Un chiffre. Deux chiffres. Une gifle. 2,3 %. Voilà où en est la croissance mondiale selon la Banque mondiale. Une estimation si basse qu’elle ne laisse plus de place au doute : l’économie mondiale glisse lentement mais sûrement vers un marasme durable. Le choc est là, les conséquences s’annoncent ravageuses.
Croissance 2025 : la Banque mondiale enterre les derniers espoirs
La nouvelle est tombée le 10 juin 2025, dans le rapport semestriel Global Economic Prospects de la Banque mondiale. La prévision de croissance mondiale pour 2025 a été ramenée à 2,3 %, contre 2,7 % en janvier. C’est le niveau le plus bas enregistré depuis la crise financière de 2008, si l’on exclut les années de récession mondiales pures.
Un seuil historique : 2,3 %, le plus bas hors récession depuis 2008
La tonalité du rapport ? Franche, préoccupante, sans échappatoire. « Il y a tout juste six mois, un atterrissage en douceur paraissait en vue (...). Désormais, il semble que nous courons vers de nouvelles turbulences », a déclaré Indermit Gill, économiste en chef de l’institution, cité par France 24.
Derrière cette révision brutale, une conjonction de facteurs alarmants. Premièrement, la hausse continue des taux d’intérêt à l’échelle mondiale a considérablement freiné l’investissement, à la fois public et privé. Les conditions de financement, devenues plus rigoureuses, pénalisent particulièrement les économies à revenu faible ou intermédiaire.
Deuxièmement, les tensions commerciales ont franchi un nouveau seuil de dangerosité. L'administration américaine, sous la présidence de Donald Trump, envisage de rehausser de 10 points supplémentaires les droits de douane sur les produits chinois. Ce simple scénario ferait plonger la croissance mondiale à 1,8 %, selon les simulations de la Banque mondiale.
Troisièmement, les incertitudes géopolitiques – conflits prolongés, instabilité énergétique, tensions régionales – viennent renforcer un climat délétère pour les affaires et la confiance des consommateurs.
Le détail des grandes zones économiques : la Banque mondiale douche les espoirs de tout le monde
Les prévisions par pays et blocs sont unanimes : tout le monde freine, personne n’accélère.
- États-Unis : la croissance chute à 1,4 % pour 2025, contre près de 2,4 % en début d’année.
- Chine : descend à 4,5 %, loin de ses performances historiques.
- Inde : seule exception relative, se maintient à 6,3 %, mais à un niveau stable, sans sursaut.
- Zone euro : la croissance est abaissée à 0,7 %, niveau quasi stagnation.
En dehors de ces géants, la situation est encore plus préoccupante dans les pays en développement. La Banque mondiale évoque un véritable effondrement des perspectives de croissance à long terme. « En dehors de l’Asie, le monde en développement entre de plus en plus dans une ère de stagnation. Cette menace plane depuis plus d’une décennie maintenant », souligne Indermit Gill, cité par France 24.
Un avenir morose pour les économies fragiles : deux décennies de retard
Le rapport dévoile un chiffre glaçant : au rythme actuel, il faudrait vingt ans aux pays à faible revenu pour retrouver leur trajectoire de croissance d’avant-pandémie. Une génération entière sacrifiée sur l’autel des crises multiples.
- La croissance du revenu par habitant dans les économies en développement tombera à 2,9 % en 2025, contre 4 % avant 2020.
- Les pays à faible revenu ne dépasseront pas 5,3 % de croissance, soit 0,4 point de moins qu’attendu en janvier.
- La moyenne des pays en développement plafonne à 3,8 %, très en dessous des niveaux des années 2010.
Ce ralentissement structurel, conjugué à un affaiblissement des échanges commerciaux mondiaux, laisse entrevoir une décennie de sous-performance généralisée.
Croissance en 2025 : l’alerte rouge est sonnée, et par tout le monde
La Banque mondiale n’est pas la seule à tirer la sonnette d’alarme. Dans une analyse publiée en mars 2025, l’OCDE anticipe également un ralentissement graduel, avec une prévision de croissance mondiale à 3,1 % en 2025. Le Fonds monétaire international, dans son rapport d’avril 2025, se montre un peu plus optimiste à 3,3 %, mais sans cacher les « risques extrêmes pesant sur les équilibres globaux ».
Les recommandations ? Elles se heurtent à des murs politiques : réduire les tensions commerciales, renforcer les partenariats régionaux, moderniser les infrastructures et orienter les dépenses publiques vers les plus vulnérables.