L’Algérie entre dans la course mondiale au lithium. Ce virage énergétique s’inscrit dans la continuité d’une politique de diversification économique, où la dépendance aux hydrocarbures doit progressivement céder sa place à de nouveaux piliers.
Lithium en Algérie : les zones clés de l’exploration minière révélées

Pour en incarner l’ambition, l’État n’a pas cherché longtemps. Le chercheur Karim Zaghib, spécialiste mondialement reconnu des batteries lithium-fer-phosphate, a été convié à prendre les commandes scientifiques du projet. La matière première sera algérienne, mais l’expertise aussi. À ce titre, les premières transformations de fer et de phosphate ont déjà été entamées par la Sonarem, la Société nationale de recherche et d’exploitation minière. « En attendant de confirmer notre potentiel géologique en matière de lithium », précisait son PDG dans TSA.
Chotts et Hoggar : les nouveaux épicentres du lithium en Algérie
Les géologues l’affirment, les réserves potentielles de lithium sont à chercher dans deux zones bien distinctes du territoire. D’un côté, les chotts, vastes dépressions salines, très répandues dans les hauts plateaux et les marges du Sahara. De l’autre, les roches du Hoggar, massif granitique du Grand Sud, longtemps oublié des radars industriels. Selon TSA, le PDG de la Sonarem a ainsi confirmé que « le potentiel géologique de l’Algérie en lithium se trouve au niveau des chotts et au niveau des roches du Hoggar ».
Mieux encore, dans une déclaration rapportée par El Moudjahid, Belkacem Soltani a indiqué que « l’ORGM est en train de travailler pour évaluer le potentiel exact de lithium » dans les roches du Hoggar. Les travaux se concentrent notamment sur les wilayas de Tamanrasset et In Guezzam, où les premières indications géologiques ont été jugées « significatives ».
Une industrie en gestation, un géant chinois en soutien
Mais la présence de lithium ne suffit pas à faire une industrie. Il faut un plan, des moyens, et un cap technologique clair. Ce cap, c’est le partenariat avec le groupe chinois Ganfeng Lithium, un poids lourd mondial de la transformation et du recyclage du lithium. En association avec Sonarem, l’ORGM et l’ANAM, un plan d’exploration à moyen et long terme a été lancé, incluant la cartographie des sites et les premières études physicochimiques sur les échantillons.
Le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, ne mâche pas ses mots. Il exige « la définition rapide des mesures nécessaires pour passer à la phase de développement et de transformation du minerai ». Le lithium ne doit pas rester sous terre. Karim Zaghib, pour sa part, voit plus loin. Il propose la création d’une école nationale de la batterie, destinée à former ingénieurs et techniciens aux technologies de stockage de demain. Une initiative jugée « indispensable » pour construire une filière complète, de la mine à la cellule.
Le lithium algérien : une révolution silencieuse aux enjeux gigantesques
L’objectif officiel ? Créer un pôle industriel intégrant extraction, traitement du minerai, production de cellules et fabrication de batteries. Le tout, en s’appuyant sur les ressources minières existantes : lithium bien sûr, mais aussi fer, phosphate, tungstène, niobium, tantale, voire terres rares comme le cérium et le scandium. À la clé, 50 000 emplois directs et jusqu’à 100 000 emplois indirects projetés.
Des chiffres impressionnants, mais qui devront surmonter plusieurs obstacles : l’absence d’infrastructures dans le Grand Sud, la faiblesse du cadre réglementaire pour les investisseurs étrangers, et surtout, le manque criant de compétences locales dans les domaines miniers et chimiques. L’État promet de garder la main. « La création de valeur doit rester majoritairement domestique », affirme Mohamed Arkab dans El Watan. En d’autres termes, hors de question de reproduire les schémas extractivistes du passé.