C’est un chiffre qui paraît irréel. Et pourtant, dès 2026, la Formule 1 pourrait payer son carburant jusqu’à 300 euros le litre. Un tarif qui en dit long sur les défis de la transition énergétique. Et si ce qui se passe dans les paddocks nous concernait, nous aussi ?
Carburant : 300 euros le litre en F1, et si votre plein coûtait aussi cher demain ?
Faire le plein d’essence à prix d’or, c’est déjà un casse-tête pour beaucoup de Français. Mais dans l’univers de la Formule 1, ce casse-tête s’apprête à prendre une dimension presque absurde : jusqu’à 270 euros le litre de carburant pour les monoplaces dès 2026. Non, ce n’est pas une erreur. C’est le prix estimé du futur carburant 100 % durable que la discipline compte imposer à toutes les équipes pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone.
La F1 change de carburant, et la facture explose
Actuellement, les écuries de Formule 1 utilisent depuis 2022 un carburant appelé E10, composé de 10 % d’éthanol renouvelable. Un premier pas vers une motorisation plus propre. Mais à partir de 2026, place à une essence totalement renouvelable, conçue pour fonctionner avec la nouvelle génération de moteurs hybrides. Problème : son prix est dix fois plus élevé que celui du carburant actuel.
D’après les données recueillies par The Race et évoquées lors d’une récente Commission F1 à Genève, les projections les plus prudentes annoncent un tarif entre 150 et 200 euros le litre. Et certains redoutent même un pic à 300 dollars, soit 270 euros. Pour une équipe de F1, cela représente près de 2 millions d’euros par saison rien que pour le carburant.
Un signal fort sur le vrai coût de la transition énergétique
Ce qui se passe dans les paddocks n’est pas un cas isolé. Ce prix astronomique n’est que la traduction directe des enjeux que rencontre toute la filière énergie : quand une technologie est nouvelle, elle coûte cher. Très cher. Comme l’explique Nikolas Tombazis, directeur des monoplaces à la FIA : « Au départ, tout est nouveau, tout est innovant et, d’une certaine manière, tout n’est que prototype. Et petit à petit, à mesure que les entreprises apprendront, elles réduiront progressivement leurs coûts. ».
En économie, on appelle cela la courbe d’apprentissage : plus une technologie est produite à grande échelle, plus elle devient rentable. Mais cela prend du temps. Et au départ, il faut encaisser le choc. Ce que les équipes de F1 expérimentent aujourd’hui, c’est exactement ce que devront affronter les consommateurs demain avec les carburants synthétiques, les batteries solides, ou l’hydrogène.
Vers une essence propre mais inabordable ?
L’exemple de la F1 montre bien le dilemme actuel : produire un carburant sans émission ne garantit pas son accessibilité. Si même des structures comme Red Bull ou Ferrari doivent s’inquiéter de leur budget carburant, qu’en sera-t-il pour un ménage moyen, quand ces mêmes carburants arriveront (un jour) en station-service ?
Et ce n’est pas seulement une question de sport automobile. C’est aussi une question de modèle économique. Car derrière chaque litre à 270 euros, il y a des installations complexes, des processus chimiques coûteux, et des marges d’optimisation encore faibles. En clair, le carburant synthétique est un luxe. Et tant que les volumes produits resteront faibles, il le restera.