Obésité : votre médecin traitant peut enfin vous prescrire des traitements

Dès le 23 juin 2025, la donne change pour des milliers de patients. Trois médicaments anti-obésité vont devenir bien plus accessibles. Sans tambour, mais avec conséquences.

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By Grégoire Hernandez Published on 20 juin 2025 15h20
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Family doctor general practitioner gynecologist prescribing medicines, health insurance with female patient during hospital appointment - © Economie Matin
17 %D’après Santé publique France, 17 % des adultes en France étaient obèses en 2022.

« Jusqu’ici, seuls certains spécialistes pouvaient initier ces traitements. À partir de lundi, ce ne sera plus le cas. »

Médicaments anti-obésité : un accès restreint, longtemps critiqué

Jusqu’à présent, la prescription initiale de trois traitements anti-obésité, à savoir Wegovy (sémaglutide), Mounjaro (tirzépatide) et Saxenda (liraglutide), était strictement réservée aux médecins spécialisés en endocrinologie, diabétologie ou nutrition. Les généralistes, eux, ne pouvaient assurer que le renouvellement des ordonnances. Une contrainte lourde pour de nombreux patients, notamment dans les zones médicalement peu pourvues, où l’accès à un spécialiste pouvait nécessiter plusieurs mois d’attente.
Ce verrou saute. Le 20 juin 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a officialisé un élargissement de la prescription : dès le 23 juin, tout médecin pourra désormais initier ces traitements, pas seulement les spécialistes. Cette mesure, souligne l’agence, vise à « faciliter un accès plus équitable à ces traitements, disponibles uniquement sur ordonnance ».

Les médicaments concernés appartiennent à la famille des analogues du GLP-1 (Glucagon-Like Peptide 1). Il s’agit d’une hormone naturelle, sécrétée par l’intestin après un repas. Elle stimule la production d’insuline et agit sur le cerveau pour réguler la faim. En imitant cette hormone, les traitements comme le Wegovy ou le Mounjaro réduisent la sensation d’appétit, ce qui favorise une perte de poids significative.
Ces médicaments sont toutefois réservés à un usage bien encadré. L’ANSM rappelle qu’il s’agit de traitements de seconde intention : ils ne doivent être prescrits qu’après l’échec d’une prise en charge nutritionnelle classique, et toujours en association avec un régime hypocalorique et une activité physique. Les prescriptions à des fins esthétiques, chez des personnes sans problème de surpoids, restent strictement interdites, en raison des effets secondaires parfois graves.

Un geste attendu, mais toujours très encadré

Ce changement n’arrive pas par hasard. Dès fin mai 2025, l’ANSM avait indiqué qu’un assouplissement était à l’étude. Le gouvernement lui-même avait exprimé sa volonté de rendre ces traitements plus accessibles, alors que l’obésité progresse rapidement dans l’Hexagone. D’après Santé publique France, 17 % des adultes en France étaient obèses en 2022.
La décision du 20 juin acte donc un tournant. L’agence précise toutefois qu’elle maintiendra une vigilance élevée quant à l’utilisation des analogues GLP-1 : une surveillance renforcée et continue est prévue, notamment pour détecter tout usage inapproprié ou détourné.

Concrètement, la mesure ouvre la possibilité à plus de 100 000 médecins généralistes d’initier ces traitements. Mais cela ne signifie pas que ces médicaments deviendront banals ou systématiques. La surveillance médicale reste stricte, et les indications ne changent pas. L’idée n’est pas de prescrire ces molécules à tout-va, mais de réduire les délais d’accès pour les patients réellement concernés.
C’est un changement structurel, mais qui appelle à la prudence. Comme le souligne le communiqué de l’ANSM, ces traitements ne sont ni anodins, ni destinés à toutes les personnes souhaitant perdre du poids : « Ces usages inappropriés peuvent exposer à des effets indésirables parfois graves ».

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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