Médicaments et tiers-payant : la carte vitale sera obligatoire

Depuis peu, un changement discret mais décisif est en train de transformer l’accès aux médicaments en pharmacie. Il s’agit d’un simple réflexe administratif, exigé désormais de tous les assurés. Mais derrière cette formalité apparente, se cache une profonde volonté de sécurisation du système de santé.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 19 juin 2025 6h20
carte-vitale-obligation-pharmacie-tiers-payant-fraude-assurance-maladie
carte-vitale-obligation-pharmacie-tiers-payant-fraude-assurance-maladie - © Economie Matin
65%L'amoxicilline est remboursée à 65% par l'Assurance maladie.

L’obligation de présentation de la carte Vitale entre en vigueur

Depuis le 17 juin 2025, toute personne souhaitant bénéficier du tiers payant devra impérativement présenter sa carte Vitale en pharmacie. Cette nouvelle exigence, annoncée par la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), vise à lutter contre la fraude, à renforcer la traçabilité des soins et à garantir une délivrance sécurisée des médicaments sensibles.

La mesure s’applique à tous les assurés, qu’ils utilisent la carte physique ou sa version dématérialisée via l’application mobile. En cas d’oubli, l’avance des frais sera obligatoire, sauf dans des cas très encadrés.

Sécuriser la délivrance des médicaments avec la carte vitale

Derrière cette obligation se cache une double ambition : réduire les fraudes et mieux encadrer les prescriptions les plus sensibles. L’Assurance Maladie précise dans son communiqué : « Afin de favoriser le bon usage du système de santé, de sécuriser davantage la délivrance de médicaments sensibles et/ou coûteux, de limiter la fraude et d’améliorer la traçabilité du parcours de soins, il sera désormais obligatoire de présenter sa carte Vitale en pharmacie pour bénéficier d’une prise en charge. »

Les médicaments visés sont ceux considérés comme à risque ou onéreux : stupéfiants, antidiabétiques, ou traitements dépassant 300 euros TTC par boîte. La délivrance sans carte ne sera possible qu’à titre exceptionnel, notamment « pour des nourrissons de moins de 3 mois ou encore dans le cadre d’un séjour en EHPAD », précise le texte officiel. Quant aux bénéficiaires de l’AME (Aide médicale de l’État), ils devront désormais présenter leur carte AME.

Un cadre conventionnel pour prévenir les abus sur le tiers-payant

Ce renforcement réglementaire trouve son fondement dans l’avenant n°1 à la convention pharmaceutique, plus précisément son article 11. L’objectif affiché est clair : « réduire les facturations non sécurisées, de plus en plus fréquentes », selon l’Assurance Maladie. Cette initiative s’inscrit aussi dans la continuité de la campagne nationale de 2023, intitulée « Bon usage du système, notre système c’est aussi à chacun d’en prendre soin ». Selon une enquête BVA évoquée dans le communiqué, 9 Français sur 10 jugeaient déjà cette campagne utile.

Le dispositif bénéficie du soutien explicite des plus hautes autorités sanitaires. Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, déclare : « Se soigner, c’est aussi agir avec responsabilité. Chacun a un rôle à jouer dans la préservation de notre système de santé. Présenter sa carte Vitale en pharmacie, c’est un geste simple mais essentiel pour un accès équitable, rapide et sécurisé aux soins et pour lutter fermement contre les abus. »

De son côté, Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam, insiste sur la portée technico-sanitaire de cette carte : « La carte Vitale – qu’elle soit physique ou dématérialisée – est un outil essentiel pour garantir la prise en charge rapide des soins et pour faciliter les remboursements. Elle permet par ailleurs un meilleur suivi du patient par les professionnels de santé grâce à l’accès à son Dossier Médical Partagé. »

Carte Vitale : un geste devenu incontournable à la pharmacie

Dès aujourd’hui, des affiches explicatives sont mises à disposition dans les officines. Elles visent à accompagner les usagers dans cette transition, en soulignant que l’oubli de la carte pourra entraîner un refus du tiers payant pour certains médicaments.

Ce changement, bien que simple en apparence, marque une rupture systémique : il transforme la carte Vitale en pivot d’un système de santé plus sûr, plus contrôlé, mais aussi plus contraignant pour les assurés.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «Médicaments et tiers-payant : la carte vitale sera obligatoire»

Leave a comment

* Required fields