Malgré une inflation modérée et un contexte international moins défavorable, l’économie française est sur le point de caler. La croissance, qui devait enfin redémarrer, s’épuise à un rythme alarmant. Pourquoi le pays reste-t-il à la traîne alors que ses voisins européens commencent à redresser la tête ?
Croissance en berne, chômage en hausse : l’Insee voit noir pour 2025

Le 18 juin 2025, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié sa note de conjoncture très attendue. Le constat est sévère : la croissance française ne devrait atteindre que 0,6 % en 2025, après une progression de 1,1 % en 2024. Cette prévision est inférieure aux 0,7 % visés par le gouvernement, qui la juge encore « atteignable » malgré les tensions internationales et les ajustements budgétaires massifs prévus pour l’an prochain .
« Alors qu’en 2023 et 2024, l’activité française avait plutôt mieux résisté que dans les autres pays européens, les moteurs tricolores s’essoufflent désormais », souligne l’Insee.
Consommation : le pouvoir d’achat se sauve mais les ménages n’achètent plus rien
Malgré une inflation contenue autour de 1 % d’ici la fin 2025, le pouvoir d’achat des ménages progressera peu : seulement +0,7 %, après une hausse de 2,5 % en 2024. La consommation des ménages, traditionnel levier de la croissance hexagonale, devrait croître au même rythme modeste. Cette stagnation trouve son origine dans une prudence persistante des Français, notamment des retraités qui continue de cumuler leur argent sans le réinjecter dans l’économie réelle.
D’après les données bancaires analysées par l’Insee, les deux tiers de l’augmentation du taux d’épargne en 2024 proviendraient des retraités, dont les pensions ont été revalorisées de 5,3 % sans déclencher pour autant un rebond de la consommation. Le taux d’épargne devrait reculer légèrement à 18,2 % en moyenne sur l’année, contre un record de 18,8 % au premier trimestre 2024.
L’investissement cale, le chômage augmente
Les investissements, déjà en repli en 2024, continuent de fléchir : -0,5 % en 2025, après une chute de -1,3 % l’année précédente. Les entreprises réduisent leurs dépenses (-0,8 %) sous l’effet combiné de taux d’intérêt élevés et d’une surtaxe budgétaire ciblant les grandes sociétés. Les ménages, eux, limitent leurs achats immobiliers malgré de timides signes de reprise dans la construction de logements neufs. Même les administrations publiques freinent : leurs investissements passeraient en territoire négatif (-0,6 %).
L’embellie du marché du travail observée en 2023 et 2024 semble s’interrompre. Le taux de chômage remonterait à 7,7 % fin 2025, contre 7,4 % actuellement. Cette dégradation touche d’abord les jeunes actifs et les secteurs industriels exposés à la concurrence internationale. L’Insee constate également une baisse du dynamisme des embauches dans les services, ainsi qu’un ralentissement dans les créations d’emplois publics en lien avec les objectifs de réduction du déficit.
Commerce extérieur : désormais un moteur de décroissance pour l’économie française
Après avoir contribué positivement à la croissance en 2023 et 2024, le commerce extérieur devrait peser négativement sur l’activité en 2025, en retirant 0,7 point de croissance. Le phénomène s’explique par une hausse des importations, en partie liée à une demande intérieure concentrée sur les biens importés, alors que les exportations françaises stagnent. Les entreprises perdent des parts de marché à l’international, aggravant le déséquilibre commercial .
Une politique budgétaire resserrée… mais risquée
Dans un contexte de discipline budgétaire renforcée, le gouvernement prévoit 40 milliards d’euros d’économies en 2025. Ces coupes, qui visent à ramener le déficit public sous la barre des 3 % du PIB d’ici 2027, affectent les dépenses sociales et les investissements publics. « L’économie française ne semble pas évoluer au diapason du continent », souligne l’Insee dans une note pessimiste citée par 20 Minutes, pointant une divergence croissante avec ses partenaires de la zone euro.
Croissance en France : vers une stagnation prolongée ?
La croissance s’estompe alors que la France entre dans une phase de stagnation économique. À défaut de choc positif, l’ensemble des moteurs internes (consommation, investissement, emploi) manquent de carburant. Même l’inflation, aujourd’hui modérée, ne suffit plus à dynamiser l’activité via l’ajustement des prix relatifs.
Si les prévisions de l’Insee se confirment, 2025 pourrait marquer une inflexion durable dans le potentiel de croissance français. La trajectoire actuelle interroge : que faudra-t-il pour réenclencher la machine ?