Face à « l’état d’urgence budgétaire » dans lequel se trouve la France – selon les mots du Premier ministre François Bayrou lors de sa conférence du mardi 15 avril 2025 –, l’exécutif amorce des révisions ciblées en vue de l’élaboration du budget de 2026. Dans le viseur : les niches fiscales.
Budget 2026 : pas de hausse d’impôts, mais moins de niches fiscales ?
Ce mercredi 16 avril 2025, invitée sur TF1, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a lancé un pavé dans la mare : supprimer plusieurs centaines de niches fiscales, afin de réaliser des économies dans le cadre du budget 2026 et d’éviter de nouvelles hausses d’impôts.
Dégager 8 milliards d’économies sur les niches fiscales
Pour rappel, les niches fiscales désignent des mesures dérogatoires au droit fiscal commun. Elles se traduisent par des réductions, crédits ou exonérations d’impôt accordés à certains contribuables ou secteurs, afin d’encourager une activité, une dépense ou un comportement particulier. Bien qu’elles soient souvent justifiées par des objectifs économiques ou sociaux, leur prolifération – 467 recensées à ce jour – représente un coût considérable pour les finances publiques, estimé à 85 milliards d’euros par an, selon les chiffres avancés par Amélie de Montchalin.
La ministre des Comptes publics propose de supprimer environ 10 % de ces mécanismes, ce qui permettrait, selon ses calculs, d’économiser 8 milliards d’euros. Certaines de ces niches, a-t-elle souligné, profiteraient à un nombre extrêmement restreint de contribuables – parfois moins d’une centaine – et, dans certains cas, à aucun bénéficiaire identifié.
🗣️ "On préfère avoir des impôts potentiellement plus bas pour tout le monde, plutôt que des impôts élevés avec certains qui eux, ont de très fortes réductions d'impôts. Et si on supprime beaucoup de niches... on fera des baisses d'impôts pour tout le monde" : @AdeMontchalin pic.twitter.com/3NO8f9ikh1
— TF1Info (@TF1Info) April 16, 2025
Des suppressions ciblées
Amélie de Montchalin l’a assuré : si des coupes dans les niches fiscales venaient à être actées dans le cadre du budget de 2026, celles relatives aux services à la personne et à la garde d’enfants seront préservées. Ces deux dispositifs sont considérés comme essentiels pour des millions de foyers et pour la création d’emplois non délocalisables.
Il convient par ailleurs de souligner que de nombreuses niches fiscales soutiennent indirectement des filières professionnelles telles que le bâtiment, la culture, l’énergie, la recherche, et comme évoqué précédemment, les services à domicile. L’arbitrage s’annonce donc délicat. Consciente des enjeux, Amélie de Montchalin a tenu à insister sur la nécessité d’avancer par étapes, en évaluant chaque dispositif à l’aune de son efficacité réelle : « Ce que je veux, c'est baisser les impôts pour tout le monde plutôt que d'avoir des niches fiscales pour quelques-uns ». En ce sens, la ministre chargée des Comptes publics affirme son intention de s’attaquer aux niches fiscales « obsolètes », c’est-à-dire celles qui n’ont plus de justification économique ni d’impact réel.
40 milliards d'euros d'économies à trouver pour 2026
Une mesurette ? Le gouvernement cherche à agir — c’est du moins l’image qu’il souhaite donner, faute d’arbitrages concrets et immédiats. Avec 40 milliards d’euros d’économies à trouver pour l’année 2026, les niches fiscales apparaissent comme une forme de compromis — qui serait bien plus populaire que de nouvelles hausses d’impôts — pour l’exécutif, qui semble, malgré la situation budgétaire de la France, bloqué dans l'immobilisme.
Reste à savoir si le gouvernement confirmera ou non cette piste, celui-ci restant sous la menace d’une motion de censure qui pourrait survenir à tout instant.