Le magnat de la tech, autrefois célébré pour son génie entrepreneurial, subit aujourd’hui une défiance croissante de la part des Américains. À l’heure où sa silhouette plane sur l’administration Trump et ses coupes budgétaires brutales, l’opinion publique s’interroge : jusqu’où ira l’ascension fulgurante – et la chute vertigineuse – d’Elon Musk ?
Plus de la moitié des Américains en a marre d’Elon Musk
Depuis le 27 avril 2025, date de publication du sondage AP-NORC, l'image d'Elon Musk auprès du public américain a franchi un nouveau palier... vers l'impopularité. Selon cette enquête nationale, 65 % des Américains estiment que Musk détient trop d'influence sur le gouvernement fédéral.
Elon Musk sous les feux croisés : entre pouvoir et inquiétude
Il faut dire que la situation a de quoi nourrir l’inquiétude : placé à la tête du très controversé Department of Government Efficiency (DOGE), Musk a impulsé une vague de licenciements massifs et de fermetures d'agences fédérales, sous la houlette d’un Donald Trump revenu à la Maison-Blanche pour un second mandat.
Le sondage révèle une fracture politique saisissante. 57 % des Américains expriment une opinion défavorable à l’égard de Musk, alors que seulement 33 % lui restent favorables. Les Républicains apparaissent majoritairement bienveillants, tandis que Démocrates et Indépendants dressent un réquisitoire sans appel contre l’homme d’affaires.
DOGE, Tesla et Doge : quand le rêve américain tourne à la critique
Les Américains sont-ils en train de se lasser de leur icône entrepreneuriale ? La réponse semble sans équivoque. Selon PBS News, « deux tiers des adultes pensent que Musk a eu trop d'influence sur le gouvernement fédéral durant les derniers mois ».
Sa création du DOGE, censée incarner une révolution de l’efficacité administrative, est devenue un symbole d’arrogance technocratique. Bien loin des débuts enthousiastes, Musk cristallise désormais les critiques : « Il pense qu’on dirige un gouvernement comme on dirige une entreprise. Et ce n’est pas comme ça que ça marche », déclare ainsi Susan Wolf, 75 ans, au micro de PBS.
À cela s’ajoute un revers financier : Tesla, autrefois fleuron de la transition énergétique, traverse une zone de turbulences économiques avec une chute de 71 % de ses profits au premier trimestre. Musk lui-même a reconnu qu’il allait « se désengager de DOGE pour consacrer plus de temps à Tesla ».
Quant à ses anciennes provocations sur le Dogecoin et autres lubies crypto, elles apparaissent désormais bien lointaines face à l’immense défi de restaurer sa popularité dans un paysage politique polarisé.
L'irrésistible ascension... avant la dégringolade ?
Mais comment expliquer ce basculement brutal d’un héros national vers le statut de bouc émissaire public ?
La polarisation idéologique explique en partie l’affaire : 70 % des Républicains continuent de soutenir Musk, contre seulement 20 % des Indépendants et 10 % des Démocrates. Pourtant, même dans les rangs conservateurs, 37 % des Républicains avouent qu’il exerce « trop d'influence » sur l'État fédéral.
La perspective de voir des programmes emblématiques – Social Security et Medicare – impactés par les coupes fait également grimper la critique. Deux adultes sur cinq expriment une peur « extrême ou très forte » d’être touchés par la réduction des services publics, principalement chez les Démocrates.
L’ironie du sort veut que celui qui promettait l’efficacité s’est surtout attiré la défiance, rattrapé par son incapacité à transposer la gouvernance d’une multinationale à celle d’une nation fracturée.