Déménagement post-pandémie de COVID-19 : 15 % des Français regrettent leur choix

De nombreux Français ont choisi de déménager après la crise sanitaire, portés par l’espoir d’un changement de cadre de vie. Une étude met aujourd’hui en lumière le revers de ces déménagements, entre regrets, réalités sociales et évolutions du mode de vie.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 3 juin 2025 9h58
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35 %35 % des répondants au sondage envisagent de changer de lieu de vie dans les années à venir.

Le 31 mai 2025, une étude conduite par la société Les Déménageurs Bretons, relayée par Le Parisien, a révélé que 15 % des Français ayant déménagé à la suite de la crise du Covid-19 regrettent leur décision. Cette enquête, menée auprès de 2 017 personnes représentatives de la population, met en évidence les difficultés rencontrées après un changement de résidence survenu dans un contexte particulier. Elle offre un éclairage sur les motivations initiales, les conditions de vie post-déménagement, et les écarts entre les attentes et la réalité.

Le déménagement post-Covid : un phénomène massif aux ressorts multiples

La pandémie a bouleversé les repères résidentiels. Confinements répétés, télétravail imposé, recherche d’espace extérieur : ces facteurs ont conduit une part importante de la population à revoir ses priorités en matière de logement. Selon l’étude, environ un quart des Français ont déménagé depuis 2020, dont un tiers sans y avoir songé avant la crise sanitaire. Ce mouvement s’est accompagné d’un engouement pour les zones moins denses, parfois rurales, et d’un éloignement volontaire des grandes agglomérations.

Le télétravail, en particulier, a été un levier décisif. Il a permis à de nombreux actifs d’envisager un changement de vie sans devoir renoncer à leur emploi. Mais ce choix s’est parfois fait dans l’urgence ou sans anticipation des contraintes liées au nouveau lieu de résidence. L’envie d’espace s’est souvent heurtée à l’isolement, à la disparition de certains services ou à des réalités économiques et sociales différentes de celles du lieu de départ.

Des regrets largement motivés par le cadre de vie et l’isolement

Parmi les répondants ayant exprimé des regrets, plusieurs raisons se détachent nettement. Selon le baromètre, 42 % citent une perte de confort de vie, 30 % un isolement social, 30 % une déception liée au logement, 23 % un éloignement familial et 18 % un manque de structures de proximité. Ces facteurs traduisent une forme d’inadéquation entre les attentes initiales et les réalités locales, notamment dans les territoires périurbains ou ruraux.

Certaines catégories de la population semblent plus sujettes à ces regrets. L’étude indique que les hommes sont davantage concernés (17 %, contre 9 % des femmes), ainsi que les habitants d’Île-de-France (18 %) et les familles nombreuses (18 %). Ces profils, souvent les premiers à avoir déménagé pendant ou juste après la crise, semblent avoir été plus durement confrontés à l’écart entre projet de vie et quotidien concret.

Pour Xavier Berton, franchisé de la société de déménagement à Angers, cité par Ouest-France le 31 mai 2025 : « Après le Covid, beaucoup de gens ont voulu se délocaliser. Tout le monde voulait son bout de jardin, surtout dans les grandes villes. [...] Le contraste entre une vie très urbaine et un environnement qui l’est moins peut créer un manque. »

Témoignages et réajustements : un retour vers l’urbain ?

L’exemple de Charlotte et Romain, rapporté par Le Parisien, illustre ce phénomène. Après avoir quitté Paris pour le Sud-Ouest, ils ont finalement décidé de revenir dans la capitale. « On s’est rendu compte que ça n’était pas chez nous. Je suis contente d’être de retour à Paris. Nos amis nous prennent pour des fous, mais nous, on est soulagés », explique Charlotte. Un témoignage représentatif de cette minorité de Français qui, après avoir tenté l’expérience d’un ailleurs, choisissent un retour à leurs repères initiaux.

Ces réajustements mettent en évidence la complexité des dynamiques résidentielles : ce qui semblait adapté à une situation de crise ne l’est pas forcément dans un contexte stabilisé. Le déménagement, loin d’être une simple opération logistique, révèle une forte dimension identitaire, sociale et affective.

Des intentions de mobilité toujours présentes malgré les difficultés

Si 15 % des Français regrettent leur déménagement, l’envie de bouger reste vivace. Toujours selon l’étude, 35 % des répondants envisagent de changer de lieu de vie dans les années à venir. Le phénomène touche particulièrement les jeunes adultes (71 % des 18-24 ans), les actifs de moins de 35 ans (61 %), les habitants de Paris (43 %) et les cadres (42 %). Cela traduit une aspiration persistante à un cadre de vie différent, mais potentiellement mieux préparé qu’auparavant.

Néanmoins, déménager reste perçu comme une étape éprouvante. 72 % des personnes interrogées considèrent cette transition comme une source majeure de stress, liée notamment à la complexité logistique (49 %), aux coûts engagés (44 %) et aux formalités administratives (39 %). Le déménagement, s’il répond souvent à une quête d’amélioration, continue d’être un facteur de déséquilibre temporaire.

Une évolution durable des comportements résidentiels ?

Le déménagement post-crise sanitaire révèle les limites d’une décision parfois trop rapide, motivée par des circonstances exceptionnelles. Il souligne aussi la nécessité d’une réflexion approfondie sur les aspirations de vie, les besoins quotidiens, et la qualité des services de proximité. Dans un contexte d’instabilité économique, les arbitrages résidentiels continueront de jouer un rôle central dans les choix de vie des Français.

La pandémie a laissé une empreinte durable dans les pratiques de mobilité. Mais elle a aussi rappelé que l’ancrage territorial ne se résume pas à une maison plus grande ou un jardin. Il dépend tout autant des liens sociaux, de l’accessibilité, et de la capacité à se projeter dans un environnement. Le déménagement, s’il doit répondre à une aspiration légitime, ne peut se faire sans prendre en compte l’ensemble des paramètres qui structurent la vie quotidienne.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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