Un événement scientifique hors norme a été rapporté le 9 juillet par la Johns Hopkins University. Pour la première fois, un robot autonome, guidé par intelligence artificielle (IA), a réalisé avec succès une série d’opérations chirurgicales sans aucune intervention humaine. Une avancée de taille dans l’histoire de la robotique médicale, susceptible de bouleverser les standards hospitaliers d’ici dix ans.
Chirurgie : une IA opère seule avec succès pour la première fois
Un robot-chirurgien formé comme un expert
Baptisé SRT-H (pour Surgical Robot Transformer – Hierarchical), ce robot-chirurgien a été développé par l’équipe du professeur Axel Krieger, spécialiste de robotique médicale à la Johns Hopkins University. Alimenté par un modèle d’IA générative, il a été formé à l’aide de 17 heures de vidéos chirurgicales montrant 16 000 gestes médicaux sur des ablations de vésicules biliaires.
Le robot a ainsi assimilé les séquences opératoires grâce à un système d’apprentissage par imitation, renforcé par des instructions vocales comme « saisis la vésicule » ou « recule le bras gauche ». Il s’adapte en temps réel, corrige ses erreurs, identifie les artères, clippe les conduits et retire les tissus, tout cela avec 100 % de réussite.
Un essai concluant… mais en conditions maîtrisées
Les essais ont été réalisés sur des organes de porc ex vivo, c’est-à-dire prélevés sur des cadavres. Le robot n’était pas confronté à des paramètres biologiques complexes comme la respiration ou le flux sanguin actif. L’expérience, bien que rigoureusement conduite, reste donc préclinique.
Selon Guillaume Morel, professeur en robotique à Sorbonne Université, interviewé par Les Échos, « ils se sont simplifié la tâche, car ça ne bouge pas et ça ne respire pas ! ». Il ajoute cependant que « c’est très impressionnant techniquement. Vous m’auriez demandé il y a quinze ans, je vous aurais répondu que ça ne serait pas possible. »
IA : vers une autonomie chirurgicale en milieu réel ?
Pour l’équipe de chercheurs, le défi n’était pas de réaliser un geste programmé, mais de construire un robot capable de comprendre le déroulé d’une opération, d’en identifier les imprévus et de s’ajuster en continu. Dans plusieurs essais, des perturbations ont été introduites, modification de la position initiale, altération visuelle des tissus, sans compromettre le résultat final.
« Ce travail représente une avancée majeure vers des systèmes chirurgicaux autonomes capables d’évoluer dans la complexité réelle d’un bloc opératoire », explique Ji Woong Kim, co-auteur principal, cité dans The Hub de la Johns Hopkins University.