Déchets de travaux : comment s’en débarrasser légalement et efficacement

La réglementation concernant la gestion des déchets de travaux en France a évolué avec l’entrée en vigueur des nouvelles obligations le 1er janvier 2022. Face à la montée en puissance des préoccupations environnementales, l’heure n’est plus à l’improvisation. Gravats, bois, amiante, peinture… chaque résidu de chantier impose un traitement rigoureux, tant pour la planète que pour éviter les sanctions. Pourtant, nombre de particuliers et de professionnels restent désorientés devant les contraintes imposées par la législation. Une méconnaissance qui peut coûter cher.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 5 juin 2025 18h00
Déchets de travaux : comment s’en débarrasser légalement et efficacement
Déchets de travaux : comment s’en débarrasser légalement et efficacement - © Economie Matin

Travaux : les déchets ne sont pas tous logés à la même enseigne

Derrière chaque marteau-piqueur, chaque pot de peinture, chaque planche arrachée au mur, se cache un potentiel polluant. Non, tous les déchets ne se valent pas, et encore moins ceux issus des travaux. Gravats inertes, solvants, métaux, fibres dangereuses : leur tri ne relève pas d’un luxe, mais d’une obligation.

Ils partagent tous une même caractéristique, leur composition chimique souvent complexe impose un traitement spécifique et encadré. Ce constat sans appel s’accompagne d’une mise en garde, ces résidus ne doivent jamais rejoindre les ordures ménagères. Leur itinéraire est balisé : déchetteries, filières spécialisées, voire entreprises certifiées selon leur dangerosité.

Gravats et déchets verts : en route vers la déchetterie

Premiers sur le banc des accusés, les gravats. Leur volume est souvent colossal, et s’ils ne présentent pas de toxicité intrinsèque, leur abandon sauvage est lourdement sanctionné. La législation se montre inflexible, et les peines encourues pour les dépôts sauvages peuvent s’avérer particulièrement lourdes. Plusieurs centaines, voire milliers d’euros d’amende, pour une benne déposée en lisière de forêt ? Une plaisanterie qui ne fait plus rire personne. La seule alternative viable, la déchetterie.

Toutes les communes ou communautés d’agglomération disposent de centres adaptés, dotés de bennes spécifiques. Encore faut-il être correctement équipé : gants, brouette, sacs de chantier, véhicule adapté. Même rengaine pour les déchets verts. Tondre, élaguer ou débroussailler entraîne l’accumulation de branchages, feuilles et résidus végétaux. Là encore, direction la zone verte des déchetteries où ils seront souvent valorisés sous forme de compost.

Peintures, solvants et amiante : les déchets dangereux sous haute surveillance

Si les gravats sont encombrants, d’autres déchets s’avèrent autrement plus sournois. Les produits chimiques, peintures, colles, solvants, enduits, font figure de bombes environnementales s’ils ne sont pas traités correctement. Ces déchets, en raison de leur toxicité, doivent impérativement être déposés en déchetterie pour un traitement adapté. En cas de refus, seule une entreprise agréée pourra intervenir.

Et que dire de l’amiante, fléau invisible des logements anciens ? Présent dans les plafonds, cloisons, gaines, ce matériau interdit depuis 1997 reste tristement répandu. Sa manipulation sans protection est un crime sanitaire. Son transport ? Une affaire de spécialistes. Emballage étanche, sac homologué, traçabilité via un bordereau de suivi des déchets (BSD), tout doit être documenté. Et pour cause, l’exposition aux fibres d’amiante cause encore chaque année plusieurs milliers de cas de maladies pulmonaires graves en France.

Travaux et réemploi : ne jetez plus vos meubles

Les travaux de rénovation entraînent souvent un renouvellement du mobilier. Plutôt que de charger votre camion d’une vieille armoire bonne à brûler, pourquoi ne pas la donner ? Les associations, comme Emmaüs, se chargent de collecter, réparer et redistribuer. Des associations récupèrent ces objets, les restaurent puis les revendent afin de soutenir le financement de leurs actions.

À l’heure des réseaux sociaux, le don entre particuliers explose. Groupes de dons locaux, plateformes de mise en relation… Les alternatives se multiplient, permettant de désencombrer utilement tout en évitant la mise en décharge.

Les obligations légales : tri, traçabilité et sanctions

Depuis le 1er juillet 2021, tout professionnel du bâtiment doit indiquer sur ses devis les modalités de gestion des déchets générés par les travaux. Quant aux projets de démolition ou de rénovation dépassant 100 m², ils sont soumis à un diagnostic PEMD (Produits, Équipements, Matériaux, Déchets), imposant un inventaire rigoureux. Et gare aux manquements. Des sanctions administratives et pénales guettent les contrevenants. Fermeture d’activité, astreintes, voire emprisonnement, le tri, ce n’est pas une option.

Outre les sanctions prévues par le Code de l’environnement, la gestion négligente des déchets est un véritable risque pour la santé publique. Plomb, solvants, amiante, les polluants diffusés dans la nature ou stockés illégalement contaminent les sols, les nappes phréatiques et l’air ambiant. Et ceux qui croient qu’une benne déposée sur un parking isolé passe inaperçue se trompent lourdement. La vidéosurveillance et les drones font désormais partie des outils utilisés par les collectivités pour traquer les dépôts illicites.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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