Entre revers industriels et course contre-la-montre, la multinationale américaine Nvidia, spécialisée dans les processeurs graphiques et les technologies d’intelligence artificielle, se retrouve prise en étau de bout en bout dans la guerre commerciale que se livrent Washington et Pékin.
Exportations : Nvidia en alerte rouge !
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Published on 16 avril 2025 12h52
5,5 MILLIARDS DE DOLLARSNvidia a inscrit en urgence à son bilan du premier trimestre 2025 une provision exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars.
Le mardi 15 avril 2025, Nvidia a annoncé avoir constitué une provision exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars pour son premier trimestre fiscal. Cette décision brutale fait suite à l’instauration de nouvelles restrictions à l’exportation décrétées par l’administration Trump, visant spécifiquement ses puces phares sur le marché chinois : les H20.
Nvidia : ses puces bridées ne suffisent plus à rassurer Washington
Conçue comme une version allégée de ses processeurs les plus puissants, la puce H20 devait permettre à Nvidia de continuer à opérer sur le marché chinois tout en respectant les seuils imposés par la réglementation américaine. Le compromis, pourtant ingénieux sur le papier, s’effondre aujourd’hui.
Bien que volontairement bridée, cette puce est jugée encore trop performante par les autorités américaines. Résultat : l’administration Trump en interdit l’exportation sans licence préalable, une mesure applicable pour une durée indéterminée et ciblant directement les modèles H20 de Nvidia.
Conséquence pour Nvidia : une provision exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars (5,1 milliards d'euros), inscrite dans l’urgence au bilan du premier trimestre de 2025. Derrière ce chiffre vertigineux, ce sont des milliers de processeurs en stock, des engagements contractuels gelés, des chaînes logistiques paralysées. La Bourse n’a pas tardé à réagir à cette annonce : l'action du groupe a plongé de plus de 6 % en quelques heures, portant à plus de 16 % sa baisse cumulée depuis le début de l’année 2025.
Trump serre la vis, Nvidia se relocalise en express
Cette mesure n’est pas un acte isolé. Elle s’inscrit dans une offensive commerciale plus large menée par l’administration Trump, qui entend reprendre le contrôle sur les exportations de technologies avancées, tout particulièrement dans les domaines liés à l’intelligence artificielle, la cybersécurité ou la défense.
Nvidia n’est pas seule dans cette tempête : AMD voit également sa puce MI308 bloquée par les mêmes exigences. Pour l’administration américaine, l'objectif est de limiter l’accès de la Chine aux composants critiques pour ralentir son développement technologique dans les secteurs sensibles.
Face à la fermeture brutale du marché chinois pour l’une de ses puces phares, Nvidia n’a d’autre choix que de réagir dans l’urgence. L’entreprise a dévoilé un plan de relocalisation industrielle d’envergure, avec pour ambition de produire l’ensemble de ses futurs serveurs d’intelligence artificielle sur le sol américain. Pour y parvenir, Nvidia s’appuie sur des partenaires industriels de poids tels que TSMC, Foxconn et Wistron. Ce projet titanesque, estimé à 500 milliards de dollars sur quatre ans (d'ici à 2029), vise à la fois à rassurer les autorités américaines et à réaffirmer l’engagement du groupe dans la reconstruction de la souveraineté technologique des États-Unis.
Mais le temps joue contre Nvidia. Le groupe doit reconfigurer ses chaînes de valeur, sécuriser ses approvisionnements et réorganiser sa production, tout en s’efforçant de maintenir sa position de leader mondial. En face, la concurrence chinoise s’intensifie, portée par des acteurs comme DeepSeek, qui avancent à vive allure dans ce nouvel écosystème fragmenté.