Le vent tourne au large de New York. Alors que l’un des projets de parc éolien offshore les plus ambitieux de la décennie prenait forme, Donald Trump a signé un décret pour le stopper net.
Énergie renouvelable : Trump stoppe net la construction d’un parc éolien près de New York
Le 17 avril 2025, l’administration Trump a brutalement suspendu la construction du parc Empire Wind 1, situé au large de New York. Ce projet éolien offshore, porté par le groupe norvégien Equinor, devait constituer un pilier de la transition énergétique américaine.
Empire Wind 1 : un projet suspendu par décret présidentiel
Le projet Empire Wind 1 devait s’implanter entre 24 et 48 kilomètres au sud-est de Long Island, dans les eaux fédérales de l’Atlantique Nord. Composé de 54 éoliennes marines, il visait une puissance installée de 810 mégawatts, suffisante pour alimenter environ 500 000 foyers à New York. Sa mise en service était prévue à l’horizon 2027. Le chantier, dont l'investissement s'élève à 2,5 milliards de dollars, avait démarré en 2024, après avoir reçu les autorisations délivrées par les autorités américaines compétentes, dont le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM).
Mais dans une déclaration datée du 17 avril 2025, le ministère de l’Intérieur, faisant suite à un décret signé par Donald Trump, a demandé au BOEM « d'interrompre immédiatement toutes les activités de construction du projet éolien Empire Wind jusqu'à ce qu'un examen plus approfondi des informations suggérant que l'administration Biden avait précipité son approbation sans qu'une analyse suffisante soit effectuée », rapporte Connaissance des Énergies.
Equinor, dans un communiqué transmis à l’AFP, a confirmé avoir reçu cette notification. « Nous allons dialoguer directement avec le BOEM et le ministère de l’Intérieur pour comprendre les questions soulevées au sujet des permis que nous avons reçus des autorités », a déclaré l’entreprise norvégienne en charge du projet Empire Wind 1, précisant qu’elle ne commenterait pas davantage tant qu’elle ne disposerait pas d’éléments supplémentaires.
Une décision cohérente avec la ligne politique du président Trump
Peu après le début de son second mandat en janvier 2025, Donald Trump avait annoncé une série de mesures encadrant plus strictement le développement de l’éolien. Parmi elles figurent un gel des nouveaux permis d’exploitation et la suspension de l’octroi de financements fédéraux pour les projets en mer comme sur terre. Le 12 janvier 2025 notamment, le locataire de la Maison-Blanche avait déclaré à ce sujet : « Nous n’allons pas faire le coup de l’éolien », ajoutant que les éoliennes étaient selon lui « laides », « bousillent le paysage » et « tuent les baleines » (BFMTV).
La suspension d’Empire Wind 1 s’inscrit par conséquent pleinement dans la politique énergétique de Donald Trump. À noter toutefois que ce décret ne remet pas en cause les projets en exploitation, ni les appels d’offres déjà conclus. En d'autres termes, il gèle temporairement les chantiers encore en cours, dans l’attente d’un réexamen des procédures d’autorisation.
Les craintes de la filière éolienne offshore américaine
L'arrêt du chantier n'a pas manqué de susciter de vives réactions de la part de plusieurs acteurs de la filière éolienne. Liz Burdock, présidente de l’Oceantic Network, dont les propos sont relayés par Zone Bourse, estime que cette décision « sape la confiance dans le marché américain de l’éolien en mer ». Ses craintes sont partagées par Hillary Bright, de l’organisation Turn Forward, qui y voit « un message d’instabilité qui risque de freiner l’investissement dans les projets futurs ».
Empire Wind 1 faisait partie des projets phares de la politique de transition énergétique menée par l’État de New York, qui s’est fixé pour objectif de couvrir 70 % de sa consommation d’électricité par des sources renouvelables d’ici 2030. Il devait dans cette optique être le premier parc éolien offshore à fournir directement la ville de New York. Outre sa contribution énergétique, le projet mobilisait plusieurs acteurs industriels, notamment la société belge DEME pour les opérations en mer. Sa réalisation était également associée à la création de plusieurs centaines d’emplois dans la région.