Le 2 avril 2025, la NASA a revu à la hausse la probabilité qu’un astéroïde baptisé 2024 YR4 entre en collision avec la Lune le 22 décembre 2032. Longtemps scruté pour sa trajectoire potentiellement dangereuse envers la Terre, ce corps céleste a changé de cible. Et les scientifiques ne cachent pas leur excitation face à ce potentiel crash lunaire. Mais pourquoi un tel engouement ? Et devons-nous nous inquiéter ?
Espace : l’astéroïde YR4 pourrait percuter la Lune, quel danger pour la Terre ?
L’astéroïde YR4 : ce que nous savons
Découvert le 27 décembre 2024 par le système de détection ATLAS à Hawaï, 2024 YR4 appartient à la catégorie des objets géocroiseurs de type Apollo, réputés pour frôler la Terre. Initialement, il a semé l’inquiétude. À son apparition, sa trajectoire laissait envisager une probabilité de 3,1 % de collision avec notre planète en décembre 2032, un chiffre qui l’avait alors hissé au niveau 3 de l’échelle de Turin, utilisée pour évaluer le risque d’impact d’objets célestes. Mais la panique fut de courte durée.
« La probabilité d’impact d’un astéroïde augmente souvent dans un premier temps, avant de tomber rapidement à zéro à mesure que la région d’incertitude se rétrécit », a rappelé l’Agence spatiale européenne (ESA), citée par BFMTV dans son article du 4 avril 2025. À mesure que les observations se sont précises, le risque pour la Terre est devenu quasi nul, avec une probabilité réduite à 0,001 %, selon la NASA.
Thanks to @NASAWebb, we have more information about asteroid 2024 YR4. It's about the size of a 10-story building.
Based on data from Webb and ground-based telescopes, the asteroid also has a nearly 4% chance of impacting the Moon in 2032.https://t.co/RbnUfekufX pic.twitter.com/880aOzXf9f
— NASA Asteroid Watch (@AsteroidWatch) April 2, 2025
Le nouveau scénario : une cible lunaire
Ce que redoute aujourd’hui la communauté scientifique, ce n’est plus un crash terrestre, mais une collision avec la Lune. Le 2 avril 2025, la NASA a indiqué que la probabilité d’impact lunaire est passée de 1,7 % à 3,8 %, d’après les données recueillies par le télescope spatial James Webb et les instruments terrestres.
« Les experts du Centre d’étude des objets proches de la Terre du Jet Propulsion Laboratory ont mis à jour la probabilité que [l’astéroïde] 2024 YR4 percute la Lune le 22 décembre 2032, [...] sur la base des données Webb et des observations des télescopes terrestres », a précisé l’agence dans un communiqué cité par BFMTV. La bonne nouvelle ? « Il y a encore 96,2 % de chances que l’astéroïde passe à côté de la Lune », ajoute la NASA, toujours dans ce même communiqué.
Un danger pour la Terre ? Aucun
Doit-on craindre des répercussions sur notre planète en cas d’impact lunaire ? La réponse est univoque. « Aucune conséquence pour la Terre », tranche Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS, interrogé par BFMTV. Même si de la matière éjectée pouvait atteindre notre atmosphère, cela ne constituerait « pas une menace majeure », estime aussi David Rankin, ingénieur à l’université d’Arizona, dans les colonnes de New Scientist. La NASA a également tenu à rassurer : « Dans le faible cas où l’astéroïde percuterait la Lune, son orbite ne serait pas modifiée. »
Un crash attendu comme une expérience scientifique
Mais alors, pourquoi autant d’attention ? Parce que cet impact potentiel constitue une opportunité scientifique inédite. Voir un corps de plus de 50 mètres de diamètre heurter un sol céleste, en direct ou presque, n’a encore jamais été observé. « Ce serait une super expérience si on pouvait observer cet impact, qui nous permettrait d’avancer dans nos connaissances de ce processus et vérifier nos modélisations », souligne Patrick Michel à BFMTV. « Ce serait incroyable », ajoute Julia de Leon, astronome pour l’ESA, citée par El País. Richard Moissl, chef du bureau de défense planétaire de l’ESA, voit même dans ce choc « une occasion précieuse pour les futures opérations de défense planétaire ».
Ce que révélerait un impact
Les calculs actuels estiment que YR4, mesurant entre 53 et 67 mètres, soit l’équivalent d’un immeuble de 15 étages, pourrait générer un cratère lunaire de 600 mètres à 1,2 km de diamètre. Le phénomène serait visible depuis la Terre. « Le flash d’impact de la roche vaporisée serait visible depuis la Terre, même pendant la journée », avance Gareth Collins de l’Imperial College of London dans New Scientist. L’idée de pouvoir filmer ou mesurer un tel choc fascine. Car au-delà du spectacle, ce serait un véritable laboratoire naturel, permettant d’étalonner nos modèles d’impact, de fragmentation, et de diffusion d’énergie.
Toutefois, il convient de rester prudent : la probabilité d’impact évolue à mesure que de nouvelles données sont collectées. « À ce jour, un impact lunaire en 2032 n’est pas exclu », notent Andy Rivkin (Johns Hopkins University) et son équipe dans une étude publiée dans RNAAS. Le télescope James Webb ne pourra observer de nouveau YR4 qu’à partir de 2026. D’ici là, les agences spatiales continueront à surveiller sa trajectoire avec attention.