Dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), Mistral et Nvidia annoncent avoir noué un partenariat. Ce dernier doit permettre à la start-up française de bénéficier des puces américaines, parmi les plus avancées du marché. Un accord « historique », selon Emmanuel Macron.
IA : Mistral et Nvidia signent un partenariat « historique »
Mistral et Nvidia s’allient pour booster l’IA
Au salon VivaTech organisé à Paris, la scène n’est pas passée inaperçue. Mistral AI et Nvidia viennent de lever le voile sur un partenariat stratégique, baptisé Mistral Compute, dont les retombées pourraient bouleverser le rapport de forces mondial dans le secteur de l’intelligence artificielle. Mistral AI, fleuron français fondé en 2023, confirme son ambition de s’imposer comme pilier de l’IA européenne. En s’alliant avec Nvidia, le géant californien des semi-conducteurs, la start-up va déployer 18 000 puces Blackwell, l’architecture de nouvelle génération de Nvidia, au sein d’un data center de 40 mégawatts en Essonne. L’objectif ? Atteindre rapidement 100 mégawatts de capacité.
Ce cluster servira de socle à Mistral Compute, une offre cloud souveraine pensée comme une alternative crédible aux infrastructures dominées par Amazon Web Services ou Google Cloud. Selon le président de Mistral, Guillaume Mentsch, cette plateforme permettra à ses clients « d’avoir les clés du camion », c’est-à-dire un contrôle total sur leurs données et services IA, contrairement aux solutions nord-américaines.
La souveraineté technologique, nouveau champ de bataille
Présent à VivaTech, Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots. Il a salué un « partenariat historique » et s’est félicité d’un accord incarnant l’ambition de reprendre le contrôle de l’infrastructure numérique européenne. Une réponse directe à ce que le président qualifie d’« échec collectif sur le virage du cloud ». L’enjeu est clair : ne plus subir l’extraterritorialité américaine, mais construire une capacité souveraine d’hébergement et d’entraînement de modèles IA. Et cette souveraineté n’est pas qu’un concept : elle s’implante physiquement. Le premier site s’étendra sur 1 000 mètres carrés, à 30 kilomètres de Paris. Plusieurs autres centres sont prévus en France et en Europe. Mais surtout, il s’agit d’une très bonne nouvelle pour l’emploi : Mistral promet de créer une centaine de postes, d’abord en Essonne, puis dans les futurs autres sites.
Les puces Nvidia Blackwell constituent le cœur du dispositif. Dotées de cœurs Ultra Tensor et d’une bande passante NVLink ultra-rapide, elles doublent les performances sur les couches attention des modèles LLM (Large Language Models) et améliorent de 50 % les FLOPS (floating point operations per second), critère clé du calcul intensif.
Pour faire simple : il s’agit de l’une des technologies les plus avancées au monde en matière de puces électroniques.
Cette puissance permet à Mistral Compute de proposer une offre complète, de l’entraînement à l’inférence de modèles IA, à destination d’acteurs industriels comme Thales, Veolia, SNCF ou Schneider Electric. Ainsi, ce partenariat pourrait réduire la dépendance européenne aux infrastructures américaines et amorcer un retournement stratégique.
Mais ce sursaut industriel masque une fragilité persistante : le financement reste l’angle mort de l’écosystème français. Malgré une levée d’un milliard de dollars en deux ans, Mistral AI dépend d’investisseurs étrangers comme Yuri Milner, Andreessen Horowitz ou Lightspeed.