La consigne du verre fait son retour officiel, dès ce 12 juin, dans l’Hexagone. Plus précisément, dans quatre régions représentant ensemble seize millions d’habitants : Bretagne, Normandie, Hauts-de-France et Pays-de-la-Loire. La démarche est ambitieuse, à la hauteur du défi écologique. Financé par Citeo, l’éco-organisme chargé du pilotage, ce dispositif doit durer dix-huit mois et s’inscrit dans le cadre de la loi Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire), qui impose 10 % d’emballages réemployés d’ici 2027.
La consigne du verre revient dans quatre régions

Valentin Fournel, directeur innovation de Citeo a ainsi déclaré, dans 20 Minutes : « Le dispositif permettra de récupérer évidemment son montant de consigne initial et de rendre l’emballage pour qu’il puisse être collecté, lavé et remis en circulation ».
Le retour du geste oublié : quand l’écologie passe par la borne de consigne
Le fonctionnement est simple, du moins en apparence. Des bornes de collecte seront installées dans plus de 80 magasins dès ce mois-ci, avec un objectif de 750 d’ici 2026. Les consommateurs y déposeront leurs bouteilles en verre portant une étiquette violette et jaune, marquées des mentions « Rapportez-moi pour le réemploi » ou « Récupérez le montant de votre consigne ».
En échange ? Dix centimes d’euro pour les petits formats, vingt centimes pour les grandes contenances. La somme peut être versée en bon d’achat, monnaie ou virement sur carte bancaire. Huit grands distributeurs, dont Système U, Carrefour, Intermarché, Auchan, Leclerc, Monoprix, Biocoop et la Brasserie du Bout du Monde, ont signé. Une cinquantaine d’industriels, en majorité des brasseurs, sont également engagés. Les premières bouteilles concernées sont celles de bières, de jus, et d’autres boissons ; les bocaux alimentaires suivront en 2026.
Objectifs de réemploi : ambitions législatives, réalités logistiques
Le texte de la loi Agec prévoyait déjà 5 % de réemploi en 2023, un objectif que la France a manqué. Cette expérimentation représente donc un test à grande échelle. Citeo table sur 30 millions d’emballages mis en circulation en 2025, et 55 millions d’ici fin 2026.
Le cycle est rigoureux, récupération, lavage à 90°C, contrôle qualité, redistribution. Certains contenants pourront être réutilisés jusqu’à quarante fois. Une manière de compenser les critiques sur l’impact environnemental du transport, pointé du doigt par des associations comme Amorce, qui dénoncent un « cheval de Troie » du plastique derrière une façade vertueuse.
Des freins, des doutes, et des résistances
Mais tout le monde n’applaudit pas. Quels volumes seront réellement réutilisés ? Le consommateur suivra-t-il ? Et surtout, les fabricants joueront-ils le jeu sur le long terme ? Le risque, c’est que cette consigne du verre soit perçue comme un outil environnemental.
Car si la logistique n’est pas rigoureusement maîtrisée, les coûts pourraient exploser, les retours stagner, et l’impact carbone... grimper. Et que dire du tri à la source ? Des bouteilles qui, par négligence ou confusion, finiraient dans la mauvaise poubelle ? Des rayons vides faute d’approvisionnement en bouteilles lavées ?