La consommation de viande en France continue de décroître. Le baromètre 2024 du Réseau action climat (RAC) et de Harris Interactive révèle que 53 % des Français ont réduit leur consommation de viande au cours des trois dernières années. Si l’inflation a accéléré cette dynamique, d’autres facteurs tels que les préoccupations sanitaires, environnementales et éthiques semblent désormais jouer un rôle déterminant. En parallèle, la recherche de produits alimentaires de meilleure qualité et issus de filières plus durables se fait de plus en plus pressante.
Moins de viande, plus de qualité : révolution silencieuse dans les assiettes
Une consommation influencée par des raisons économiques et sanitaires
Selon une récente enquête, l’augmentation des prix des viandes, qui ont explosé en 2023, a été un facteur déterminant pour 52 % de Français dans leur choix de dépenses alimentaires. Or, la consommation de viande, notamment bovine, a baissé en France en 2023, pour la première fois depuis deux décennies. Mais cette évolution n’est pas seulement conjoncturelle. « Les résultats montrent que cette tendance ne résulte pas uniquement de la hausse des prix, mais qu’elle s’inscrit dans une évolution plus large des habitudes de consommation, » analyse Benoît Granier, responsable alimentation au Réseau action climat (RAC). 53 % des Français indiquent en effet avoir réduit leur consommation de viande au cours des trois dernières années.
En plus de cette motivation économique, d’autres raisons convergent pour expliquer cette baisse, en premier lieu les préoccupations médicales : 38 % des Français réduisent leur consommation de viande pour des raisons de santé. Cette prise de conscience est soutenue par des études récentes, comme celle de l’Anses, qui a mis en évidence les risques associés à une consommation excessive de viande rouge et transformée. « La santé est un argument prioritaire pour ceux qui souhaitent réduire leur consommation de viande », indique ainsi Benoît Granier.
Les préoccupations environnementales sont une autre raison majeure de faire évoluer ses habitudes alimentaires : 35 % des Français évoquent la nécessité de limiter leur empreinte écologique comme facteur de leur baisse de consommation de viande.
Un marché en mutation : la montée en puissance des alternatives végétales
Ce changement de comportement a des conséquences directes sur l’alimentation des Français. Les légumineuses connaissent ainsi un essor considérable : 85 % des Français sont prêts à en consommer davantage pour compenser la baisse de viande dans leur alimentation. « Nous sommes face à une mutation des habitudes alimentaires. Les Français sont ouverts à consommer plus de végétal, mais dans des conditions de qualité et de durabilité, » observe Benoît Granier.
Les Français manifestent également un vif intérêt pour des produits de qualité supérieure, notamment issus de filières respectueuses de l’environnement et du bien-être animal. 79 % des sondés affirment que leur consommation pourrait encore baisser si cela leur permettait d’acheter de la viande de meilleure qualité, qui rémunérerait mieux les éleveurs et limiterait les importations. Ce mouvement vers un « moins mais mieux » s'accompagne d’un appel à la régulation des pratiques des distributeurs, avec 90 % des consommateurs réclamant plus de transparence sur l’origine de la viande dans les produits transformés.
L’État et les distributeurs sous pression pour accompagner la transition
Cette évolution des comportements alimentaires soulève également la question de l’accompagnement par les pouvoirs publics. 60 % des Français estiment ainsi que l’État n’en fait pas assez pour les soutenir dans leur démarche de manger moins de viande. « Les Français sont prêts à adopter des régimes alimentaires plus végétaux et de meilleure qualité, mais ils attendent des actions concrètes de la part des pouvoirs publics, » souligne Benoît Granier. La mise en place de politiques publiques ambitieuses pourrait permettre de lever certains freins à cette transition.
Le Réseau action climat formule ainsi une série de recommandations pour inciter à une alimentation plus durable. Parmi elles, l’encadrement des marges des produits alimentaires, particulièrement ceux issus de filières respectueuses de l’environnement, ou encore l’interdiction de la publicité ciblant les enfants pour des produits trop gras, sucrés et salés. L’introduction d’un étiquetage environnemental, à l’image du Nutri-Score, pour mieux informer les consommateurs, fait également partie des propositions avancées. « L’enjeu est de rendre cette transition accessible, à la fois en termes de prix et de qualité, tout en assurant une transparence totale des produits, » conclut Benoît Granier.
Les distributeurs et acteurs de la restauration collective sont également concernés par cette révolution silencieuse puisque de plus en plus de Français réclament des alternatives végétales savoureuses, accessibles et de qualité dans les cantines scolaires, les restaurants et dans les grandes surfaces.