Nucléaire : l’EPR de Flamanville a (enfin) redémarré et a été raccordé au réseau électrique national

Une lumière clignote (enfin) de nouveau sur le tableau de bord du parc nucléaire français. L’EPR de Flamanville, qui avait été mis à l’arrêt pendant plus de deux mois, a redémarré. Pour de bon cette fois ?

Axelle Ker
By Axelle Ker Published on 22 avril 2025 9h59
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Nucléaire : l’EPR de Flamanville a (enfin) redémarré et a été raccordé au réseau électrique national - © Economie Matin
23,7 milliards d’eurosLa facture du chantier de l’EPR de Flamanville s’élève à 23,7 milliards d’euros, soit sept fois le budget initialement prévu.

Le réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville a été redémarré et raccordé au réseau électrique national, samedi 19 avril 2025.

EPR Flamanville : un redémarrage et un raccordement au réseau national

Le samedi 19 avril 2025, à 20h30, l’EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville 3, situé dans le département de la Manche, a enfin été reconnecté au réseau électrique national, soit avec deux jours d'avance. Cela faisait exactement deux mois qu’il était à l’arrêt. Une reprise scrutée de près, tant ce réacteur cristallise les attentes, les critiques… et les milliards d’euros.

Mais que produit-il concrètement depuis ce redémarrage ? Pas grand-chose encore, diront les sceptiques. À sa remise en service, l'EPR de Flamanville 3 a injecté 90 mégawatts sur les 1.620 mégawatts qu’il est censé pouvoir délivrer à pleine puissance. Autrement dit, à peine 5,5 % de son potentiel. Une mise en tension minimale nécessaire pour tester la chaîne de production avant de la faire monter en régime.

Cette phase est loin d’être accessoire. Comme le rappelle en effet EDF : « Toutes les opérations de redémarrage et de connexion au réseau ont pu être faites et cela a permis de le coupler au réseau dès samedi » Une étape-clé dans le processus d’activation, qui marque le début d’une longue montée en puissance... si tout se passe comme prévu.

Des mois d’arrêt pour un réacteur flambant neuf : pourquoi ?

L’arrêt de l’EPR, le 15 février 2025, n’était pas anodin. Il faisait suite à une série d’aléas techniques. Parmi eux, une intervention sur le circuit de refroidissement par eau de mer, essentiel au bon fonctionnement de la turbine alternateur, et donc à la conversion d’énergie thermique en électricité.

EDF a reconnu que des réglages sur les paliers mécaniques, des pièces de guidage des rotors, et d’autres équipements stratégiques avaient nécessité des arrêts supplémentaires. À cela se sont ajoutées des opérations de reprise de calibration.

À titre de rappel, l’EPR de Flamanville n’avait été raccordé au réseau électrique que le 21 décembre 2024, soit avec douze ans de retard sur le calendrier initial. Et la note, elle, s’est envolée : le coût du chantier a été multiplié par sept, pour atteindre la somme vertigineuse de 23,7 milliards d’euros, selon les dernières estimations officielles.

Une montée en puissance progressive (et incertaine)

EDF tente de rassurer : « Il est normal de ne pas être actuellement à pleine puissance », a insisté le groupe. La montée en puissance du réacteur se fait, selon leurs dires, « par paliers successifs ». Des essais de variation de puissance sont ainsi planifiés jusqu’au mercredi 23 avril 2025, avec des étapes à 20 %, 60 %, puis 80 % de la capacité nominale, avant un objectif affiché de 100 % d’ici l’été 2025.

Un calendrier toujours étalé, certes, mais suspendu à la validation de plus de 1.500 critères de sûreté définis par EDF, que le réacteur doit impérativement franchir avant de pouvoir atteindre sa pleine puissance. Cette montée en régime, prévue sur plusieurs mois, se déroule sous la supervision réglementaire de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). EDF évoque un « processus progressif pouvant nécessiter une dizaine d’arrêts de maintenance », parfois même imprévus.

À quand une baisse de facture des Français ?

Le redémarrage de l'EPR de Flamanville et son raccordement au réseau électrique national ne riment pas avec un allègement immédiat de la facture d’électricité des consommateurs. Mais dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, chaque mégawatt injecté dans le réseau national compte. La production de l’EPR, une fois stabilisée, pourra potentiellement alimenter plus d’un million de foyers.

Pour l’heure, la pleine puissance, promise pour l’été, reste conditionnée au bon déroulement de cette phase de montée progressive. EDF garde le cap, mais la vigilance reste de mise.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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