Une chute de 3 % sur les ventes comparables, un coup de mou aux États-Unis, un leader bousculé dans ses bastions : LVMH n’entame 2025 de la meilleure des manières, et la Bourse ne lui pardonne pas.
Luxe : LVMH déçoit la Bourse, le titre s’écroule
Sous l’armure du numéro un mondial du luxe, les failles commencent à apparaître.
Malgré un statut inégalé, LVMH vient de publier des résultats qui laissent perplexes, bien loin de l’assurance habituelle du groupe. Une première alerte sérieuse pour Bernard Arnault ?
LVMH à contre-courant des attentes
Le verdict est tombé ce 14 avril, à la clôture des marchés : le chiffre d’affaires de LVMH au premier trimestre 2025 s’élève à 20,311 milliards d’euros, soit une baisse de 2 % en données publiées et de 3 % en données comparables. C’est un coup dur, surtout quand on se souvient que les analystes attendaient une progression de 2 %, selon un consensus Visible Alpha cité par Reuters.
Ce repli contraste avec la légère hausse de 1 % enregistrée au dernier trimestre 2024, et marque une véritable rupture de dynamique. Cette dégradation séquentielle, pourtant redoutée par certains observateurs, n’en reste pas moins un signal fort : même le leader absolu du luxe n’est plus intouchable.
La division phare du groupe, la mode et la maroquinerie, recule de 5 % en données comparables. Un camouflet, quand on sait que cette activité pèse près de la moitié des revenus du groupe. Certes, la comparaison avec un premier trimestre 2024 particulièrement solide, dopé par les achats japonais, n’aide pas. Mais la chute est nette.
Les autres branches ne sauvent pas la mise : les parfums et cosmétiques stagnent (-1 %), la montre et joaillerie est stable, et même Sephora, toutefois en croissance sur le terrain, flanche légèrement du côté du e-commerce. En cause ? Une guerre des prix sur les plateformes, que LVMH refuse de suivre. « Nous essayons d’éviter cette technique », a reconnu Cécile Cabanis, directrice financière du groupe.
Quant aux vins et spiritueux, le plongeon atteint 9 %. La demande fléchit en Chine comme aux États-Unis. Le cognac, fleuron de Moët Hennessy, est particulièrement touché. Le Champagne aussi ralentit, malgré le retour de Moët & Chandon en Formule 1 sur le podium.
Le coup de froid américain
Les États-Unis, deuxième marché du groupe, affichent une baisse de 3 % au premier trimestre, contre une croissance équivalente trois mois plus tôt. LVMH évoque dans un communiqué « une légère baisse malgré une bonne performance en mode et maroquinerie, et en montres et joaillerie ». Mais l’ambiance n’est pas à l’euphorie.
La guerre commerciale relancée par Donald Trump, avec les droits de douane sur les produits européens, plombe les perspectives. Même si certains tarifs ont été suspendus, le climat d’incertitude dissuade les acheteurs. L'analyste Bernstein résume la situation dans une note : « Ce qui nous préoccupe, ce sont les effets de deuxième et de troisième ordre : l'incertitude, le récent crash boursier, la dévaluation du dollar et la menace d'une récession mondiale ».
Heureusement, l’Europe résiste, avec des ventes toujours en progression à données comparables. Mais cela ne suffit pas à compenser le repli du Japon, et l’atonie persistante en Chine. Malgré les espérances autour du Nouvel An chinois, la consommation ne redémarre pas. Ce sont là les deux leviers clés de la croissance du luxe mondial qui se grippent simultanément.
Alors que 50 % du marché mondial du luxe cale, LVMH, malgré son envergure, en paie le prix. Le groupe se veut « vigilant et confiant », mais le rebond promis devra attendre. En bourse, les signaux sont déjà là : l’ADR de LVMH perd 7,3 % à Wall Street dans la foulée de l’annonce.