Assurance habitation : pourquoi les primes vont continuer d’augmenter ?

Les prix de l’assurance habitation ont bondi de près de 30 % depuis 2020. Sécheresses, tempêtes, retraits des assureurs, taxes : les causes s’accumulent. Et pour les assurés, la facture continue de grimper.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 16 juin 2025 10h00
Assurance habitation : quel est le tarif moyen en 2025 ?
Assurance habitation : pourquoi les primes vont continuer d’augmenter ? - © Economie Matin
20%Au 1er janvier 2025, la surprime « Cat Nat », incluse dans toutes les assurances habitation, est passée de 12 % à 20 %.

L’assurance habitation coûte de plus en plus cher

Entre 2020 et 2025, le prix moyen d’un contrat a augmenté de 28 %, passant d’environ 210 euros hors taxes à près de 300 euros aujourd’hui. Et cette tendance semble loin de se stabiliser.

Selon une étude du comparateur Assurland, la prime annuelle moyenne en 2023 s’élevait à 279 euros, en hausse de 4,3 % par rapport à l’année précédente. En 2024, la hausse s’est accélérée : +7,2 %. Et 2025 ? Les projections font état d’une nouvelle augmentation comprise entre 8 % et 12 %

Un cocktail explosif pour l’assurance habitation : climat, coût des travaux, fiscalité

Le climat, premier responsable

La multiplication des événements climatiques alourdit considérablement la facture des compagnies. En 2023, les sinistres liés aux catastrophes naturelles ont coûté 6,5 milliards d’euros à la profession, selon France Assureurs.

Sécheresses, inondations, grêle : rien n’épargne le bâti. En 2024, le phénomène de retrait-gonflement des argiles a ainsi causé des fissures dans des milliers de maisons, avec des coûts de réparation parfois supérieurs à 20 000 euros par dossier.

Un alourdissement fiscal

Au 1er janvier 2025, la surprime « Cat Nat », incluse dans toutes les assurances habitation, est passée de 12 % à 20 %. Cette hausse décidée par l’État finance le régime des catastrophes naturelles, mais elle est directement répercutée sur la prime des assurés. Le Monde confirme que cette seule mesure représente plus de 1,2 milliard d’euros supplémentaires pour les ménages.

La construction, elle aussi, se renchérit

Refaire un toit, remplacer une charpente, reconstruire après un sinistre : tout coûte plus cher. En 2024, l’indice du coût de la construction a bondi de +7,2 %, selon la Fédération française du bâtiment.

Et si l’on repensait tout le système ? Le choc du Haut-Commissariat au plan

En avril 2025, le Haut-Commissariat au plan, organisme rattaché à Matignon, a lancé un pavé dans la mare. Dans un rapport intitulé Repenser la mutualisation des risques climatiques (source officielle), il propose ni plus ni moins qu’un changement de paradigme : remplacer l’actuel système assurantiel par une “Sécurité sociale climatique”.

L’idée ? Traiter les sinistres climatiques non plus comme des aléas assurables individuellement, mais comme des événements collectifs, relevant d’un système public de solidarité nationale. Trois scénarios sont proposés : un modèle universel financé par l’impôt, une gestion publique déléguée en partie aux assureurs, ou un régime mixte à cotisations obligatoires.

Objectif affiché : maintenir l’assurabilité de tous les logements face à des risques devenus systémiques, et éviter la spirale des hausses de primes qui pourrait exclure une part croissante de la population.

Mais la réaction des assureurs a été immédiate. France Assureurs a vivement critiqué la proposition, parlant d’un “risque de désorganisation totale du secteur”, estimant que le projet provoquerait des coûts publics massifs, sans apporter de meilleure protection que le système actuel, pourtant déjà fragilisé. La fédération dénonce une vision “centralisatrice” et redoute une perte d’efficacité, de rapidité d’indemnisation, et de qualité de service pour les sinistrés.

Assurance habitation : des hausses très variables selon votre logement

Reste que, en 2025, selon les données du comparateur lelynx.fr, les primes moyennes varient fortement selon la zone géographique et le type de bien :

  • Appartement : environ 200 euros/an
  • Maison : entre 250 et 400 euros/an
  • Zones urbaines sensibles : jusqu’à 450 euros

À Paris, Nice ou Marseille, la hausse dépasse 10 % en moyenne. À la campagne, elle est parfois plus contenue, autour de 5 à 7 %.

Que faire pour ne pas trop subir ?

Comparer les offres

Il existe d’importants écarts de prix entre les assureurs, même à garanties équivalentes. Résilier est devenu simple : depuis la loi Hamon, tout contrat peut être dénoncé après un an.

Renforcer la sécurité

Installer un système d’alarme ou sécuriser ses ouvertures peut faire baisser la prime de 5 à 15 % selon les cas. Certaines compagnies réservent des réductions aux logements bien protégés.

Ajuster ses garanties

Assurez-vous que vos options correspondent à vos besoins. Certaines formules haut de gamme intègrent des services inutiles (conciergerie, assistance luxe). Supprimez l’inutile, vous gagnerez en lisibilité… et parfois en euros.

Une pression de plus en plus lourde pour les foyers

Selon la Direction du Trésor, la part des ménages qui consacre plus de 1 % de son budget annuel à l’assurance habitation est passée de 18 % en 2020 à 29 % en 2024. Les zones très exposées aux risques climatiques, comme les départements littoraux ou les Antilles, commencent à connaître des désengagements d’assureurs, ou des refus d’assurer certains biens.

Les hausses actuelles sont durables : la pression climatique, la fiscalité liée aux catastrophes naturelles, le coût des sinistres rendent inévitables les augmentations tarifaires. Les ménages doivent s’y préparer, s’informer et agir. Mais à terme, seule une réforme profonde du modèle d’indemnisation permettra de garantir l’accès à une assurance habitation à la fois viable pour les assureurs, et abordable pour les assurés.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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