Transports figés, paiements impossibles, métros bloqués, et des millions d’habitants coupés du monde numérique : ce lundi 28 avril, la péninsule ibérique s’est brutalement arrêtée. Si la lumière est revenue, le flou persiste. Et derrière les chiffres, ce sont des réalités très concrètes que vivent citoyens, entreprises et services publics.
Panne électrique géante : le grand bilan au lendemain de la crise
Des supermarchés en cash only. Des trains à quai. Des files d’attente devant les distributeurs. Une journée d’arrêt brutale, et des millions de gestes du quotidien rendus impossibles. On fait le point complet sur ce qu’il s’est vraiment passé.
Panne électrique : un effondrement éclair, un retour progressif
Lundi 28 avril, vers 12h30, le réseau électrique de l’Espagne et du Portugal s’effondre, sans préavis. Résultat immédiat : 60 % de la demande espagnole, soit 15 gigawatts, disparaissent en cinq secondes !
L’ensemble de la péninsule ibérique est touché : villes coupées du monde, trains, métros, feux de signalisation, aéroports, réseaux mobiles et distributeurs automatiques hors service. Même certaines zones du sud de la France, dont le Pays basque et Perpignan, sont brièvement plongées dans le noir.
Les chiffres donnent le vertige :
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Plus de 100 trains immobilisés, 35 000 passagers assistés par l’armée en Espagne
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Des métros arrêtés à Lisbonne, évacuations d’urgence
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Des hôpitaux sous générateurs, stations-service à l’arrêt, et supermarchés passés en mode cash
Le rétablissement a commencé vers 17h, selon Red Eléctrica (REE), et s’est achevé ce mardi à 99,95 % en Espagne et 100 % au Portugal, selon les gestionnaires des deux pays.
Mais pourquoi tout s’est arrêté ?
À cette heure, aucune cause officielle n’a été confirmée. Trois pistes sont explorées.
1. Un bug dans le réseau
Selon REN, le gestionnaire portugais, tout pointerait vers un « problème dans le transport de l’électricité, apparemment en Espagne ». Des « variations extrêmes de température » auraient déstabilisé certaines lignes à très haute tension, selon le premier ministre du Portugal Luis Montenegro.
2. Une cyberattaque ? Rien de prouvé
Les spéculations ont explosé sur les réseaux. Pourtant, Antonio Costa, président du Conseil européen, a assuré qu’il n’y avait « pas d’indication d’une cyberattaque à ce stade ».
L’INCIBE, l’Institut national espagnol de cybersécurité, enquête, épaulé par le Centre national de cryptologie.
Des conséquences concrètes dans la vie quotidienne
Ce black-out n’a pas été qu’un “incident”. Il a désorganisé toutes les strates du quotidien, du plus trivial au plus vital :
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Téléphones et Internet : coupés pendant des heures. À Madrid, des milliers de personnes déambulaient à la recherche d’un signal.
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Métros, ascenseurs, bus : arrêt complet. Les pompiers madrilènes ont réalisé 174 interventions pour libérer des personnes bloquées.
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Supermarchés et commerces : paiements électroniques impossibles, rupture de la chaîne du froid dans certains cas.
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Secteur médical : interventions annulées dans les hôpitaux de Madrid et Barcelone. Générateurs d’appoint activés partout.
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Aéroports : Madrid, Barcelone, Lisbonne dans le flou. Lisbonne a été le numéro 1 mondial des vols annulés lundi soir.
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Entreprises : arrêts de production dans les usines Ford (Almussafes) ou Iveco, selon El País.
Et pour couronner le tout : des milliers de voyageurs à pied ou en stop vers les aéroports, avec des pancartes de fortune dans les rues de Barcelone ou Madrid.
Une vulnérabilité énergétique assumée
Le plus inquiétant reste peut-être ce qu’a révélé cette panne : l’extrême dépendance des pays à des infrastructures interconnectées et instables.
L’Espagne a pu compter sur la France et le Maroc pour réalimenter une partie du réseau : 700 MW dès lundi soir, avec une capacité poussée à 950 MW ensuite, selon RTE.
Le Portugal, lui, n’a pas de solution de secours régionale : il dépend chaque matin de l’électricité espagnole, moins chère car produite plus tôt via le solaire. Résultat : aucune alternative de secours possible lundi.
Cette panne est un signal d’alerte. Car, selon les experts, l’Europe a déjà connu des black-outs majeurs, mais celui du 28 avril 2025 est le plus grave depuis 2006 en termes d’ampleur et d’impact humain.