Des carrières bien payées, des entreprises qui recrutent, une filière en plein boom… et pourtant, les jeunes tournent le dos à l’aéronautique. C’est un paradoxe qui coûte cher.
Industrie aéronautique : la pénurie de main d’œuvre va continuer

On aurait pu croire que l’aviation commerciale, les avions du futur ou les métiers techniques en tension allaient attirer. Que les jeunes, en quête de sens mais aussi d’opportunités, allaient regarder du côté d’un secteur qui embauche à tour de bras. Raté. L’étude de la Chaire Pégase vient de le confirmer : les jeunes ne veulent pas (ou ne pensent pas pouvoir) y mettre les pieds.
Secteur de l'aéronautique : un désamour aux lourdes conséquences
Les chiffres sont bruts, sans appel. 65 % des jeunes de 15 à 24 ans n’ont jamais envisagé une carrière dans l’aéronautique ou l’aérien, selon le rapport de la Chaire Pégase, rattachée à la MBS School of Business. Et ce, malgré une reprise fulgurante du trafic, des carnets de commandes pleins à craquer, et des dizaines de milliers de postes à pourvoir.
Le plus préoccupant ? Ce décalage menace directement la dynamique économique d’un secteur stratégique. Les entreprises manquent de personnel, surtout dans les métiers industriels comme chaudronnier, technicien composites ou stratifieur. Résultat : certains sites ralentissent, faute de bras pour suivre la cadence.
Pourquoi ce désintérêt massif ? D’abord, par méconnaissance. La moitié des jeunes ne sait pas ce que recouvrent ces professions. Ils connaissent Airbus, Air France, mais ignorent totalement les autres piliers du secteur, comme Safran, Thales ou Daher. Et surtout, ils ne savent pas que de nombreux métiers sont accessibles sans grandes écoles ni parcours d’élite.
Le constat est clair : 52 % des jeunes s’autocensurent, pensant que ces métiers sont réservés à une élite, note le rapport. Autrement dit, l’offre existe, mais elle n’atteint pas ceux qui pourraient en bénéficier. C’est une barrière psychologique, nourrie par une image poussiéreuse et une orientation scolaire souvent à côté de la plaque.
Travail, environnement, valeurs : les jeunes ne s’y retrouvent pas
Mais le fond du problème va plus loin. C’est aussi une question de valeurs. Aujourd’hui, les jeunes veulent des métiers qui offrent un bon équilibre vie pro/perso, des conditions décentes, et un engagement environnemental réel. Et là-dessus, l’aéronautique a du chemin à faire.
Seuls 41 % estiment que ces entreprises offrent de bonnes conditions de travail et 18 % les jugent respectueuses de l’environnement. En 2025, ça ne passe plus. La perception est trop négative. Peu importe les efforts du secteur, ils sont invisibles ou inaudibles. Résultat : les jeunes décrochent, convaincus qu’ils n’y trouveront ni stabilité, ni sens.
Et pourtant, les pistes pour redresser la barre existent. Le rapport propose quinze mesures concrètes, structurées autour de quatre axes. Parmi elles : intervenir dès le collège pour exposer les jeunes à ces métiers, diversifier les profils recrutés, parler aux jeunes là où ils sont, sur les réseaux, dans les quartiers, en reconversion.
Un exemple simple : un jeune qui a un proche dans le secteur est deux fois plus susceptible de s’y projeter. L’effet de proximité est énorme. Encore faut-il créer ces passerelles. Et surtout, montrer que l’aéronautique n’est pas un club fermé. Ce n’est pas réservé aux ingénieurs ni aux passionnés d’aviation. C’est aussi une filière avec des salaires solides, une vraie stabilité, et des besoins urgents. Bref, une opportunité à ne pas louper.