Le groupe NSO, créateur du logiciel espion Pegasus, vient d’écoper d’une amende de près de 168 millions de dollars. Une décision de justice à forte portée économique et symbolique, due à la ténacité de Meta. Apple, initialement engagé dans une procédure similaire, a choisi de se retirer discrètement du combat judiciaire.
Pegasus : Meta réussit à faire condamner NSO pour espionnage

Une sanction financière historique contre NSO
C’est une décision qui marque un tournant dans l’univers des technologies de surveillance : la société NSO Group, accusée d’avoir conçu et commercialisé le logiciel espion Pegasus, a été condamnée à verser au total plus de 167 millions de dollars de dommages punitifs, assortis de 445.000 dollars de réparation. Ces sommes astronomiques constituent un coup dur pour l’entreprise israélienne, dont le modèle économique repose sur la vente de technologies intrusives à des États clients.
Ce jugement intervient après plusieurs années de procédure lancée par Meta en 2019. À l’époque, la maison mère de WhatsApp avait découvert que Pegasus exploitait des failles de sécurité dans iOS et Android pour infiltrer les téléphones de personnalités ciblées. Parmi les victimes : des journalistes, des militants et des responsables politiques de haut rang. Meta a choisi de répondre par la voie juridique, avec une persévérance qui vient de porter ses fruits.
Apple renonce, Meta encaisse la victoire
La stratégie de Meta contraste avec celle d’Apple. En 2021, la firme de Cupertino avait pourtant déposé plainte contre NSO, accusant Pegasus d’avoir visé ses utilisateurs via l’application Messages. Mais en 2023, sans communiquer publiquement, Apple a demandé le retrait de sa plainte, invoquant l’impossibilité d’obtenir des éléments clés pour faire avancer le dossier. Ce retrait a laissé le champ libre à Meta, seul acteur majeur à maintenir la pression judiciaire.
Au lieu de prolonger l’affrontement juridique, Apple a préféré investir dans des mesures techniques : amélioration de la sécurité d’iOS, lancement d’un "mode d’isolement" pour les utilisateurs à haut risque, et alertes en cas de détection d'intrusion suspecte. Si cette réponse protège ses clients à court terme, elle ne remet pas en cause le modèle économique des entreprises comme NSO.
De son côté, NSO continue d'affirmer que Pegasus est utilisé uniquement dans des contextes de lutte contre le terrorisme. Mais les révélations sur ses clients – dont l’Arabie Saoudite, le Mexique ou encore l’Ouzbékistan – affaiblissent cet argument. Alors que les autorités israéliennes ont récemment mené une descente dans les locaux de NSO, soupçonnant la destruction de documents sensibles, l’entreprise fait face à une crise de réputation... et désormais à une crise financière.