La Constitution de la Vème République est excellente, à condition de savoir s’en servir…

Ce qu’il convient de changer en France, au plan du fonctionnement des institutions politiques, est moins de l’ordre constitutionnel que de la pratique politicienne, qui n’a cessé de se dévoyer, depuis cinquante ans.

Alain Dumait
By Alain Dumait Published on 19 mai 2025 9h30
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La Constitution de la Vème République est excellente, à condition de savoir s’en servir… - © Economie Matin
17 millions d'eurosLe budget du Conseil constitutionnel pour l'année 2025 s'élève à 17 millions d'euros.

Il ne faut jamais oublier que le Général De Gaulle, en 1958, désigné le 1er juin 1958 Président du Conseil de la IVème République, n’a pas attendu d’être élu Président de la Vème République, le 21 décembre 1958, pour remettre la France sur les rails.

Quand on veut, on peut ! Que ce soit sous cette constitution - déjà modifiée 25 fois ! - ou sous la précédente. Pas besoin d’une VIème.

Mais d’un président qui veuille, et qui sache faire… Et qui commence par s’assurer qu’il disposera d’une majorité parlementaire, en faisant pour cela ce qu’il faut, au plus tard entre les deux tours de l’élection présidentielle.

Constitution, rien n’est impossible à un gouvernement

Car, avec une majorité parlementaire, sous cette Constitution, rien n’est impossible à un gouvernement.
Il peut disposer des pleins pouvoirs et gouverner pendant une période limitée par ordonnances : plus de 1000 textes ont été ainsi promulgués, sous ce régime très encadré découlant de l’article 38 de la Constitution, depuis 1960…

Il peut organiser des referendums, sous le régime de l’article 11 de la Constitution, élargit en 2008. Y compris, sans doute sur l’immigration, même si certains juristes l’estimeraient hors-champs, à condition que le Conseil constitutionnel l’accepte. Mais même les pouvoirs devenus exorbitants du Conseil constitutionnel pourraient très bien être modifiés par referendum…

Bref, les dérives ou les insuffisances dont souffre notre pays depuis cinquante ans (déficits, dette publique, insécurité, ghettos urbains, déclin général, désindustrialisation, niveau scolaire…) ne sont en rien la conséquence de défauts de nos institutions, mais seulement de la pratique de nos dirigeants successifs.

Ce qui ne veut pas dire que certaines améliorations ne seraient pas envisageables, toutes conformes d’ailleurs à la pensée du fondateur de cette Constitution, le général de Gaulle.

Ainsi :

  • Instaurer, au moins pour les élections législatives, un scrutin majoritaire à un seul tour, ce qui permettrait d’empêcher les accords de partis du type « Front républicain » en 2024… ( C’était la volonté première du Comité constitutionnel de 1958, présidé par Michel Debré. Et c’est la seule et funeste concession faite par le Général aux partis, qui menaçaient, sinon, de voter contre la nouvelle Constitution).
  • Décentraliser et introduire de la démocratie directe au niveau des collectivités territoriales. (C’était l’esprit du referendum raté de 1969, décidé trop tard, lors du deuxième septennat du Général, dans la foulée des évènements de mai 1968).

S’il en était besoin, la dernière prestation télévisuelle du Président Macron suffirait à nous convaincre qu’un président sans majorité, en fin de parcours, mais bien décidé à aller à la fin de son bail Elyséen, en est réduit à se justifier (pendant plus de trois heures…), sans être en mesure d’annoncer fût-ce un referendum, même d’ordre sociétal, comme pourtant annoncé, tout sujet choisi risquant d’être détourné par les électeurs afin de manifester leur désaveu.

Sans doute les candidats à la prochaine élection présidentielle seront-ils départagés sur leur programme. Mais la compétition devra également porter sur leur détermination à le mettre en oeuvre. Non seulement sur leurs convictions, mais aussi sur leur courage.

Alain Dumait

Alain Dumait, 79 ans, est journaliste depuis 1970. Il devient éditeur de journaux en 1978 et crée La Lettre A, lance "Les 4 Vérités-Hebdo", puis plusieurs autres publications. Il a racheté L’Essor de la Gendarmerie en 2012, qu'il dirige toujours.

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