Le constat est brutal : 82,6% des installations électriques de plus de 15 ans dans les logements en France présentent au moins une anomalie, révèle l’Association Promotelec dans son nouveau Baromètre de l’Observatoire national de la sécurité électrique (ONSE).
Installations électriques : un réseau vétuste dans 4 logements sur 5
Des installations électriques vieillissantes au bord de la rupture
La majorité du parc résidentiel français repose encore sur des installations électriques conçues pour les usages du XXe siècle. Or, aujourd’hui, l’essor des pompes à chaleur, des véhicules électriques ou des équipements connectés pousse ces infrastructures dans leurs retranchements. Selon l’étude de Diagamter pour l’Observatoire national de la sécurité électrique (ONSE), 84,6% des installations dans les logements mis en vente et 74% de celles des biens en location présentent des anomalies.
Dans les maisons individuelles, le chiffre grimpe même à 87,5%, contre 79,1% pour les appartements. Et ce n’est pas un simple détail technique. Ces anomalies, souvent invisibles, engagent la sécurité des occupants.
Des anomalies électriques fréquentes… et potentiellement fatales
Absence de mise à la terre, matériels vétustes, protections contre les surintensités défaillantes, fils non protégés, non-conformités dans les pièces humides : le Baromètre ONSE 2025 dresse un tableau inquiétant. Ces défaillances, loin d’être anodines, exposent à des risques mortels.
Chaque année, environ 3.000 personnes se retrouvent aux urgences à la suite d’une électrisation. Un tiers d’entre elles sont hospitalisées ou suivies. En 2022, 34 décès accidentels par électrocution ont été recensés en France. Le danger est d’autant plus insidieux qu’il est souvent confiné à l’intimité du domicile : 80% des accidents électriques surviennent à la maison, souvent via de simples appareils électroménagers ou équipements mobiles.
Mais ce n’est pas tout. Les installations électriques défaillantes sont également une source majeure d’incendies domestiques. En 2022, 64.850 interventions des sapeurs-pompiers ont été liées à des feux d’habitation, dont entre 20 et 35% sont d’origine électrique. Les assureurs, quant à eux, ont enregistré 238.000 déclarations de dommages électriques la même année. La vétus35%s circuits n’est donc plus un problème technique : c’est un risque de santé publique, de sécurité civile et de durabilité du logement.
Un chantier colossal pour des logements réellement modernes
Pour Florence Delettre, Directrice générale de Promotelec, il est urgent d’agir : « Si les campagnes de rénovation énergétique gagnent du terrain, elles laissent encore trop souvent de côté un aspect pourtant essentiel : la sécurité des installations électriques. Ce baromètre rappelle que l’électricité, bien qu’invisible, peut représenter un danger majeur dans des logements qui n’ont pas été conçus pour accueillir les usages modernes ».
Dans un contexte de transition énergétique, où l’habitat devient connecté, bas carbone et autonome, négliger les fondations électriques, c’est bâtir sur du sable.
La sécurité électrique : une urgence oubliée
La situation est grave sur l’ensemble du territoire. Aucune région n’est épargnée. Les taux d’anomalies varient de 78% à 87%, selon les zones. Et pourtant, la sécurité électrique continue d’être reléguée au second plan, en marge des grandes politiques publiques.
Alors qu’on subventionne les rénovations thermiques, qui alimente les contrôles des installations électriques ? Alors qu’on incite à l’achat de bornes de recharge, qui vérifie si le tableau électrique peut encaisser une telle charge ? L’oubli n’est plus acceptable.