Une cheville qui vrille, une douleur passagère, et l’on pense souvent à une simple foulure sans gravité. Pourtant, derrière cette blessure jugée mineure, l’entorse, se cachent des conséquences bien plus insidieuses, souvent ignorées du grand public.
Entorse de la cheville : la HAS propulse les kinés au cœur du protocole

Une entorse qui fait trembler les certitudes médicales
Le 15 mai 2025, la Haute Autorité de Santé (HAS) a secoué les certitudes médicales avec la publication de nouvelles recommandations concernant les entorses du ligament collatéral latéral de cheville. En apparence anodine, cette pathologie orthopédique est en réalité la porte ouverte aux récidives à répétition et à l’instabilité articulaire chronique. Face à ce constat accablant, la HAS redéfinit la marche à suivre. Et les kinésithérapeutes en sortent renforcés comme jamais.
L’entorse de cheville : sous-estimée, mal soignée, trop souvent négligée
Que cache donc le mot "entorse" ? Un mot familier, une blessure commune, mais dont la banalisation est une erreur lourde de conséquences. L’entorse du ligament latéral externe survient en cas de torsion violente du pied vers l’intérieur, créant une lésion ligamentaire plus ou moins grave. Œdème, douleur aiguë, limitation du mouvement : la cheville parle, mais encore faut-il savoir l’écouter.
Trop souvent, on applique un peu de glace, on serre une bande, et on passe à autre chose. Pourtant, selon la HAS, cette légèreté de traitement est précisément ce qui favorise les rechutes et la dégradation à long terme. Le message est clair : il faut agir vite. Très vite.
Réagir en 24 heures : la nouvelle exigence
« Toute personne devrait consulter un médecin généraliste ou un masseur-kinésithérapeute exerçant dans le cadre de l’accès direct ou d’un protocole national de coopération – idéalement dans les 24 heures suivant le traumatisme. » Telle est la première directive sans appel formulée dans la recommandation validée par la HAS le 15 mai 2025, Haute Autorité de Santé – Entorse du ligament collatéral latéral de cheville : diagnostic, rééducation et reprise de l’activité physique.
Car une entorse, ça se détecte, ça s’analyse, ça se prend en main sans tarder. Si les symptômes évoquent un autre diagnostic – fracture, luxation ou lésion tendineuse – un médecin doit être saisi immédiatement. Mais si l’entorse est confirmée, alors la suite logique, c’est la rééducation.
Rééducation : une révolution dans la méthode
Fini les protocoles automatiques. La HAS réclame une prise en charge individualisée et non standardisée. Chaque entorse est unique, chaque rééducation doit l’être aussi. « La rééducation est le traitement de première intention à proposer aux patients diagnostiqués d’une entorse du ligament collatéral latéral », insiste la HAS. Peu importe l’âge, la condition physique, ou le niveau d’activité : dès le premier épisode ou lors d’une récidive, il faut intervenir.
Cette rééducation s’organise en fonction de l’évaluation clinique du patient. Le nombre de séances, leur contenu, les modalités – tout cela est désormais co-défini entre le patient et le professionnel de santé. Une flexibilité qui sonne comme une petite révolution dans le paysage rigide des soins conventionnés.
Les kinés en première ligne, enfin reconnus à leur juste rôle
Mais la vraie nouveauté, celle qui change la donne pour toute une profession, c’est l’accès direct aux soins de kinésithérapie. Oui, les kinés peuvent désormais être consultés en première intention dans le cadre d’une entorse, sans prescription médicale préalable, à condition de respecter un protocole national de coopération.
Un bond en avant salué par les représentants de la profession, qui y voient à juste titre une reconnaissance de leur expertise clinique. Les masseurs-kinésithérapeutes deviennent acteurs à part entière de la stratégie thérapeutique, capables de diagnostiquer une entorse, d’initier un traitement, et d’adapter celui-ci selon l’évolution du patient.
Des soins enfin adaptés aux territoires
La HAS ne l’ignore pas : l’égalité d’accès aux soins est une illusion sans un ancrage territorial. C’est pourquoi les recommandations laissent volontairement une marge d’adaptation à l’organisation locale : « L’organisation des soins […] est à adapter selon les ressources humaines et matérielles disponibles sur chaque territoire ».
Autrement dit, la prise en charge ne sera plus dictée par une logique centralisée, mais modelée par la réalité du terrain. Un gage d’efficacité, mais aussi de réactivité face à l’augmentation constante des traumatismes articulaires liés au sport ou à une activité professionnelle exigeante.