L’État réduit encore les aides à l’électricité solaire en toiture

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a officialisé, ce jeudi 26 juin, un nouveau coup de frein sur le soutien public à la production d’électricité photovoltaïque en toiture. À compter du 1er juillet, le tarif de rachat appliqué aux surplus injectés sur le réseau par les grandes installations chutera à 88,60 euros le mégawattheure (MWh), contre 95 euros précédemment. Une décision qui s’inscrit dans une stratégie de « rationalisation » annoncée à l’automne, avec la mise en place d’appels d’offres pour remplacer le dispositif actuel.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 27 juin 2025 11h06
L'État réduit encore les aides à l'électricité solaire en toiture
L’État réduit encore les aides à l’électricité solaire en toiture - © Economie Matin
6,8%L'État baisse de 6,8 % le tarif de rachat de l’électricité solaire en toiture dès juillet 2025 et prépare la fin des aides automatiques, remplacées par des appels d'offres.

Electricité : les aides au solaire en toiture de nouveau rognées

Encore une fois, la filière photovoltaïque paie le prix d’un recentrage budgétaire. Le tarif de rachat des surplus d’électricité pour les installations solaires situées sur des grandes toitures, d’une puissance comprise entre 100 et 500 kilowatts (kW), baisse de 6,8 % à partir du 1er juillet 2025. Désormais, les exploitants percevront 88,60 euros par MWh injecté, contre 95 euros jusqu’alors. Cette évolution résulte directement du mécanisme de dégressivité automatique, déclenché par une demande supérieure aux objectifs fixés entre mars et mai, avec un volume 2,3 fois plus élevé qu’anticipé.

Cette décision marque la troisième baisse consécutive depuis le début de l’année. Et, elle a occasionné une chute cumulée de 19,5 % sur six mois pour ce segment d’installations. Et ce n’est pas fini. L’État a prévu de tourner définitivement la page du système de guichet ouvert en introduisant dès l’automne un système d’appels d’offres simplifiés, bien plus restrictif. Selon la CRE, ce changement vise à "mieux cibler les soutiens et à maîtriser l’enveloppe budgétaire".

Electricité : le recentrage stratégique sur les toitures en question

Le photovoltaïque, filière pourtant la plus soutenue par le budget public, subit un revirement notable. Dès le mois de janvier 2025, le gouvernement évoquait la nécessité d’un « recentrage vers les installations les plus efficaces », afin d’éviter un « emballement des projets ». Pour les professionnels du secteur, cette logique technocratique masque une volonté politique de réduire à tout prix la dépense, quitte à freiner l’essor du solaire.

Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), réagit fermement, dans des propos publiés par Les Echos : « Nous nous attendions à la baisse du tarif de rachat […]. Les tergiversations du début d’année, avant le nouvel arrêté du 26 mars, avaient conduit à un dépôt massif de demandes de raccordement pour cranter le tarif à 95 euros et limiter la casse. » Ce "pic" artificiel de projets a servi de justification à la baisse tarifaire de juillet. Pire encore : la mise en place, dès la fin mars, d’une caution obligatoire de 10 000 euros a fait chuter d’un tiers le nombre de dossiers déposés. Une mesure dissuasive qui risque de geler de nombreux projets.

Electricité : appels d’offres, flou réglementaire et inquiétudes industrielles

À la rentrée, c’est un tournant structurel qui s’amorce. Le gouvernement, en concertation avec la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), s’apprête à remplacer le guichet actuel par des appels d’offres simplifiés. Mais les modalités exactes restent floues. Là encore, le SER alerte sur les risques, dans des propos partagés par le quotidien : « Ce qui nous importe le plus, c’est qu’on ne réduise pas les volumes des appels d’offres à peau de chagrin, au motif qu’on aurait déjà dépassé l’objectif annuel du guichet. ». Au-delà du pilotage conjoncturel, cette évolution laisse planer de sérieuses incertitudes sur la visibilité de la trajectoire énergétique.

Selon Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE, il existe « un peu de marge » du côté du solaire, compte tenu du « retard » dans la croissance de la consommation d’électricité en France. Mais cet argument sonne creux dans une filière en attente d’investissement. La multiplication des révisions tarifaires, la complexification des règles et l’absence d’une stratégie claire inquiètent aussi bien les développeurs que les investisseurs. Alors que le gouvernement promeut l’autonomie énergétique, il organise dans le même temps la raréfaction des outils qui permettraient de l’atteindre.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

No comment on «L’État réduit encore les aides à l’électricité solaire en toiture»

Leave a comment

* Required fields