Arnaques en ligne : 1 jeune sur 3 a été piégé en 2024

Faux placements, arnaques aux crypto-actifs, usurpation d’identité de conseillers bancaires… Le paysage des escroqueries financières se complexifie, et certains publics se retrouvent en première ligne. Les jeunes, plus exposés qu’ils ne le pensent, deviennent une cible de choix pour les escrocs.

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 17 juin 2025 8h10
Arnaques en ligne : 1 jeune sur 3 a été piégé en 2024
Arnaques en ligne : 1 jeune sur 3 a été piégé en 2024 - © Economie Matin
15%15% des Français ont déjà été victimes d’une escroquerie financière

Escroqueries : la génération connectée en première ligne

C'est un chiffre qui fait froid dans le dos : 15% des Français ont déjà été victimes d’une escroquerie financière, une proportion qui grimpe à 29% chez les moins de 35 ans. Derrière ces statistiques, issues d'un sondage IFOP pour l’Autorité des marchés financiers (AMF), une réalité brutale : les jeunes sont devenus la cible privilégiée des fraudeurs, pris au piège de promesses alléchantes de gains rapides, souvent diffusées en ligne. Le rapport annuel 2024 du Médiateur de l’AMF le confirme : les arnaques évoluent, se perfectionnent, et surtout, prolifèrent. À première vue, l’idée que les jeunes seraient plus à risque face aux escroqueries financières pourrait surprendre. Nés avec un smartphone à la main, plus familiers que leurs aînés des outils numériques, ils devraient pourtant être mieux armés. Et pourtant.

Selon le sondage AMF-IFOP, près d’un jeune sur trois déclare avoir été victime d’une escroquerie financière. En cause : la promesse de rendements exceptionnels, souvent véhiculée via des publicités ciblées sur les réseaux sociaux. « 20% des jeunes affirment avoir investi dans un placement en ligne sans bien en comprendre les risques », précise le rapport. Ce que les arnaqueurs ont bien compris, c’est que le levier psychologique fonctionne à plein : la peur de « rater une opportunité », la précipitation, la confiance naïve en des canaux supposément fiables. Résultat : une génération qui croit maîtriser le digital tombe dans des pièges de plus en plus sophistiqués.

Escroqueries : quand les escrocs imitent les institutions

L’autre grande tendance mise en lumière par le rapport conjoint de l’AMF et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), c’est l’explosion des usurpations d’identité d’acteurs financiers autorisés. En 2024, 1.047 cas de ce type ont été recensés, soit une augmentation de 8,5% par rapport à 2023. Les fraudeurs vont jusqu’à se faire passer pour l’AMF ou l’ACPR elles-mêmes, abusant de leur logo ou de leur adresse électronique.

Grégoire Vuarlot, directeur du contrôle des pratiques commerciales à l’ACPR, a mis en garde lors d’une conférence de presse : « Ni les conseillers financiers ni les plates-formes de carte bleue ne vous appellent pour vous parler de problèmes de sécurité. Soyez vigilant et ne faites pas au téléphone ce que vous ne feriez pas dans la rue ». Cette stratégie d’escroquerie par téléphone, connue sous le nom de « vishing », s’est imposée face au renforcement des dispositifs d’authentification bancaire. L’ingénierie sociale prend alors le relais : manipuler, effrayer et pousser la victime à divulguer ses identifiants.

Crypto-actifs, SCPI, financement participatif : les nouvelles frontières de l’arnaque

Le rapport annuel du Médiateur de l’AMF dresse un panorama des litiges reçus en 2024. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : les dossiers liés aux crypto-actifs ont crû de 22%, même si seuls 36% étaient recevables. Derrière cette croissance, une prolifération de plateformes mal régulées, souvent hébergées à l’étranger, qui promettent des performances mirobolantes.

Autre secteur en tension : les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI). Le nombre de litiges liés à ce type de produits a bondi de 64%, nourri par des retards dans les retraits, des baisses de valeur des parts et, souvent, une information insuffisante au moment de la souscription.

Même tableau pour le financement participatif immobilier, dont les litiges ont grimpé de 88%. En ligne de mire : des projets trop complexes, des plateformes peu rigoureuses, et des investisseurs – jeunes ou non – mal informés. Le médiateur tire la sonnette d’alarme et recommande que « les documents commerciaux soient conservés par les deux parties » pour éviter toute ambiguïté.

Des réflexes de prudence encore trop absents

Ce n’est pas une question d’âge, ni de niveau d’étude. « La vulnérabilité, ça ne dépend pas du niveau d’études, ça ne dépend pas de la classe sociale, ça ne dépend pas de l’âge », rappellait Grégoire Vuarlot dans Le Parisien. Mais chez les jeunes, la combinaison d’un appétit pour le risque, d’un accès facilité aux plateformes de trading ou de cryptomonnaie et d’un manque de recul peut créer un cocktail explosif.

La solution ? D’abord, s’informer. Le site ABE Info Service, commun à l’ACPR et l’AMF, met à disposition six listes noires actualisées de plus de 9.000 entités frauduleuses. Ensuite, adopter des gestes simples : ne jamais cliquer sur des liens suspects, ne jamais donner d’informations personnelles par téléphone et consulter un tiers de confiance avant d’investir.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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