Croissance : le FMI alerte et baisse ses prévisions

Alors que l’économie mondiale semblait naviguer à vue entre reprise et incertitudes, le Fonds monétaire international sonne l’alerte : la machine mondiale tourne au ralenti. Que nous dit vraiment le dernier rapport sur les dynamiques de la croissance ?

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 23 avril 2025 6h19
Croissance : les mauvaises nouvelles de la Banque de France pour 2025
Croissance : les mauvaises nouvelles de la Banque de France pour 2025 - © Economie Matin
0,7%La croissance de la France est désormais attendue à 0,7% en 2025 par le gouvernement

Le 22 avril 2025, le Fonds monétaire international (FMI) a publié ses dernières projections dans le cadre de son World Economic Outlook d’avril 2024. S’appuyant sur des mois de données consolidées, le rapport révèle un ralentissement généralisé de la croissance, aggravé par des tensions géopolitiques, des choix budgétaires restrictifs et des déséquilibres structurels persistants. Si l’économie mondiale ne s’effondre pas, elle évolue à un rythme qui « demeure faible par rapport aux standards historiques ».

Le FMI prévient : la croissance mondiale ralentit

Le FMI prévoit une croissance mondiale de 3,2 % en 2024 et en 2025, un chiffre inchangé par rapport à 2023. Mais ce plateau n’a rien de rassurant. Il s’agit du taux le plus bas sur cinq ans depuis des décennies. Le Fonds explique que cette atonie s’explique par la combinaison de « coûts d’emprunt encore élevés, de retrait des soutiens budgétaires et de l’héritage de la pandémie de COVID-19, conjugués aux effets durables de la guerre en Ukraine »​.

L’inflation mondiale devrait reculer, passant de 6,8 % en 2023 à 5,9 % en 2024 et 4,5 % en 2025. Mais cet apaisement apparent masque des fractures profondes : les économies avancées convergent rapidement vers leurs cibles d’inflation, tandis que les pays émergents continuent de lutter contre des hausses de prix endémiques. Plus grave, le rapport souligne que « la convergence vers un niveau de vie plus élevé pour les pays à revenu moyen et faible a ralenti », nourrissant des inégalités croissantes au sein de l’économie mondiale​.

La croissance aux États-Unis : première victime de la guerre des taxes de Trump

La performance des États-Unis constitue un paradoxe. Le pays affiche une croissance robuste, tirée par la consommation des ménages et des mesures budgétaires musclées. Pourtant, cette dynamique inquiète le FMI, qui souligne que « la politique budgétaire américaine n’est pas soutenable à moyen terme »​.

La preuve ? La prévision pour 2025 a été ramenée à 1,8 %, contre 2,7 % en janvier. En cause : les tensions inflationnistes persistantes et le risque croissant de surchauffe. Le FMI estime que la probabilité d’une récession aux États-Unis atteint désormais 40 %, un niveau critique pour la première économie mondiale. Et certaines banques, comme Goldman Sachs, estiment même au-delà de 50 % la probabilité que les Etats-Unis fassent face à une récession.

Chine : le géant vacille sous le poids de son immobilier

Autre pilier mondial, la Chine voit sa croissance glisser à 4 % en 2025, en baisse de 0,6 point par rapport aux prévisions de janvier. Le FMI alerte : « Sans réponse globale au secteur immobilier en difficulté, la croissance pourrait fléchir, affectant les partenaires commerciaux »​.

À cela s’ajoute un autre facteur stratégique : l’excédent extérieur chinois se creuse, accroissant les tensions commerciales. Le FMI s’inquiète du risque de résurgence d’une guerre tarifaire sino-américaine, dans un contexte de fragmentation croissante des chaînes de valeur mondiales.

La croissance de la France est également revue à la baisse

La zone euro affiche une certaine résilience, malgré une croissance molle. Le FMI s’attend à ce que l’Union européenne évite le pire des effets de la guerre commerciale, grâce à sa dépendance moindre aux exportations vers les États-Unis. Mais cette stabilité relative masque des fragilités internes.

La France est particulièrement touchée : sa croissance est abaissée à 0,6 % pour 2025. Le FMI note un « ralentissement marqué de l’industrie et un recul des exportations ». Un coup dur pour le gouvernement qui devra renforcer encore sa politique d’austérité. Dans ce contexte, les coupes budgétaires prévues risquent d’amplifier la morosité économique. L’Allemagne et l’Italie suivent la même pente descendante. Seule l’Espagne se distingue.

Royaume-Uni : la croissance entravée par les coûts d’emprunt et les tarifs américains

Le Royaume-Uni voit sa croissance abaissée à 1,1 %, selon le FMI. L’institution souligne deux freins majeurs : les « droits de douane américains imposés sur plusieurs produits britanniques » et le poids croissant du service de la dette dans un contexte de taux élevés, relate CNBC. L’incertitude politique post-Brexit n’arrange rien, et les appels du FMI à une coordination budgétaire restent lettre morte à Londres.

Une reprise piégée par la guerre commerciale

Le FMI prévient : si l’inflation est en repli, ce n’est pas encore le moment de relâcher l’effort. « La priorité des banques centrales reste de s’assurer que l’inflation atterrit en douceur, sans relâchement prématuré ni retard excessif ».

Mais la reprise reste piégée entre deux forces contradictoires : l’impératif de désendettement public, et la nécessité de soutenir une demande fragilisée par les hausses de taux passées. Sans coordination internationale, ni relance productive, l’économie mondiale pourrait bien rester bloquée dans une forme de stagnation douce… mais prolongée.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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