Crédit immobilier : les taux baissent, faut-il sauter sur l’occasion ?

Les vents tournent sur le marché du crédit immobilier. Alors que l’inflation se replie, les taux, eux, amorcent une trajectoire descendante. Mais ce retour à la normale est-il durable ?

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Last modified on 18 avril 2025 15h27
Crédit Immobilier
Crédit immobilier : les taux baissent, faut-il sauter sur l’occasion ? - © Economie Matin
3,30 %Le taux moyen pour un crédit immobilier est tombé à 3,30 % en mars

Le 17 avril 2025, la Banque centrale européenne (BCE) a tranché, et annoncé une baisse de ses taux directeurs de 0,25 point, à 3,75 %. L’objectif est de contenir une inflation devenue moins menaçante. L'annonce a également le mérite de redonner un peu d’oxygène à une économie étouffée par deux ans de rigueur monétaire, notamment dans le crédit immobilier. Cette décision, qui marque un tournant après une longue séquence de hausses, devrait mécaniquement pousser les taux de crédit immobilier à la baisse. Et ce n’est pas une promesse vague : c’est un mécanisme classique.

Car lorsque le taux de refinancement baisse, les banques obtiennent de l’argent à moindre coût. Résultat : elles peuvent prêter plus facilement, et parfois même, relancer une concurrence que l’on croyait oubliée. Sur le terrain, cela s’est déjà matérialisé : selon les chiffres de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen sur vingt ans est tombé à 3,30 % en mars, contre 3,45 % deux mois plus tôt. Un frémissement timide ? Plutôt une alerte sérieuse pour les emprunteurs attentistes.

Crédit immobilier : pourquoi les taux baissent malgré l’instabilité

La géopolitique aurait pu briser l’élan. Entre conflits militaires persistants, tensions commerciales et annonces tonitruantes de Donald Trump sur les droits de douane le 2 avril 2025, les marchés étaient sous tension. En bourse, la réaction ne s’est pas fait attendre : les indices mondiaux ont plongé, pris de panique. Et pourtant, l’OAT (Obligation Assimilable du Trésor), référence des taux immobiliers, a baissé. Le jeudi 17 avril, elle était à 3,20 %, contre 3,56 % un mois plus tôt. Incohérent ? Pas tant que ça.

Le repli des taux souverains français indique un regain d’appétit pour la dette jugée "sûre". Autrement dit, les investisseurs fuient la volatilité et se rabattent sur la sécurité. Cela fait chuter les taux d’intérêt à long terme, et, par ricochet, ceux des crédits à l’habitat. On aurait pu s’attendre à l’inverse. Et pourtant, voilà : les tensions mondiales ont, paradoxalement, créé un contexte favorable pour ceux qui veulent emprunter.

Crédit immobilier : comment profiter de la baisse des taux

C’est peut-être le moment de sortir du bois. Car plusieurs signaux convergent. D’abord, la BCE a annoncé une nouvelle baisse de ses taux le 17 avril, et certains économistes prédisent une autre détente d’ici l’été. Ensuite, les banques rouvrent les vannes.

Le phénomène est double. D’un côté, les objectifs de production de crédits n’ont pas été atteints en 2024. De l’autre, la baisse de l’inflation a redonné de la souplesse aux marges bancaires. Résultat : les primo-accédants sont redevenus la cible privilégiée des établissements, qui rivalisent désormais à nouveau par des offres, notamment sur des durées longues.

Et ce n’est pas tout. Depuis le 1er avril 2025, le nouveau Prêt à taux zéro (PTZ) a été élargi. Il couvre désormais 50 % du financement pour les logements neufs dans les zones tendues, et jusqu’à 40 % pour les acquisitions dans l’ancien avec travaux. Une arme redoutable pour alléger le coût total du crédit. Autrement dit : le moment est venu de simuler, négocier et... bondir.

Crédit immobilier : faut-il attendre encore ?

Certains guettent encore un effondrement des taux. Une erreur classique. Car les banques ne sont pas des ONG : elles n’ont aucun intérêt à brader leur marge plus que nécessaire. Selon la Banque de France, les taux sur les nouveaux prêts à l’habitat ont chuté à 3,25 % en janvier 2025, soit une baisse de 14 points de base par rapport au mois précédent. Mais rien ne garantit une poursuite linéaire. Dès qu’un frémissement inflationniste ou une instabilité macroéconomique surgira, la BCE pourrait refermer le robinet.

En somme, la fenêtre est là. Étroite. Et temporaire. Ceux qui auront pris rendez-vous, mis à jour leurs dossiers, consolidé leur apport et surtout activé leur réseau de courtiers auront une longueur d’avance.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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