Le numérique devait révolutionner la conduite. Pourtant, une étude montre que les conducteurs n’en peuvent plus des écrans qui envahissent l’habitacle.
Vous en avez assez du tout-écran dans votre voiture ? Vous n’êtes pas seul !
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Published on 1 juillet 2025 10h07
Le 30 juin 2025, l’étude annuelle « Initial Quality Study » de J.D. Power a livré ses conclusions sur la qualité des véhicules neufs. Le mot-clé qui domine le rapport : écran. Trop présents, trop complexes, trop distrayants, les écrans deviennent le principal point de tension entre les automobilistes et leurs voitures, selon plus de 90 000 témoignages recueillis. Ce rapport intervient alors que l’Europe s’apprête à imposer, dès juillet 2026, des règles strictes sur la présence de commandes physiques dans les habitacles. Décryptage d’un désamour numérique.
Écrans tactiles : quand l’interface devient une nuisance pour les conducteurs
Les constructeurs automobiles ont voulu transformer l’expérience de conduite en multipliant les écrans. Résultat : une frustration massive. L’étude J.D. Power 2025 montre que les systèmes multimédias sont désormais la catégorie la plus problématique, avec 42,6 incidents pour 100 véhicules (PP100). Cela dépasse toutes les autres sources de dysfonctionnement. Même le simple bouton de boîte à gants devient virtuel, ce que beaucoup d’usagers jugent absurde.
La firme souligne que « les propriétaires sont particulièrement irrités par les commandes tactiles aux écrans qui remplacent les boutons physiques ». La recherche de menus cachés pour des fonctions aussi basiques que la climatisation ou le dégivrage génère un agacement constant. Le retour des commandes classiques devient un cri récurrent chez les conducteurs.
Voiture et commandes : ce que les automobilistes réclament clairement
Une attente domine : plus de simplicité, plus de lisibilité, moins d’écrans. Les conducteurs réclament expressément le retour de boutons physiques, jugés plus sûrs et plus intuitifs. Certains modèles imposent aujourd’hui jusqu’à trois interactions sur écran pour simplement ajuster la ventilation.
Une étude du Transport Research Laboratory (Royaume-Uni) démontre également que l’usage d’un écran tactile au volant ralentit les temps de réaction de manière comparable à l’alcool ou au cannabis. Cette donnée a joué un rôle clé dans la décision des autorités européennes d’imposer, dès juillet 2026, des commandes physiques pour certaines fonctions essentielles.
Parmi les marques les plus réactives, Volkswagen, Hyundai et Nissan amorcent déjà un virage vers des interfaces plus épurées. Et cela se traduit dans les résultats : Nissan arrive en tête des marques généralistes dans le classement J.D. Power 2025, avec un score en amélioration.
Infodivertissement : une fracture numérique dans l’habitacle
Derrière l’explosion des plaintes, se cache un paradoxe : la technologie embarquée, censée améliorer l’expérience utilisateur, devient une source d’irritation quotidienne. L’étude J.D. Power 2025 recense 192 incidents pour 100 véhicules en moyenne, un chiffre certes en légère baisse par rapport à 2024 (194), mais toujours bien supérieur à celui d’il y a cinq ans. Et les systèmes d’infodivertissement représentent près d’un quart de ces dysfonctionnements.
Même des modèles réputés comme la Porsche 911 ne sont pas épargnés par des critiques sur la lisibilité des interfaces. Le modèle reste pourtant le mieux noté de toute l’étude. Cela montre que le problème n’épargne ni les véhicules de luxe, ni les constructeurs historiques.
Enfin, les hybrides rechargeables sont les plus touchés, avec 237 problèmes pour 100 véhicules. La complexité des interfaces de recharge et des paramétrages d’autonomie accentue encore la surcharge cognitive.
Réglementation européenne : vers la fin du tout-écran ?
Le virage réglementaire est amorcé. Le ministère de la Transition écologique a confirmé dans son rapport du 19 décembre 2024 que les normes Euro NCAP exigeront, à partir de juillet 2026, la présence de boutons physiques pour les fonctions critiques : feux de détresse, dégivrage, clignotants, essuie-glaces, etc. Toute voiture qui n’intègrera pas ces éléments ne pourra plus obtenir la note maximale de sécurité.
Ce changement s’inscrit dans une volonté claire de réduire les distractions. Dans un contexte où l’automatisation et les écrans prolifèrent, l’Union européenne veut rétablir une hiérarchie des priorités fonctionnelles dans l’habitacle. Les écrans ne doivent pas supplanter l’ergonomie. Cette évolution pourrait bien sonner le glas du tout-tactile.
L’ère du tout-écran dans les véhicules semble avoir atteint un point de bascule. Si certains y voyaient l’avenir, l’expérience des conducteurs en dresse un constat sévère : trop d’écrans nuit à la conduite. Les données de J.D. Power 2025, les retours d’utilisateurs et les futures normes européennes convergent vers un objectif : recentrer la voiture sur l’essentiel, et non sur l’interface.