Leasing social : le gouvernement veut-il protéger les ZFE ?

Alors que le gouvernement prépare une nouvelle mouture du leasing social, certains ajustements retiennent l’attention. Les contours du dispositif évoluent, notamment pour tenir compte des réalités territoriales et des impératifs environnementaux. L’intégration partielle des zones à faibles émissions dans le mécanisme marque une inflexion significative dans la stratégie publique de soutien à la mobilité électrique.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 26 mai 2025 12h06
leasing-social-gouvernement-veut-proteger-zfe
leasing-social-gouvernement-veut-proteger-zfe - © Economie Matin
369 millions d’eurosL’enveloppe mobilisée pour le dispositif atteindra 369 millions d’euros.

Le 26 mai 2025, à la veille d’un avis attendu du Conseil supérieur de l’énergie, le leasing social revient au centre des discussions sur la mobilité durable. Après une première édition en 2023 et une suspension en début d’année 2024 pour des raisons budgétaires, ce dispositif permettant l’acquisition d’une voiture électrique pour environ 100 euros par mois sera reconduit à l’automne. Sa nouvelle version introduit une orientation supplémentaire : une fraction des véhicules sera réservée aux personnes travaillant dans des communes classées en zones à faibles émissions (ZFE), dans un contexte où ces dernières font l’objet d’interrogations croissantes.

Leasing : un outil de mobilité reconfiguré pour la France des ZFE

Le projet d’arrêté soumis par le gouvernement au Conseil supérieur de l’énergie prévoit que cinq mille véhicules électriques, sur les cinquante mille prévus, seront attribués à des actifs exerçant leur activité dans une zone à faibles émissions (ZFE). Ce ciblage vise à renforcer l’inclusion sociale des dispositifs de transition écologique, dans des territoires où les restrictions de circulation ont pu susciter des tensions.

Selon Le Figaro, cette mesure permettrait aux collectivités de mieux accompagner les populations concernées par les contraintes imposées dans ces zones. Il s’agit notamment de favoriser l’adhésion locale aux politiques environnementales en les articulant à des mécanismes d’aide ciblés.

Leasing social : un montage financier entièrement révisé 

À partir de l’édition 2025, le financement du leasing social ne relèvera plus directement de l’État mais des certificats d’économie d’énergie (CEE), gérés par l’Agence de la transition écologique (Ademe). Ce mode de financement repose sur une obligation faite aux fournisseurs d’énergie de promouvoir des actions d’économie d’énergie, et permet ici d’assurer la prise en charge partielle du coût des véhicules.

L’enveloppe mobilisée pour le dispositif atteindra 369 millions d’euros. Chaque voiture pourra ainsi bénéficier d’une subvention de 7 380 euros via les CEE, à laquelle s’ajoutera un bonus écologique allant jusqu’à 4 000 euros, ce qui porte l’aide totale à 11 380 euros par véhicule. Ce montant est légèrement inférieur à celui de l’année 2024, où l’aide pouvait atteindre 13 000 euros, mais permet néanmoins de maintenir l’objectif d’un loyer mensuel d’environ 100 euros, comme l’indiquent les sources citées dans Les Échos.

ZFE et leasing : une combinaison pour répondre aux inégalités d'accès 

Les zones à faibles émissions (ZFE) visent à améliorer la qualité de l’air dans les grandes agglomérations en limitant la circulation des véhicules les plus polluants. Cependant, leur mise en œuvre a suscité des critiques, notamment sur leur impact social. En ciblant partiellement les bénéficiaires du leasing social vers ces territoires, le gouvernement espère atténuer ces tensions et favoriser une transition plus équitable.

Ce recentrage vise aussi à éviter un rejet des ZFE au moment où leur avenir est débattu au Parlement. Le projet pourrait ainsi répondre à certaines critiques en facilitant l’accès à une mobilité propre pour des publics contraints par les réglementations locales.

Conditions et perspectives : qui pourra en bénéficier ? 

Les critères d’éligibilité pour le leasing social en 2025 n’ont pas encore été publiés dans leur version définitive. Néanmoins, les éléments disponibles laissent entendre qu’ils seront proches de ceux en vigueur lors de l’édition 2024. Pour bénéficier du dispositif, les candidats devront être majeurs, résider en France, disposer d’un revenu fiscal de référence par part inférieur à 15 400 euros, vivre à plus de quinze kilomètres de leur lieu de travail, utiliser leur voiture personnelle pour s’y rendre, ou encore justifier d’un usage annuel de leur véhicule supérieur à 8 000 kilomètres à des fins professionnelles. En 2024, quarante pour cent des bénéficiaires du dispositif déclaraient un revenu inférieur à 10 200 euros annuels.

Dans sa version 2025, le dispositif intègre donc une nouvelle composante territoriale, sans bouleverser l’ossature initiale du programme. La répartition des véhicules tiendra désormais aussi compte de la localisation du lieu de travail, notamment dans les ZFE. Ce recentrage pourrait avoir des effets structurants sur la manière dont les aides publiques s’adaptent aux réalités locales et aux enjeux de justice environnementale.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

No comment on «Leasing social : le gouvernement veut-il protéger les ZFE ?»

Leave a comment

* Required fields