François Bayrou promet un plan économique ambitieux pour redresser la barre. Mais entre les chiffres alarmants, les marges de manœuvre étriquées et les attentes des Français, la route s’annonce sinueuse et pleine de pièges.
François Bayrou face au défi économique : redresser les finances sans plomber les Français

Le 27 mai 2025, François Bayrou a annoncé un plan pluriannuel de redressement des finances publiques. Face à une dette qui dépasse les 110 % du produit intérieur brut et un déficit public toujours aussi préoccupant, le Premier ministre veut mobiliser tous les Français autour d’un objectif clair : revenir à l’équilibre budgétaire en trois à quatre ans. Ce plan, attendu en juillet, devra trouver les dépenses réunissant deux critères. Tout d'abord, elles devront être suffisamment importantes pour que les supprimer ait des résultats. Ensuite, elles devront être peu profitables au Français pour que leur suppression ne braque pas la population.
Un mur de dettes à escalader : le défi économique de François Bayrou
La France navigue en eaux troubles. Avec une dette publique supérieure à 3 000 milliards d’euros, soit plus de 110 % du PIB, et un déficit qui s’est creusé à plus de 5 % en 2024, la situation financière est alarmante. Cette dérive génère des coûts colossaux en intérêts, qui grèvent la capacité d’investissement et la flexibilité budgétaire de l’État. François Bayrou doit donc concilier impératifs de réduction des déficits et soutien à l’activité économique, un équilibre particulièrement fragile.
Le gouvernement de François Bayrou vise environ quarante milliards d’euros d’économies pour 2026. Cet objectif semble colossal, surtout dans un contexte où les dépenses obligatoires — notamment la protection sociale — restent incontournables. La marge de manœuvre s’amenuise dangereusement.
La dépense publique, un poids énorme sur les finances
Le budget de l’État est largement absorbé par les dépenses sociales, qui représentent près de 60 % des crédits publics. Retraites, santé, allocations chômage, aides diverses… ces postes sont presque intouchables politiquement et socialement. Le reste est réparti entre éducation, défense, fonctionnement des administrations et investissements publics.
Les dépenses de protection sociale ont augmenté de manière continue ces dernières années, sous l’effet combiné du vieillissement de la population et de l’inflation. Entre 2018 et 2024, les taxes affectées à la protection sociale ont vu leur part évoluer, avec une TVA qui contribue désormais à hauteur de 21 % au financement, contre 4 % en 2018.
La TVA sociale, un levier économique contesté mais séduisant
Pour dégager des économies sans toucher aux dépenses obligatoires, François Bayrou mise sur la relance de la TVA sociale. Cette mesure consiste à compenser une baisse des cotisations sociales par une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée. Une augmentation d’un point rapporterait entre 11 et 13 milliards d’euros, selon les experts.
Économiquement, cet instrument a l’avantage d’élargir l’assiette fiscale, notamment en faisant contribuer les importations et les touristes. Il peut aussi encourager la compétitivité des entreprises en réduisant le coût du travail.
Pourtant, la TVA sociale est un poison politique qui pourrait coûter cher à François Bayrou. Cet impôt indirect est considéré comme le plus régressif, frappant plus durement les ménages modestes, qui consacrent une plus grande part de leurs revenus à la consommation. De plus, son impact sur l’inflation pourrait freiner la consommation, mettant en péril la reprise économique.
Les attentes économiques des Français : entre rigueur et justice fiscale
Les Français attendent du gouvernement qu’il réduise la dette sans aggraver leur pouvoir d’achat déjà mis à mal. Selon plusieurs enquêtes, ils souhaitent d’abord que l’État recentre ses dépenses sur les domaines régaliens. La suppression des niches fiscales et la meilleure gestion des fonds publics sont aussi des demandes récurrentes.
Cependant, ils se montrent très prudents quant aux augmentations d’impôts, surtout celles qui pèsent sur la consommation. La relance de la TVA sociale risque donc de provoquer une forte résistance, car elle touche au quotidien de tous.
Vers un redressement difficile et incertain
Le plan de François Bayrou sera le grand test économique de l’année 2026. Il devra composer avec une dette qui étrangle le pays, un déficit tenace et des dépenses sociales incompressibles. Entre la nécessité d’économiser quarante milliards d’euros et la demande sociale d’équité fiscale, l’exécutif marche sur une corde raide.
La relance de la TVA sociale illustre bien ce dilemme : un outil puissant pour dégager des recettes mais un risque sérieux pour le pouvoir d’achat et la croissance. Dans ce contexte, le gouvernement devra faire preuve d’un sens politique et économique aiguisé pour convaincre et surtout réussir à concrétiser ce redressement sans casse.