Les bouteilles en verre consignées, c’est pour demain !

Une étiquette violette, un geste familier, et quelques centimes à la clé : voici le retour de la consigne des bouteilles en verre, un réflexe que les plus de quarante ans n’ont pas oublié. Pourtant, ce n’est pas une lubie nostalgique mais une révolution programmée, financée, testée… et très attendue.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 23 mai 2025 9h11
Consigne
Les bouteilles en verre consignées, c’est pour demain ! - © Economie Matin
10 à 20 centimesRapporter ses bouteilles en verre consignées rapportera dix à vingt centimes par contenant

À compter du 12 juin 2025, la consigne pour les bouteilles en verre fait officiellement son grand retour dans les supermarchés français. Pas partout, pas encore : l’État joue la carte de l’expérimentation, ciblant quatre régions pilotes – Bretagne, Normandie, Hauts-de-France et Pays de la Loire – pour remettre en circulation un système à la fois archaïque et visionnaire. Car si le réemploi semble être la promesse d’un avenir plus écologique, il soulève déjà des montagnes logistiques et quelques crispations.

Repérer les bons produits dans les bons magasins

Vous pensiez qu’il suffisait de rapporter n’importe quelle bouteille vide ? Mauvais réflexe. Seules celles arborant un autocollant violet « Rapportez-moi pour réemploi » ou une bande mentionnant « Récupérez le montant de votre consigne » sont concernées. L’offre est pour l’instant limitée aux bières, jus de fruits, eaux minérales et soupes conditionnées en verre. Les conserves alimentaires devraient suivre dans un second temps.

L’opération est orchestrée par Citeo, l’éco-organisme chargé du tri des déchets ménagers. Huit distributeurs sont dans la boucle : Carrefour, Leclerc, Intermarché, Système U, Monoprix, Biocoop, Auchan et la Brasserie du Bout du Monde. En tout, 750 supermarchés sont équipés ou en voie de l’être, selon un rythme progressif qui s’étalera jusqu’en septembre 2025.

Comment ça marche ? Deux options : retour en caisse ou dépôt dans une machine automatisée. L’enjeu : l’autonomie du consommateur, comme l’a expliqué Valentin Fournel, directeur de l’écoconception chez Citeo : « On imagine environ deux tiers des magasins avec des machines, sur lesquelles le consommateur est autonome, et environ un tiers où cela se fera à la caisse ».

Combien gagne-t-on avec la consigne ? Un calcul pas si accessoire

Les montants ne sont pas symboliques : dix centimes pour un petit contenant, vingt centimes pour les plus grands formats. On parle ici d’un remboursement direct, soit sous forme de bon d’achat, soit via votre carte bancaire. Un arrêté existant fixe ces tarifs, mais une commission de réévaluation doit les ajuster d’ici fin 2024. Et oui, le montant de la consigne est obligatoirement affiché sur le prix du produit. Pas de mauvaise surprise en caisse.

Mais attention : la bouteille doit revenir propre et avec son bouchon si possible. Cela facilite son tri et évite les nuisances (odeurs, bris, etc.).

Réemploi, la promesse écologique en bottes de chantier

Pourquoi ce retour en grâce d’un modèle que l’on croyait obsolète ? Pour une raison simple : l’écologie. Le réemploi permettrait, selon l’Ademe (Agence de la transition écologique), de réduire de 79 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport au recyclage. Une bouteille consignée peut être lavée et remise en circulation jusqu’à 50 fois, contre une seule vie pour une bouteille recyclée.

Moins de verre refondu, c’est aussi 75 % d’énergie économisée et 33 % de consommation d’eau en moins. En prime : des emplois locaux créés dans les secteurs du lavage, du stockage, de la logistique et du transport.

Une révolution à petits pas

Le tableau est séduisant, mais le défi est colossal. D’abord, les infrastructures : il faut des centres de lavage, des cahiers des charges standardisés pour les fabricants, des chaînes logistiques spécifiques. Ensuite, les usages : les consommateurs devront apprendre à trier autrement, à rapporter au lieu de jeter, à intégrer la consigne dans leur routine.

Et les résultats devront être à la hauteur. Car derrière cette expérimentation de 18 mois, l’objectif est fixé par la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) : 10 % d’emballages réemployés d’ici 2027. À ce jour, la France est loin du compte. En 2023, elle plafonnait à 1,5 %.

La France se donne donc jusqu’à fin 2026 pour tirer les leçons de cette relance. Si elle fonctionne, elle sera généralisée. Si elle échoue, elle deviendra le symbole d’un volontarisme sans moyens. D’ici là, chaque bouteille retournée comptera. Et chaque consommateur deviendra, malgré lui, un acteur du réemploi.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

No comment on «Les bouteilles en verre consignées, c’est pour demain !»

Leave a comment

* Required fields