Les apparences sont parfois trompeuses : derrière la promesse d’un forfait sans engagement, une petite ligne en bas de facture peut vous coûter cinq euros. Un détail ? Pas si sûr.
Forfait sans engagement : Bouygues vous fait payer pour résilier
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Published on 10 juin 2025 6h29
418 MILLIONS €Le résultat net de Bouygues Telecom a été de 418 millions d'euros en 2024.
Le 6 juin 2025, Bouygues Telecom a officiellement mis en œuvre une décision controversée : l’ajout de frais de résiliation de cinq euros pour ses forfaits B&You, pourtant sans engagement. En somme : pas d’engagement… mais il va quand même falloir sortir la carte bleue pour se désengager.
Forfait sans engagement : Bouygues Telecom impose cinq euros pour partir
Depuis le début du mois de juin, Bouygues Telecom a glissé discrètement une nouvelle ligne dans les conditions de ses forfaits B&You sans engagement : la facturation de cinq euros pour toute résiliation, à condition que celle-ci ne passe pas par la portabilité du numéro. Autrement dit, vous partez sans transférer votre numéro ? Il faudra payer.
Selon les mentions qui apparaissent au bas des factures depuis mai 2025, « Nous faisons évoluer nos conditions tarifaires, à compter du 9 juin 2025 : en cas de résiliation de votre forfait B&YOU, des frais de résiliation de 5 euros seront facturés. », souligne 60 Millions de Consommateurs. L’opérateur justifie ce changement par des « frais techniques et administratifs », une explication qui fait sourire jaune quand on connaît l’automatisation des plateformes en ligne.
Les frais ne s’appliquent ni aux offres fixes ni aux forfaits Bouygues Telecom classiques, uniquement aux clients B&You, pourtant historiquement séduits par la flexibilité promise. Officiellement, Bouygues Telecom insiste sur le fait que ces frais « ne concernent pas les résiliations avec portabilité », relaye Capital. En clair, changez d’opérateur tout en conservant votre numéro, et l’opérateur ne vous facturera rien.
Les autres opérateurs font-ils mieux ? Clairement oui
Sur ce point, Bouygues Telecom fait cavalier seul. Ni Free, ni Orange, ni SFR ne facturent à ce jour le moindre frais de résiliation pour leurs forfaits mobiles sans engagement. Le contraste est frappant.
La portabilité du numéro est en effet devenue une norme dans le secteur. C’est d’ailleurs ce qui permet à de nombreux clients de changer d’opérateur sans effort. Et c’est précisément là que se niche le paradoxe de Bouygues Telecom : l’opérateur continue de revendiquer un modèle sans engagement, tout en ajoutant une pénalité... sauf si l’utilisateur migre vers un concurrent.
Ce choix tranche aussi avec l’esprit de la réglementation sur la résiliation simplifiée, entrée en vigueur depuis 2023. La loi oblige désormais les opérateurs à permettre une résiliation « en trois clics », via l’espace client en ligne. Une obligation légale devenue un levier marketing pour certains acteurs... mais que Bouygues Telecom transforme en guichet à péage.
Peut-on éviter de payer ? Oui, mais il faut vite résilier son abonnement
Il existe en réalité une astuce parfaitement légale pour contourner ces nouveaux frais : demander la portabilité du numéro au moment de la résiliation. Cette manœuvre simple permet de transférer son numéro chez un concurrent (par exemple Free, Sosh ou Red by SFR) sans payer les cinq euros.
Autre levier possible : invoquer une modification unilatérale du contrat, si l’annonce des frais a été faite sans préavis suffisant. En théorie, toute modification des conditions générales de vente (CGV) permet au client de résilier sans frais, dans un délai de quatre mois. Mais encore faut-il que l’opérateur envoie une notification explicite. Et sur ce point, Bouygues Telecom semble avoir joué la carte de la discrétion… pour éviter un départ massif ? 60 Millions de Consommateurs précise ainsi : « Pour dissuader ses clients de changer d'abonnement, Bouygues a dégainé une nouvelle condition. Depuis quelques jours, les détenteurs d'un forfait B&YOU peuvent lire cette précision tout en bas de leur dernière facture. » Un choix éditorial qui frise la manœuvre délibérée.
La rentabilité au coeur de la stratégie des opérateurs téléphoniques
En coulisses, cette décision n’a rien d’anecdotique. Elle s’inscrit dans un contexte où les opérateurs cherchent à rentabiliser chaque poste de dépense, face à une concurrence tarifaire féroce. Bouygues Telecom semble vouloir dissuader les résiliations simples, en poussant les clients à effectuer une portabilité (donc à rester plus « traçables » dans le circuit concurrentiel).
Cette logique s’appuie sur des données internes : les clients qui résilient sans portabilité sont souvent les plus « déconnectés », moins enclins à revenir, ou en partance vers des solutions sans abonnement (eSIM, carte prépayée, offres alternatives). En facturant ces sorties, l’opérateur minimise les pertes sèches tout en affichant une stabilité commerciale artificielle.
Mais cette tactique pourrait aussi se retourner contre lui. Car si les autres acteurs maintiennent une gratuite totale pour la résiliation, Bouygues risque de perdre sur l’image ce qu’il gagne sur les cinq euros.
Ces cinq euros qui pourraient coûter cher à Bouygues Telecom
En apparence mineure, cette décision de Bouygues Telecom sur les frais de résiliation soulève une question bien plus large : un forfait sans engagement est-il encore vraiment sans contraintes ? En ajoutant des frais discrets mais réels, l’opérateur joue sur une frontière fine entre rentabilité et confiance.
Reste à savoir si les clients sanctionneront ce choix à leur manière, en profitant de la portabilité gratuite… vers la concurrence.