À partir du 1er avril 2025, les arrêts maladie prennent un virage sec. Derrière l’économie budgétaire, un glissement de responsabilités se profile. Ce qui ne changera rien pour certains… mais bien plus pour d’autres.
Arrêts maladie : qui va trinquer dès avril 2025 ?

Le mardi 1er avril 2025, la réforme entre en vigueur sans tambour ni trompette : la baisse de l’indemnisation des arrêts maladie par la Sécurité sociale devient réalité. En apparence anodine pour la majorité des salariés, cette mesure cache un déplacement de charge silencieux, mais potentiellement lourd de conséquences pour les moins bien protégés.
Un plafond abaissé pour les arrêts maladie : la Sécurité sociale se retire
À compter du 1er avril 2025, les indemnités journalières versées par l’Assurance maladie pour un arrêt maladie sont plafonnées à 1,4 SMIC, contre 1,8 SMIC auparavant. Concrètement, cela signifie que la somme maximale que vous pourrez toucher quotidiennement passe de 53,31 euros à 41,47 euros bruts. Pour beaucoup, ce n’est qu’une ligne budgétaire. Pour d'autres, c’est un mois de galère.
Le ministère du Travail justifie la réforme par une économie immédiate de 600 millions d’euros sur le budget de la Sécurité sociale. Les salariés gagnant moins de 1,4 SMIC ne verront rien changer : leurs indemnités étaient déjà inférieures à ce plafond. Mais pour ceux au-delà, la perte peut atteindre 250 euros par mois. Cependant, cette baisse ne sera pas immédiatement perceptible pour la plupart des salariés qui bénéficient d'un régime de prévoyance souscrit par leur employeur.
Arrêts maladie : la prévoyance complémentaire en bouclier (provisoire)
Ce bouclier ? C’est la prévoyance complémentaire, cette couverture que la plupart des salariés ignorent… jusqu’à ce qu’elle devienne essentielle. Elle est obligatoire pour les cadres, et couvre entre 85 à 90% des salariés non-cadres.
En clair, votre entreprise (ou votre convention collective) compensera la baisse imposée par la Sécurité sociale. Du moins, pour l’instant. Car ces régimes de prévoyance ne fonctionnent pas à fonds perdus : la facture, à terme, sera répercutée sur les cotisations. D’après les professionnels du secteur, une hausse moyenne de 2% des cotisations est à prévoir.
Précaires, intérimaires, saisonniers : les grands oubliés de la réforme
Tout le monde n’a pas droit à une prévoyance. Et c’est ici que la réforme montre les dents. Les intérimaires, travailleurs saisonniers, salariés de particuliers employeurs ou encore les contrats à durée déterminée de courte durée sont exclus de ces filets de sécurité. Pour eux, la baisse sera immédiate et brutale. Les intérimaires, les travailleurs saisonniers, salariés de particuliers employeurs ou salariés en contrat à durée déterminée de courte durée devrait être les premiers à subir cette baisse d’indemnisation. En somme, ceux qui cumulent déjà les désavantages du marché du travail – précarité, faibles droits, absence de complémentaire – sont les premiers à faire les frais d’une réforme pourtant présentée comme « technique ».
Une logique budgétaire… mais à quel prix social ?
Cette mesure n’arrive pas seule. Depuis le 1er mars 2025, les fonctionnaires voient également leur indemnisation en cas d’arrêt maladie diminuer : de 100% à 90% de leur traitement brut durant les trois premiers mois d’arrêt.
C’est donc une réforme cohérente dans sa logique budgétaire. Mais derrière la neutralité administrative, elle provoque un transfert silencieux de responsabilité vers les employeurs, les assureurs complémentaires… et les salariés eux-mêmes. Un transfert de charge vers les complémentaires s'opère donc clairement. À terme, les entreprises et les salariés devront payer plus pour préserver le même niveau de protection.
Et demain ? Quand le modèle de solidarité vacille
Aujourd’hui, la Sécurité sociale se désengage. Elle se contente de l’essentiel. La promesse d’un revenu de remplacement en cas de maladie se fragilise, remplacée par un mécanisme à étages, où la solidarité universelle cède progressivement la place à l’assurance individuelle.
Certes, tout ne changera pas le 1er avril 2025. La majorité des salariés ne ressentiront pas immédiatement la baisse. Mais la trajectoire est claire : moins d’État, plus de complémentaire, et au final, plus de charge pour ceux qui peuvent le moins assumer.