Les États-Unis ont instauré, le 3 avril, des droits de douane de 25 % sur toutes les importations de véhicules. Cette décision fracassante de Donald Trump, dans le cadre d’un retour offensif à une politique commerciale ultra-protectionniste, bouscule l’ensemble du secteur automobile. Les constructeurs, pris de court, révisent en urgence leurs stratégies. Dans un climat d’incertitude absolue, une question domine, comment survivre à ce choc frontal sans caler sur les marchés américains ?
Droits de douane : les constructeurs automobiles ajustent leur stratégie aux États-Unis

Droits de douane : des surcoûts que les constructeurs automobiles ne peuvent plus ignorer
L’annonce est tombée sans avertissement. Et comme toujours avec Donald Trump, le ton est brutal. Mais les effets sont bien réels, à court terme, les coûts de production des véhicules destinés aux États-Unis explosent. Impossible de les absorber sans conséquences. Résultat ? Tous les constructeurs envisagent, ou déjà actent, une hausse importante de leurs prix. Comme le souligne Le Figaro, « tous prévoient d’augmenter les prix pour absorber les hausses de coûts ».
Olivier Hanoulle, du cabinet Roland Berger, prévient dans les colonnes du quotidien français : « Même si certains constructeurs ont annoncé leur intention d’accroître leurs capacités dans leurs usines aux États-Unis, il faut se préparer à une longue phase d’attentisme. Tout le monde cherche à savoir ce qui va se passer pour agir ». Le cabinet AutoForecast Solutions estime, qu’environ 2 millions de ventes de véhicules pourraient disparaître du marché américain cette année à cause de cette décision. Rien que pour la première année, l’impact pour les consommateurs se chiffrerait à plus de 30 milliards de dollars (27 milliards d'euros) de hausse des prix.
Les constructeurs automobiles explorent toutes les pistes pour protéger leurs exportations vers les États-Unis
Le mot d’ordre dans les sièges sociaux ? Reconfigurer en vitesse les chaînes logistiques. Certaines marques n’ont pas attendu que la poussière retombe pour réagir. Nissan a suspendu les commandes américaines de ses modèles Infiniti QX50 et QX55 assemblés au Mexique. Volkswagen, via sa marque Audi, retient même certains véhicules dans les ports américains en attendant une clarification réglementaire.
La tentation du repli local est forte. Nombreux sont les groupes qui possèdent déjà des sites d’assemblage aux États-Unis, mais ils devront désormais renforcer ces infrastructures ou multiplier les investissements. Or, cette stratégie prend du temps, et surtout, coûte très cher. Ajoutons que le Mexique et le Canada, bien qu’initialement protégés par l’Accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada (USMCA), voient aujourd’hui leurs privilèges commerciaux remis en question. Le climat se durcit.
Exportations automobiles : vers une guerre commerciale mondiale ?
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le Canada a saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dénonçant des tarifs jugés discriminatoires et arbitraires. L’Union européenne, elle, prépare une riposte. Selon Euractiv, Bruxelles envisage d’imposer à son tour 25 % de droits de douane sur une série de produits américains. L’Union européenne « fera de même » si ses produits sont taxés à 25 % aux États-Unis, avait alors déclaré fin février 2025, le ministre français de l’Économie Eric Lombard. L’escalade menace.
Et les dommages collatéraux risquent d’être lourds. Selon une étude de la Federal Reserve de Richmond, le taux moyen de droits de douane appliqué par les États-Unis pourrait passer de 2,2 % à 17 %, mettant à genoux plusieurs secteurs industriels, notamment dans le Midwest et le Sud-Est du pays.