sans consulter, l’État a fini par brouiller la signalisation. Patrice Vergriete, successeur de Clément Beaune au ministère des Transports, n’aura pas reconduit l’héritage de son prédécesseur. Si Clément Beaune se félicitait en 2023 de « franchir une étape historique pour la jeunesse et la transition écologique », le verdict de 2025 est sans appel : pas de seconde saison pour le Pass Rail.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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