La Cour des comptes a lancé un avertissement ce 2 juillet. La France est désormais « plus que jamais sous la menace des créanciers ». À travers un rapport sur l’état des finances publiques, l’institution épingle une situation budgétaire gravement dégradée. Ce constat alarmant survient alors même que le gouvernement élabore sa prochaine trajectoire budgétaire. Mais peut-on encore parler de « trajectoire », quand les repères se brouillent et que le mur de la dette s’approche à vitesse grand V ?
La Cour des comptes alerte : la France sous la menace des créanciers

Les créanciers au cœur d’une dérive budgétaire devenue structurelle
Dans un document publié le 2 juillet 2025, la Cour des comptes affirme que : « La France vient de traverser deux années noires en matière de finances publiques », dans des propos rapportés par Le Figaro. L'institution n’invoque ni guerre, ni pandémie pour expliquer cette débâcle, mais une cause bien plus endogène : « l’incapacité à maîtriser la dynamique de la dépense et encore plus encore à engager des efforts d’économies pérennes ».
Le cœur du problème ? Une dérive budgétaire qui, loin d’être conjoncturelle, est devenue systémique. En deux ans, l’objectif de redescendre sous les 3 % de déficit public, exigence européenne, est devenu deux fois plus coûteux. Il faudrait désormais économiser 105 milliards d’euros d’ici à 2029, contre 50 milliards initialement. Ce chiffre vertigineux souligne un glissement inquiétant. Derrière la rhétorique des « choix politiques », ce sont des échéances financières bien concrètes qui se profilent. Et les créanciers, eux, ne votent pas, ils notent, exigent, sanctionnent.
La Cour publie son rapport annuel sur la situation et les perspectives des #FinancesPubliques, afin d'éclairer le débat public en amont de la préparation des textes financiers qui seront présentés au Parlement à l’automne.
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— Cour des comptes (@Courdescomptes) July 2, 2025
Quand la Cour des comptes conjure le pouvoir exécutif
Rarement le ton de la Cour aura été aussi direct. Elle ne se contente plus de recommander, elle « conjure » désormais le gouvernement de « crédibiliser d’urgence » son effort budgétaire pour 2026. Car les engagements actuels, estime-t-elle, sont « lacunaires », « incohérents » et « peu convaincants ».
La France ne paie pas encore plus cher pour s’endetter, mais l’érosion de la confiance est enclenchée. Dans ce contexte, la crédibilité ne se décrète pas : elle se démontre. Et la Cour des comptes souligne l'urgence de décisions structurelles, qu’elles soient fiscales, sociales ou organisationnelles. Le temps des ajustements cosmétiques semble révolu.
Créanciers : l’effet domino d’un État impuissant
L’alerte ne concerne pas seulement les finances de l’État central, mais l’ensemble du système public français. D’après la Cour, le danger d’un « effet boule de neige » n’est plus théorique. L’augmentation des taux d’intérêt, conjuguée à la croissance molle, pourrait rapidement faire exploser la charge de la dette, estimée à 75 milliards d’euros annuels d’ici 2027 selon Le Monde.
Les collectivités locales, longtemps considérées comme des amortisseurs, sont désormais pointées du doigt pour leur contribution à la dérive. Les dépenses de fonctionnement explosent, les primes et recrutements s’accumulent, et les projets d’investissements ne sont pas toujours rationalisés. Face à cette spirale, la Cour anticipe une pression croissante des marchés. La France pourrait rapidement perdre son aura de signature sans risque, ce qui la placerait dans le viseur des agences de notation. Et avec elles, des créanciers moins indulgents.