Ils disent non. Non à la surcharge, non au travail dominical imposé, non à ce qu’ils qualifient d’aveuglement managérial. Dans l’univers feutré de la grande distribution, la contestation ne fait pas dans la demi-mesure : plusieurs syndicats de Lidl lancent une offensive sociale d’ampleur, sous la forme d’une grève illimitée qui pourrait faire tanguer le discounter allemand.
Grève illimitée chez Lidl : les syndicats sonnent la charge contre le travail le dimanche
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Published on 13 mai 2025 6h08
8,5%Le groupe allemand Schwarz, maison-mère des enseignes Lidl et Kaufland, a vu son chiffre d'affaires grimper de 8,5% en 2023.
À compter du jeudi 15 mai 2025, les salariés de Lidl France sont appelés à cesser le travail quatre jours par semaine, du jeudi au dimanche, sans limite de durée. Derrière cet appel : une intersyndicale composée de la CFDT, CGT, CFTC et FO. Un front syndical élargi, mais pas unanime : l’UNSA, pourtant première organisation syndicale du groupe, a refusé de signer le tract commun.
Lidl : un géant de la distribution critiqué par les syndicats
Avec 1 600 magasins et 46 000 salariés en France, Lidl n’est pas une petite enseigne de quartier. Depuis plusieurs années, le distributeur s’est imposé comme un acteur central du paysage de la grande distribution, prônant efficacité logistique et rentabilité opérationnelle.
Les syndicats dénoncent une « augmentation exponentielle de la charge de travail » qui « ruine [leur] santé », relate Libération. La critique n’est pas neuve, mais elle prend un tour plus offensif à l’heure où la direction envisage de généraliser l’ouverture des magasins le dimanche dès le mois de juin 2025. Une mesure jugée inacceptable par les représentants du personnel. Dans un tract syndical cité par 20 Minutes, les salariés affirment : « La direction sourde aux souffrances des salariés veut imposer le travail le dimanche comme norme, pas comme exception ».
Travail dominical : le point de rupture chez Lidl
Le travail le dimanche constitue le point de cristallisation du conflit. Selon les syndicats, Lidl tente de forcer la main aux salariés pour multiplier les ouvertures dominicales. Le chiffre avancé : 750 magasins déjà ouverts le dimanche matin, soit près de la moitié du parc, détaillent Les Échos. Une syndicaliste CFDT citée par TF1 Info rappelle : « On ne parle plus de volontariat, mais d'une pression directe, constante, normalisée ».
Le management est également dans la ligne de mire. Depuis l’arrivée de John-Paul Scally à la présidence de Lidl France il y a neuf mois, le dialogue social semble au point mort. « Il n’y a plus de dialogue social », affirmait Christophe Lefevre (CFTC) dans Libération. Une affirmation qui fait écho au climat de tension récurrent depuis début 2025.
La deuxième grève chez Lidl en moins de 6 mois
Ce n’est pas la première salve. En février 2025, une première grève avait été lancée par la même intersyndicale (rejointe alors par la CFE-CGC) pour protester contre la faiblesse des salaires et le travail dominical. L’action avait été suspendue au bout de quatre jours, après des promesses de négociation.
Mais les réunions organisées en mars et avril n’ont rien donné. « La réunion du 14 février n’a absolument rien donné », déclare Christophe Pierre (CFDT) dans Libération. La situation s’est envenimée jusqu’à cette décision de reconduire la grève de manière illimitée.
La grève menace Lidl et son image
Lidl joue une partition risquée. Son image d’employeur efficace pourrait vite se retrouver écornée si les magasins ferment en série, ou si les rayons restent vides en raison de l’absence du personnel. D’autant que l’enseigne subit une stagnation de sa part de marché, aujourd’hui stabilisée autour de 8 %. Et si Lidl a gagné des parts en séduisant les consommateurs sur le prix, elle pourrait les perdre sur le terrain social. Car la question devient brûlante : faut-il faire du dimanche un jour de travail comme les autres dans la grande distribution ? À en croire les syndicats, la réponse est claire. Et elle passe par le rapport de force.
L'ampleur du mouvement reste incertaine. En février, la mobilisation avait été peu suivie selon la direction, mais cette fois, la lassitude semble plus profonde. Des rassemblements sont d’ores et déjà annoncés devant les plateformes logistiques et le siège social de Lidl à Châtenay-Malabry.
La direction n’a pour l’instant publiquement fait aucune déclaration officielle sur le nouveau préavis. En interne, selon une note consultée par Capital, les responsables de magasins ont été appelés à « limiter les effets visibles de la grève » et à « revoir les plannings de renforts du week-end ». Bref : « cachez cette grève que je ne saurais voir ».
Lidl veut rouvrir ses magasins le dimanche ? Les syndicats, eux, veulent fermer le débat.