Maison connectée : les Français séduits mais encore freinés par le coût

Une maison où chaque geste se pilote du bout des doigts, où la lumière obéit à la voix et où les radiateurs dialoguent avec la météo : une utopie futuriste ? Pas si sûr. En France, la domotique, ou plus simplement la maison connectée, ne cesse de gagner du terrain, mais entre désir et réalité, le fossé reste tangible.

By Alix de Bonnières Published on 4 mai 2025 14h00
maison connectée
Maison connectée : les Français séduits mais encore freinés par le coût - © Economie Matin
9090% des 18-35 ans possèdent aujourd'hui au moins un objet connecté.

Le 29 avril 2025, Rothelec, entreprise alsacienne spécialisée dans le chauffage électrique, publiait les résultats de deux vastes enquêtes réalisées en 2022 et 2025. L’objectif ? Mesurer l’évolution du rapport des Français à la domotique. Résultat : la maison connectée fascine toujours plus... mais elle reste perçue comme un luxe difficilement atteignable. Un paradoxe révélateur d’une société en quête de confort et d’économies, mais freinée par des considérations économiques et sécuritaires.

La maison connectée : un rêve qui séduit de plus en plus de foyers

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2025, 65 % des Français affirment vouloir vivre dans une maison entièrement connectée, contre 63 % en 2022. Mieux encore, 90 % des 18-35 ans possèdent aujourd’hui au moins un objet connecté, un bond spectaculaire par rapport à 2022 où les plus de 50 ans dominaient le marché avec 82 % d’équipements.

La domotique ne se limite plus à quelques gadgets de confort. Elle devient un réflexe, un marqueur générationnel. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’engouement ne se limite pas aux citadins : les ménages ruraux, confrontés à la hausse des coûts énergétiques, s’y intéressent de plus en plus pour rationaliser leur consommation.

Objets, économie et confort : quand la technologie s’invite dans les habitudes

Pourquoi ce rêve de maison connectée fascine-t-il autant ? L’économie d’énergie arrive en tête des motivations, citée par 81 % des répondants en 2025, contre 59 % en 2022. À cela s’ajoute une forte appétence pour la sécurité (77 %), le confort (63 %) et le gain de temps (53 %).

Les fonctions plébiscitées n’ont guère changé : la gestion de la température reste en tête avec 67 % d’intérêt, suivie de près par l’éclairage intelligent (65 %) et la surveillance (64 %). Cette constance démontre une maturité du marché, où les utilisateurs savent précisément ce qu’ils attendent de leurs équipements.

D’ailleurs, la maison connectée est souvent perçue comme un assistant de vie : anticiper les besoins, simplifier les tâches, réguler les consommations. Un idéal qui, selon Rothelec, repose sur des solutions « faciles d’utilisation, capables de maintenir la température d’une pièce à 0,1°C près », comme le précise leur site officiel.

Le prix, ce grand saboteur du progrès technologique

Mais alors, pourquoi cette promesse ne se concrétise-t-elle pas dans tous les foyers ? Une réponse suffit : le coût.

En 2025, 84 % des Français estiment que le prix reste un frein majeur à l’achat, contre 61 % trois ans plus tôt. Une progression préoccupante, qui traduit une tension croissante entre aspirations technologiques et réalité budgétaire. Dans les faits, seuls 49 % des consommateurs sont prêts à investir plus de 100 euros pour une meilleure maison connectée, en recul de huit points.

Autre obstacle : la sécurité des données. Le spectre du piratage numérique inquiète 74 % des sondés, tandis que la complexité d’installation bien qu’en baisse (64 % contre 75 % en 2022) continue de susciter des réserves.

Les industriels ont pourtant fait des efforts pour simplifier les interfaces, mais l’image d’un dispositif complexe, coûteux et vulnérable demeure. Comme souvent, le progrès technique précède le progrès social et culturel.

Des Français tiraillés entre fascination technologique et scepticisme résiduel

En creux, les enquêtes révèlent une évolution subtile des mentalités. Si les « anti » passent de 32 % à 27 %, les « indécis » progressent de 5 % à 8 %. Un glissement révélateur d’un questionnement collectif : la maison connectée est-elle un gadget ou une nécessité ? Est-elle un luxe ou un investissement rationnel ? Les réponses varient selon les âges, les revenus, les priorités.

Chez Rothelec, on continue de miser sur l’avenir électrique : « Les performances révolutionnaires vous attendent. Faites le choix d’une énergie compétitive, ultra performante et propre », proclame leur site. Reste à savoir si les ménages français pourront suivre cette ambition dans un contexte économique tendu.

No comment on «Maison connectée : les Français séduits mais encore freinés par le coût»

Leave a comment

* Required fields