Ford encaisse les coups de Trump : 1,5 milliard parti en fumée

Les vents contraires s’accumulent pour un géant de l’automobile pris dans les mailles d’une guerre commerciale relancée. À cause de Donald Trump et de sa guerre des douanes, le constructeur Ford a dû revoir ses prévisions… et encaisser une perte d’argent loin d’être négligeable

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 6 mai 2025 6h13
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2,3%Le 5 mai 2025, l’action Ford a chuté de 2,3 % après clôture à Wall Street

Le 5 mai 2025, Ford a dévoilé ses résultats du premier trimestre 2025, dans un climat tendu marqué par le retour des droits de douane impulsés par Donald Trump. Si le constructeur automobile a affiché des performances supérieures aux attentes des analystes, la réalité est bien plus nuancée.

Ford face à la douche froide de Trump : des résultats ternis par les taxes

Les chiffres sont tombés comme un couperet le 5 mai 2025. Ford a enregistré un bénéfice net de 471 millions de dollars au premier trimestre 2025, soit une chute brutale de 65 % par rapport à la même période l’année précédente, selon les données officielles publiées par l’entreprise sur son portail financier. Le chiffre d’affaires s’établit à 40,7 milliards de dollars (environ 37,7 milliards d’euros), en recul de 5 %, en grande partie à cause d’une contraction de 7 % des volumes en gros, freinés par le ralentissement dans les usines du Michigan et du Kentucky.

Mais au-delà des résultats, c’est la décision spectaculaire de retirer toute prévision annuelle qui a jeté un froid sur les marchés. « En raison des incertitudes tarifaires actuelles, nous ne sommes pas en mesure de maintenir une guidance fiable pour l’ensemble de l’exercice 2025 », a déclaré la directrice financière Sherry House lors de la conférence investisseurs officielle du 5 mai 205.

L’effet Trump : quand la politique étrangère plombe l’industrie automobile

Les raisons de cette prudence sont sans appel : les nouvelles taxes imposées par Donald Trump depuis son retour à la présidence en janvier 2025 frappent de plein fouet le secteur. Ford estime que ces droits de douane pèseront pour 1,5 milliard de dollars sur son résultat opérationnel ajusté d’ici la fin de l’année.

Ces taxes, qui visent à la fois les véhicules importés et une large gamme de pièces automobiles, sont appliquées à hauteur de 25 %, compliquant les chaînes d’approvisionnement et augmentant les coûts de production. Selon CNN, Sherry House a précisé que Ford s’attendait à une « hausse des prix des voitures aux États-Unis de 1 % à 1,5 % au second semestre ».

Malgré cela, la direction tente de minimiser l’impact à court terme sur les consommateurs. « Nos équipes ont fait beaucoup pour réduire les effets des tarifs sur notre activité », a affirmé Sherry House, citée par le Times of India. Le groupe a notamment réorganisé certaines livraisons, délocalisant des envois du Mexique vers le Canada, afin d’éviter certains droits de transit.

Ford tente de contenir les dégâts : remises, remaniements, replis

Pour faire face, Ford a actionné plusieurs leviers. Parmi eux, une offre exceptionnelle « employee pricing » a été prolongée jusqu’au 4 juillet 2025 pour stimuler les ventes. Ce dispositif, qui permet aux clients d’acheter au même prix que les salariés, a déjà provoqué une hausse des ventes en avril, selon les propos du PDG Jim Farley relayés par CNN. Mais rien n’indique que cet effort promotionnel pourra être prolongé indéfiniment.

L’entreprise a également revu sa logistique. Grâce à des ajustements de production et de chaîne d’approvisionnement, 1 milliard de dollars ont pu être économisés, réduisant l’impact global des tarifs douaniers estimé initialement à 2,5 milliards. Toutefois, cette stratégie défensive ne saurait masquer les difficultés structurelles. Les divisions « Blue » (thermique) et « Pro » (professionnels) voient leurs marges fondre. Seule éclaircie : la branche électrique voit ses pertes se réduire.

Une industrie automobile en suspens

La situation de Ford illustre les tensions profondes qui secouent l’industrie automobile mondiale. Le constructeur américain anticipe un marché instable, avec des ventes 2025 attendues stables ou en légère progression de 1 %. En parallèle, d’autres nuages s’amoncellent : changements dans les normes d’émission américaines, tensions géopolitiques avec la Chine sur les terres rares… autant de menaces susceptibles de bouleverser les stratégies industrielles. Conséquence : le 5 mai 2025, l’action Ford a chuté de 2,3 % après clôture à Wall Street, signe tangible de la nervosité des marchés.

Ford résiste, mais encaisse. Entre un environnement tarifaire défavorable et des incertitudes géopolitiques croissantes, l’icône de l’automobile américaine avance en terrain glissant. Et derrière les promesses de résilience, c’est une restructuration d’ampleur qui se profile.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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