Épargne réglementée : mars 2025, un mois noir pour le Livret A

L’ambiance n’est pas à la fête du côté de l’épargne réglementée. Certains produits autrefois adulés par les Français semblent désormais peiner à séduire. Le Livret A en fait les frais… et c’est la faute de l’inflation.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 24 avril 2025 6h27
Happy,excited,indian,mother,and,kid,dropping,cash,into,piggybank.
Happy excited Indian mother and kid dropping cash into piggybank. Caring mom teaching kid to save, invest money, collecting coins in piggy bank. Family savings, financial education concept - © Economie Matin
1,15 MILLIARD €La collecte totale du mois de mars 2025 atteint péniblement 1,15 milliard d’euros tous livrets confondus

Le 23 avril 2025, la Caisse des Dépôts a publié les chiffres de la collecte de l’épargne réglementée pour mars 2025. Livret A, LDDS (Livret de développement durable et solidaire) et LEP (Livret d’épargne populaire) sont passés au crible. Les résultats ? Surprenants, alarmants même, pour certains produits. L’épargne des Français n’a pas disparu. Elle s’est simplement déplacée.

Collecte du Livret A : l’épargne réglementée perd pied

Mars 2025 n’aura pas été tendre pour le Livret A. Sa collecte nette plafonne à 0,40 milliard d’euros, selon les données officielles de la Caisse des Dépôts. C’est faible, très faible. En cumul depuis le début de l’année, on atteint seulement 1,73 milliard d’euros, contre 6,16 milliards à la même période un an plus tôt. L’encours total du Livret A se stabilise malgré tout à 444,2 milliards d’euros, en légère hausse par rapport à décembre 2024.

Quant au LDDS, il n’est guère mieux loti. La collecte du mois de mars atteint 0,61 milliard d’euros, et 1,81 milliard sur le trimestre. L’encours s’élève à 162,4 milliards d’euros fin mars.

Les chiffres cumulés de ces deux produits — historiquement les piliers de l’épargne réglementée — donnent le ton : 1,02 milliard d’euros collectés en mars seulement, soit une dégringolade de 37 % par rapport à février, et 58 % de moins qu’en mars 2024, selon Le Revenu.

LEP : le dernier bastion d’une épargne populaire active

À contre-courant, le Livret d’épargne populaire (LEP) continue d’attirer les Français les plus modestes. En mars 2025, la collecte nette atteint 0,14 milliard d’euros, portant le cumul trimestriel à 0,60 milliard d’euros. Surtout, l’encours total du LEP s’établit à 82,8 milliards d’euros, en constante progression depuis sa revalorisation.

Son taux, fixé à 3,5 %, reste le plus généreux de tous les produits réglementés. De quoi expliquer son succès, même limité à une partie de la population. Le LEP agit ici comme un révélateur de l’écart croissant entre les besoins d’épargne et la rentabilité réelle des placements garantis.

L’épargne est toujours là, mais elle se déplace

En additionnant Livret A, LDDS et LEP, la collecte totale du mois de mars 2025 atteint péniblement 1,15 milliard d’euros. Et le cumul trimestriel plafonne à 4,14 milliards d’euros. Des niveaux historiquement bas. Pour mémoire, la moyenne des premiers trimestres depuis 2010 s’élève à 9,18 milliards d’euros.

Pourtant, les Français n’ont pas cessé d’épargner. Ils choisissent simplement d’autres supports. L’assurance vie en euros a connu un départ fulgurant en 2025, tandis que certains comptes à terme redeviennent compétitifs. Les raisons sont multiples : taux d’intérêt en baisse, inflation modérée, désenchantement face à des produits jugés peu rémunérateurs. La baisse du taux du Livret A à 2,4 % depuis février 2025, contre 3 % auparavant, a sonné comme une déception brutale. Pire, une nouvelle baisse est attendue cet été.

Encours globaux : un plafond atteint ?

Malgré cette baisse de la collecte, les encours totaux demeurent élevés. À fin mars 2025, l’épargne réglementée représente :

  • 444,2 milliards d’euros pour le Livret A
  • 162,4 milliards d’euros pour le LDDS
  • 82,8 milliards d’euros pour le LEP

Soit un total de 689,4 milliards d’euros d’épargne réglementée.

Épargne des ménages : vers un rééquilibrage des priorités ?

L’érosion de la collecte sur le Livret A et le LDDS est un signal fort. La population n’a pas déserté l’épargne. Elle la reconfigure, cherche plus de sens, plus de rendement, ou tout simplement plus de flexibilité.

Les pouvoirs publics devront arbitrer entre les impératifs de financement public (logement social, transition écologique...) et les attentes d’épargnants devenus plus exigeants. Et si le véritable enjeu de 2025, c’était de redonner au Livret A un sens et une attractivité ?

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «Épargne réglementée : mars 2025, un mois noir pour le Livret A»

Leave a comment

* Required fields