Les pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine ne sont pas qu’une affaire diplomatique lointaine : ils ont des conséquences concrètes sur la vie des Français. Prix de l’énergie, du blé, du carburant, budget militaire, inflation… tout est lié. En dépit de l’absence de Vladimir Poutine, si les discussions d’Istanbul portant sur la guerre en Ukraine se poursuivent et aboutissent, c’est peut-être votre facture de gaz, votre caddie ou votre taux de crédit qui en ressentiront les premiers effets.
Négociations sans Vladimir Poutine : l’économie française reste dans l’incertitude

Le 15 mai 2025, des délégations russes et ukrainiennes se sont retrouvées à Istanbul pour relancer des négociations directes. Si l’absence de Vladimir Poutine et de Donald Trump a tempéré les attentes politiques, une question centrale subsiste pour les Français : et si cette paix tant attendue pouvait enfin soulager leur portefeuille ? Car depuis février 2022, la guerre en Ukraine a des conséquences concrètes sur le quotidien en France. Prix de l’énergie, alimentation, impôts, budget de l’État... chaque citoyen ressent les effets de ce conflit. Les pourparlers d’Istanbul pourraient amorcer une inflexion. Voici pourquoi.
Une désescalade reportée par l'absence de Vladimir Poutine
L’absence du président russe aux pourparlers d’Istanbul, alors même qu’il en était à l’origine, a été confirmée par le Kremlin le 14 mai. À sa place, une délégation technique a été envoyée, chargée de « discussions préliminaires ». Pour les observateurs, cela signifie surtout l'absence de mandat politique clair pour entamer un processus de paix solide.
Or sans impulsion présidentielle, les marchés restent prudents. Sur les places financières européennes, les cours des matières premières énergétiques sont restés stables mais tendus : le gaz naturel européen se maintient autour de 33 euros/MWh, contre 20 à 25 euros en période normale. Le conflit en Ukraine reste ainsi un facteur majeur d’instabilité économique mondiale, et son éventuelle résolution, une condition essentielle pour le retour à une inflation plus modérée.
L’énergie, première victime collatérale du conflit
Depuis le début de la guerre, les prix de l’énergie en France ont connu une volatilité historique. En 2022, le prix du gaz avait bondi de plus de 80 % sur le marché européen, avant de redescendre progressivement. En mai 2025, les tarifs restent supérieurs de 30 à 40 % aux niveaux de 2021. L’électricité, indexée en partie sur le gaz, a suivi la même tendance.
Les tensions géopolitiques ont perturbé les approvisionnements, favorisé la spéculation et contraint les États européens à diversifier en urgence leurs sources d’importation. Résultat : les boucliers tarifaires ont coûté près de 110 milliards d’euros aux États membres, dont 36 milliards pour la France depuis 2022.
Une désescalade militaire pourrait apaiser les marchés, faire baisser le prix des contrats à terme sur le gaz et alléger le coût de l’énergie pour les ménages comme pour les entreprises. À Istanbul, l’absence de Vladimir Poutine a figé les perspectives, mais un véritable cessez-le-feu relancerait la confiance.
Alimentation : la facture reste salée
L’Ukraine et la Russie représentent à eux deux près de 30 % des exportations mondiales de blé. Le conflit a désorganisé les chaînes logistiques et fait grimper les prix des céréales et des engrais. En France, le prix moyen des produits alimentaires a augmenté de 21 % entre février 2022 et avril 2025, selon l’INSEE.
Pour les ménages modestes, c’est un coup dur : le panier moyen a progressé de 53 euros par mois pour une famille avec deux enfants. La guerre a aussi provoqué une hausse des prix des produits laitiers, des huiles et des viandes, tous liés aux matières premières agricoles.
Les négociations de paix pourraient, malgré l'absence de Vladimir Poutine et en cas de succès, rétablir progressivement les flux céréaliers via la mer Noire et apaiser les tensions sur les marchés mondiaux. Cela se traduirait par une stabilisation, voire une baisse des prix à la consommation dans les mois suivant un accord.
Le budget de l’État français sous pression militaire
Le soutien de la France à l’Ukraine s’est traduit par une augmentation de son budget défense, mais aussi par des aides financières, humanitaires et logistiques. Depuis 2022, Paris a consacré plus de 4,2 milliards d’euros à l’effort ukrainien, selon les données compilées par l’IFRI. Un engagement qui n'a pas toujours plu à Vladimir Poutine, qui a alerté à plusieurs reprises sur le risque, pour la France, de devenir co-belligérant.
Cette mobilisation a un coût. Le budget 2025 du ministère des Armées a été relevé à 47,9 milliards d’euros, soit un bond de 6,7 % par rapport à 2024. Dans un contexte d’endettement croissant et de besoin de financement des services publics, chaque euro affecté à la guerre est un euro non investi ailleurs.
Une désescalade voulue par Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine permettrait de geler ou ralentir cette trajectoire militaire, et à moyen terme, de réorienter une partie des ressources vers l’éducation, la santé ou la transition énergétique. La paix ne signifie pas retrait immédiat, mais elle donne de l’air budgétaire.
L’inflation : la variable clé pour le pouvoir d’achat
Entre 2022 et 2023, l’inflation annuelle en France a atteint un pic de 5,9 %, du jamais-vu depuis les années 1980. En 2024 et 2025, elle s’est stabilisée autour de 3,5 %, mais reste au-dessus de la cible de la Banque centrale européenne.
Une stabilisation durable du front, puis une paix négociée entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, pourraient faire baisser l’inflation sous les 2,5 % d’ici 2026, selon plusieurs projections économiques, soulageant le pouvoir d’achat et réduisant la pression sur la BCE pour maintenir des taux d’intérêt élevés.