Emmanuel Macron a annoncé, le 9 avril, lors d’un entretien télévisé, que la France pourrait reconnaître l’État palestinien en juin, lors d’une conférence internationale coprésidée par Paris et Riyad. Ce signal fort, qui s’inscrit dans une dynamique géopolitique en mutation, relance les débats sur la viabilité de la solution à deux États et sur le rôle que la France entend jouer au Proche-Orient.
État palestinien : la France envisage une reconnaissance officielle en juin
Emmanuel Macron place l’État palestinien sur l’agenda de juin
C’est dans une interview de l’émission C à vous sur France 5, diffusée le mercredi 9 avril, que le président français a levé le voile sur ses intentions. Interrogé à son retour du Caire, Emmanuel Macron a affirmé sans détour, dans des propos partagés par France Info : « On doit aller vers une reconnaissance [d’un État palestinien] et donc dans les prochains mois, on ira. Je le ferai (...) parce que je pense qu’à un moment donné, ce sera juste ».
À travers cette phrase lourde de sens, le chef de l’État inscrit l’échéance dans une temporalité précise : juin 2025, à New York, lors d’une conférence internationale coprésidée avec l’Arabie saoudite. Ce sommet, annoncé dès décembre 2024 par le Quai d’Orsay, a pour but de relancer « la solution des deux États », gelée depuis des années dans un bourbier diplomatique stérile, peut-on lire sur Le Figaro.
Reconnaissance, mais à quelles conditions ?
L’enjeu n’est pas simplement déclaratif. Emmanuel Macron veut inscrire cette démarche dans un cadre collectif, une reconnaissance réciproque, et non un geste isolé. Il entend « participer à une dynamique collective, c’est-à-dire qui doit permettre aussi à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d’entre eux ne font pas ; d’être clairs contre ceux qui nient le droit d’Israël à exister, ce qui est le cas de l’Iran ; et de nous engager sur une sécurité collective de la région ».
Autrement dit, pas de blanc-seing unilatéral. La reconnaissance de l’État palestinien par la France ne s’effectuera que dans un contexte diplomatique élargi, structuré autour d’une sécurité régionale négociée. Un cadre soutenu par le plan proposé le 4 mars par la Ligue arabe, qui prévoit l’exclusion du Hamas de la gouvernance à Gaza, la démilitarisation de la zone, et une gouvernance en conformité avec le droit international.
Un soutien international croissant
La France ne serait pas pionnière dans cette démarche. Près de 150 États reconnaissent déjà l’État palestinien. En 2024, l’Irlande, la Norvège, l’Espagne et la Slovénie ont pris cette décision, consolidant une dynamique européenne encore marginale mais en progression. Du côté palestinien, cette perspective a immédiatement suscité une approbation officielle.
La ministre d’État aux Affaires étrangères, Varsen Aghabekian Shahin, a salué une annonce « conforme à la défense des droits du peuple palestinien et à la solution à deux États ». L’Organisation des Nations unies, pour sa part, alerte depuis plusieurs mois sur ce qu’elle considère comme « la dernière chance de parvenir à une solution à deux États », évoquant une situation régionale de plus en plus volatile, minée par les extrêmes et les actions militaires.
Entre pragmatisme diplomatique et calcul politique
Emmanuel Macron joue ici une carte diplomatique à haut risque. Si le sommet de juin échoue à concrétiser cette reconnaissance, la France se trouvera en posture délicate. Inversement, une reconnaissance précipitée, sans cadre multilatéral, exposerait Paris à une série de représailles politiques et économiques de la part d’alliés stratégiques, notamment Israël et les États-Unis.
Mais le président français ne semble pas craindre cette tension. Son positionnement semble mû par une volonté de restaurer l’image de la France comme puissance médiatrice, et non comme acteur passif d’un Proche-Orient déchiré.